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  Sommaire - DVD -  S à Z -  Trois enterrements (Los tres entierros de Melquiades Estrada)
"Trois enterrements (Los tres entierros de Melquiades Estrada) "
de Tommy Lee Jones
 

Avec Tommy Lee Jones, Barry pepper, January Jones
FPE Vidéo

Qui l’aurait cru ? Qui aurait pensé que cette sacrée sale tronche de pas aimable de Tommy Lee Jones (Oscar du meilleur second rôle pour sa remarquable interprétation du Marshall Gerard dans « Le fugitif », revenu en première ligne juste avant avec « Opération Crépuscule », starifié au box-office avec « Men in black », l’exécrable « Double jeu », les bons « US Marshalls », « Traqué » de William Friedkin, bref une actuelle valeur sûre du cinéma US) un jour aurait révélé un humanisme comme on n’en découvre peu. Loin de son image, l’acteur devenu réalisateur pour le cinéma pour la première fois (il avait signé auparavant juste un téléfilm) signe avec « Trois enterrements » une œuvre d’une richesse incroyable, d’une maitrise surprenante, un pari d’autant plus osé que le scénario est casse-gueule et en même temps très lucide sur un des états les plus primaires des States, le Texas, là ou justement habite Jones...En s’associant avec le scénariste Guillermo Arriaga (auteur de l’excellent « 21 grammes ») pour exprimer au travers d’un faits divers son amour pour sa terre malgré ses tares bien profondes, Jones signe en même temps une œuvre personnelle, et un respect pour un cinéma qu’il aime. Celui d’un Sam Peckinpah, celui d’un rebelle au conformisme d’un système commercial cinématographique dont il a certes besoin pour vivre mais qu’il ne fréquente guère au-delà. Comme il le dit dans un des nombreux documents enrichissant cette édition, « Je n’ai jamais fait de soirées hollywoodiennes. ». Pour trouver son financement, il s’adresse aux producteurs étrangers et trouve en la boite de Luc Besson un accord total. A ce titre, il est dommage qu’on n’ai pas eu dans les bonus ce reportage tourné pendant le tournage où on voyait Jones anxieux à l’idée d’appeler Paris pour une rallonge financière suite à une météo exécrable qui avait fait prendre du retard au tournage, d’obtenir un « Oui, pas de problème, ce n’est pas votre faute ! » qui l’a laissé estomaqué et d’en demeurer abasourdi, et heureux, en déclamant « Ca, ce sont des producteurs qu’on n’aurait jamais eu à Hollywood ! ». L’histoire du film, c’est à la base celle d’un jeune mexicain gardien de troupeau au Texas, qui tire sur un coyote, en même temps que trois marines s’entrainent. Croyant à une agression, ils le pourchasseront et le tueront. Bien entendu, c’est le Texas, c’est l’armée, aucun procès, les gars repartent libres comme l’air. De cela, Jones en tire un scénario plus sobre où un garde-frontière, jeune, con, récemment marié, emmène sa femme vivre dans un bled du Texas. Ils louent un mobil-home, elle s’emmerde comme une rate morte, prend un amant, et rêve encore à cette époque où elle craqua pour la star du football qu’était son mari à l’université. Là, on repense à des films tels que « American boys » et « Friday night lights » sur ces tranches de vie assez pessimistes une fois passée la gloire d’un moment des éphémères... Lors d’une garde, il croit être pris pour cible et tue un mexicain qui gardait ses chèvres. Le patron de ce dernier qui s’était pris de sympathie pour lui, recherche le coupable, le kidnappe, et veut l’emmener au village natal du mexicain. Le voyage sera long, le châtiment se transformant peu à peu en leçons d’humanisme pour chacun des deux hommes, à des niveaux bien entendu différents.

Outre cet aspect du film, on ne peut qu’être impressionné par le regard de Jones sur son pays : le quotidien de certains Texans est des plus déprimants, l’avenir des plus ternes, et en même temps, jamais il ne reniera cette terre qu’il adore tant et qu’il montre si bien. Si la première partie du film est véritablement magistrale, une petite baisse se fait ressentir la de la seconde, empêchant « Trois enterrements » de prétendre au titre de chef-d’œuvre. On n’en est vraiment très proche, c’est certain. Mais rares sont les premiers films qui y arrivent. En tout cas, si Jones remet un jour le couvert, il risque d’y arriver. Pour couronner une telle œuvre, on a droit à une édition Collector digne de ce nom avec un ensemble de documentaires complémentaires et très bien fournis quant à l’intérêt qu’ils apportent au film. Même tout ce qui touche à Cannes et à l’avant-première permet de découvrir l’humilité et l’émotion d’un Tommy Lee Jones face aux réactions à l’encontre de son film. « La réaction du public constitue sans nul doute le plus grand moment de toute ma carrière », dira t’il à un moment donné. Et cerise sur le gâteau, la BO du film en troisième disque font de ce DVD une acquisition tout simplement indispensable.

Note : 9/10
DVD : 10/10 : copie excellente, format d’origine 2.35, image 16/9ème compatible 4/3 - Bonus : disc 1 : making-of ; disc 2 : documentaire sur les lieux du tournage, scènes coupées, reportages sur la présentation avant et après à Cannes 2005, interview du scénariste, making-of de la musique, scène coupée ; disc 3 : BO du film.

St. THIELLEMENT



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