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  Sommaire - Films -  M - R -  MEMOIRES DE NOS PERES (Flags of our fathers)
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"MEMOIRES DE NOS PERES (Flags of our fathers)" de Clint Eastwood

 

Avec : Ryan Philippe, Adam Beach, Jesse Bradford, Paul Walker, Barry Pepper.
Distribué par Warner Bros.
132 mn.
Sortie le 25 Octobre 2006.

Note : 8/10.

Les légendes du cinéma encore vivantes deviennent rares (celle ou celui qui cite Alain Delon sort du site immédiatement). Et celles qui œuvrent encore moins. A 76 ans, Clint Eastwood laisse sans voix tout spectateur venu voir son dernier film. Déjà, il en a remontré à Hollywood avec son précédent, ce magnifique chef-d’œuvre qu’est « Million dollar baby » : certains n’y croyaient pas (ils s’en mordent encore les doigts aujourd’hui !), la boxe ne payait plus. Succès commercial sans appel (100 millions de dollars au box-office US), pluie d’Oscars dont meilleur réalisateur, second rôle pour Morgan Freeman et actrice pour Hillary Swank. Ce diable d’homme a atteint une maitrise de son art qui, à l’instar de ses collègues Spielberg & Scorcese, lui permet de signer des œuvres exemplaires magistrales et ce depuis « Impitoyable », ce western crépusculaire qui pulvérisa là-aussi quelques records. Mais en plus de ça, Eastwood a acquis une sagesse, une humanité qui transparait dans chaque minute de ses plus grands derniers films que sont « Mystic River », « Million dollar baby » et aujourd’hui « Mémoires de nos pères ». N’allez pas croire à un autre « Il faut sauver le soldat Ryan ». Car même si la bataille d’Iwo Jima est traitée avec le même réalisme que le film de Spielberg, avec en plus cette sensation de ne plus savoir où on est, qui on est, et qui nous entoure spectaculairement bien restituée dans chaque séquence de guerre, Eastwood s’intéresse aussi de très près à une image qui fit le tour du monde et dont se servit la politique américaine pour récupérer des fonds afin de relancer l’économie du pas et le financement de la guerre. Sauf que cette photo de soldats hissant sur le sommet d’une colline un drapeau américain en concerne aussi d’autres que les trois qui furent choisis pour assurer la propagande au travers du pays. Et c’est cette partie qui intéresse aussi le cinéaste, l’envers du décor, la révélation d’une semi-supercherie. Eastwood ne remet jamais en doute le courage de ces soldats qui débarquèrent à Iwo Jima, au contraire il réhabilite la mémoire et l’héroïsme de chacun d’entre eux et pas seulement du trio désigné d’après la photo pour sillonner les USA en racontant cette bataille afin de renflouer les caisses des budgets alloués à cette guerre. Avec pudeur, sensibilité, économie de moyens comme d’habitude, et une mise en scène qui force le respect tant il s’en dégage de force (la puissance de simples regards d’une mère meurtrie, les allers-retours entre tournée des vainqueurs et batailles sanglantes sur l’île, etc...), il en remontre à beaucoup sur l’art d’installer et de distiller des émotions avec seulement le jeu des acteurs (comme Barry Pepper, Ryan Philippe qui y donne sa meilleure performance d’acteur, et Adam Beach qui reprend un rôle quasiment similaire à celui qu’il tenait dans « Windtalkers »mais d’un autre côté, quand vous recevez un coup de fil où on vous propose de jouer sous la direction d’Eastwood, faudrait être fou pour refuser !), combiné aux séquences de guerre, impressionnantes par leur implacabilité. C’est la vieille école, mais entre les mains de certains, c’est simplement impressionnant. Et de faire de ce nouveau long-métrage une nouvelle référence dans le genre. Et comme pour le film de Spielberg, on ne pourra plus revoir « Iwo Jima » avec John Wayne avec la même approche qu’avant (essayez donc de revoir « Le jour le plus long » maintenant que Spielberg a réellement montré ce qu’était le débarquement, loin des morts héroïques et propres si longtemps montrées au cinéma sur ce pan de l’histoire). Et cela n’est pas définitif, puisqu’en Janvier prochain sortira en salles la même histoire, mais vue du côté japonais. Deux projets en un, fous, existants aujourd’hui car comme Eastwood l’a dit sur un de ses derniers films, il peut se permettre de bosser par passion. Et nous d’attendre patiemment cette seconde vision d’une page de l’histoire US, en leurs mémoires, au travers d’œuvres magistralement reconstituées par Clint Eastwood, une des dernières légendes vivantes du 7ème Art, exerçant son métier avec une passion encore plus grande en tous points de vue.

St. THIELLEMENT



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