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"Monster" de Patty Jenkins

Monster

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Sortie le 14 avril 2004


Réalisateur : Patty Jenkins


Avec :
Charlize Theron, Christina Ricci, Bruce Dern, Lee Tergesen


Aileen Wuernos est une prostituée au bord du suicide. Avant de se mettre une balle dans la tête, elle s’arrête dans un bar pour dépenser les derniers cinq dollars qui lui restent. Elle y fait la rencontre de Selby Wall (Christina Ricci) une jeune fille envoyée vivre par ses parents chez une tante en espérant la "guérir" de son homosexualité. La rencontre est déterminante : les deux femmes, amoureuses, prennent la fuite. Aileen Wuornos se met à la recherche d’un emploi. Peine perdue, elle devra reprendre ses activités de prostituée pour subvenir aux besoins du couple. Nous sommes en 1989.


Une nuit, confrontée à un client violent, Wuornos l’abat d’un coup de revolver. Ce sera le premier d’une série de meurtres, le seul, selon ses dires, commis en état de légitime défense. Cinq autres hommes, dont un policier, tomberont sous ses balles. Finalement arrêtée et jugée, elle sera condamnée à mort et exécutée par injection létale en 2002, à l’âge de 46 ans.


Malgré une ressemblance lointaine avec la vraie Aileen Wuornos, Charlize Theron, qui a fait carrière comme mannequin et ballerine avant de se lancer dans le cinéma, a dû se prêter à une cure spéciale pour prendre les 13 kilos qui lui manquaient. Elle a cessé tout exercice et s’est empiffrée de beignets pendant des mois.


Monster est une oeuvre saisissante mais sans surprise : on connaît le dénouement avant même d’avoir vu le film. Alors, on se régale d’interprétation de Charlize Theron, qui crève l’écran du début à la fin. Chapeau, ses Golden Globe et Oscar de meilleure actrice sont bien mérités.


Oleg Jouravlev



Mini-biographie de Aileen Wuornos

On estime qu’un assassin devient un tueur en série lorsque qu’il y a au moins trois meurtres commis et que les raisons ne sont pas la légitime défense, l’appât du gain ou s’il est commandité, ni d’un accident mais une volonté consciente ou inconsciente de stopper quelque chose de manière répétée. Si l’on parle beaucoup de mode opératoire, c’est bien parce que l’histoire se répète et que le sujet essaye de nouveau d’y mettre fin de la même manière que précédemment.

Aileen Wuornos est connue comme étant la plus célèbre tueuse en série des États-Unis. Il faut savoir qu’elle n’est ni la première ni la plus meurtrière. Sa seule particularité est la violence avec laquelle les meurtres ont été commis. En effet, les femmes utilisent majoritairement le poison, afin de faire disparaître sans bruit leurs victimes. Aileen, elle, a abattu 7 hommes avec une arme à feu.

Genèse
Déjà à la naissance, de bien mauvaises fées se sont penchées sur son berceau pour la doter de plusieurs tares. Son géniteur quitte sa très jeune mère avant sa venue au monde. Celui-ci, à peine majeur, est déjà connu comme étant violent et on le suspecte d’abus sur enfants. Sa mère, alcoolique et déphasée, confie ses deux bambins à ses parents. Le patriarche suborne la jeune Lee sans que personne n’intervienne. Victime privilégiée, elle attire à elle d’autres hommes sans scrupules. A l’âge adulte, elle n’est que haine et amertume.

Amour
Son existence errante s’affaisse peu à peu dans la prostitution et la déchéance. Alors qu’elle souhaite en finir avec la vie, elle rencontre une jeune femme égarée elle aussi : Tyria Moore. Au delà de l’homosexualité, les deux femmes vivront une relation faite d’amour et de soutien, ou le sexe n’aura pas une part fondamentale. Mais Lee n’ayant jamais pu faire confiance à quiconque et ayant une image d’elle très négative, elle n’a qu’une peur, que Ty la quitte. Pensée motivée ou non, elle vit alors dans l’angoisse de l’abandon. Elle a repris la prostitution, et alors qu’un client la viole brutalement, elle le tue. Six autres suivront. Si son crime s’apparente à un meurtre en série, restant pratique, elle n’hésite pas à les dépouiller. Si on ne peut pas affirmer qu’elle prenait plaisir à tuer, on sait qu’elle revenait heureuse de ses meurtres : elle ramenait de l’argent, pouvait gâter Tyria et faire la fête avec elle. Mais surtout, elle avait vaincu le symbole de son oppression, de sa déchéance, de son désespoir : l’homme.

Conclusion
Le jury la condamne à la peine capitale 6 fois, ne prenant en compte aucune considération : ni légitime défense, ni son état mental. L’enquête faite à la va-vite ne montrera même pas que le premier homme tué par Aileen était effectivement connu par le FBI comme violeur. Condamnée à mort par injection, elle refuse l’appel que ses avocats se proposent de faire car elle dit mériter son châtiment. Elle proclame avoir rencontré Dieu et se dit prête à le suivre dans la mort. Ty Moore, qui l’a vendue contre sa propre liberté ne l’accompagnera pas lors de ses derniers moments.

Epilogue
On peut se poser la question de savoir qui est la victime, qui est le bourreau. Si la Loi américaine reconnaît les circonstances atténuantes, l’homicide en état de démence, elle a décidé pour Aileen de ne voir qu’une succession de crimes pour obtenir une maigre pitance. Si cette condamnation répond au souhait exprimé de la coupable, d’autres plaident qu’elle ne méritait pas cette mort et qu’en l’absence de peine capitale, on aurait pu l’aider à vivre dans de meilleures conditions et, pourquoi pas, l’aider à se réinsérer. Malgré les circonstances atténuantes qui font d’elle une victime, certes, mais consciente des meurtres qu’elle a actés, il y a peu de chance que Aileen enfermée dans son enfer personnel ai pu refaire sa vie d’une manière satisfaisante pour elle et sans danger pour la communauté.

On considère que de nombreuses personnes sont des serial killers latents et qu’un stress déclencheur les révèle. Néanmoins davantage d’individus ayant ce germe larvé (maltraitance, héridité, choc profond, etc.) parviennent à décider de faire de leur vie autre chose, et y arrivent... La plus part des SK sont des victimes qui sciemment deviennent des bourreaux mais que la société (vous, moi) peux aider à ne pas se transformer en « monstre ».

Valérie REVELUT

Dernières paroles avant son éxécution :
« I’d just like to say I’m sailing with the Rock and I’ll be back like Independence Day with Jesus, june 6, like the movie big mothership and all. I’ll be back”.

Elle fait référence à la pierre centrale de l’édifice chrétien : Jésus et à son retour avec les Saints, dans les cieux.

Chronologie

19 février 1956 : naissance de Aileen Wuornos

13 décembre 1989 : première victime, Richard Mallory retrouvée sans vie

1er juin 1990 : corps de David Spears retrouvé

6 juin 1990 : corps de Charles Carskaddan retrouvé

4 juillet 1990 : la police découvre la voiture d’un dénommé Peter Siems. Si le corps n’a jamais été retrouvé, Aileen a avoué le meurtre.

4 août 1990 : découverte du cadavre de Troy Buress

12 septembre 1990 : Dick Humphreys est découvert mort

19 novembre 1990 : cadavre de Walter Antonio découvert

9 janvier 1990 : arrestation de Aileen Wuornos

14 janvier 1992 : début du procès de Richard Mallory

31 janvier 1992 : condamnation à mort

9 octobre 2002 : exécution de Aileen Wuornos



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