La renommée de Sherlock Holmes surpasse, sans aucun doute, celle de tous les autres détectives et même celle de personnages de fiction mondialement célèbres. Le personnage a même éclipsé son créateur, car je suis persuadé que parmi tous ceux pour qui le nom d’Holmes évoque quelque chose, moins du tiers savent que c’est un certain Conan Doyle qui a imaginé les enquêtes.
Mais pourquoi une nouvelle édition de ses œuvres, pourquoi une nouvelle publication de livres qui sont déjà au catalogue, (et ne parlons que de la France) de nombreuses collections, chez différents éditeurs ? Eh bien ! Parce qu’il s’agit d’une nouvelle traduction ! Mais pourquoi une nouvelle traduction, que va-t-elle apporter de plus ? L’ancienne n’est-elle pas correcte ?
Et non ! Nombre de « traductions » effectuées entre les deux guerres, et dans les années 50, ne sont pas littérales. Il faut parler plutôt d’adaptation. En effet, elles sont tronquées, édulcorées, retravaillées selon un politique éditoriale en lien étroit avec la société de l’époque. Il fallait, par exemple, gommer le ton de femme libérée d’Agatha Christie, le côté austère des enquêtes de R. Stout en rajoutant de l’humour, minimiser la trop grande violence des livres de M. Spillane, etc.
Les œuvres de Conan Doyle ont subi un traitement similaire. Il ne faut pas oublier que lorsque Holmes et Watson débutent leurs premières aventures, ils ont la trentaine. Ce sont des « gaillards ». Watson n’est pas encore un papy ventripotent tel qu’on le voit trop souvent. De plus, il faut reprendre la lecture dans la chronologie, car l’évolution de l’auteur influe obligatoirement sur celle de ses héros.
C’est donc à cette tâche indispensable que s’attache Omnibus en proposant un premier tome en édition bilingue : la page de gauche présente le texte original, la page de droite la nouvelle traduction. Les sceptiques ont ainsi les moyens de vérifier la concordance et la cohérence des deux textes. Pour les autres, c’est une redécouverte de Sherlock Holmes, de la qualité des écrits, qualité qui justifie pleinement sa renommée.
Ce premier tome, (qui sera suivi de deux autres) comprend : Une Étude en rouge, Le Signe des Quatre, Les Aventures et une partie des Mémoires de Sherlock Holmes. Les nouvelles sont proposées dans l’ordre chronologique de leur parution dans Strand Magazine. De plus, pour confirmer les propos quant au physique des héros, l’édition reprend les illustrations de Sidney Paget, parues avec les éditions originales dans le magazine.
Un « collector » indispensable à tout amateur d’enquêtes policières hors normes.
Serge Perraud
Les Aventures de Sherlock Holmes - Volume 1, Arthur Conan Doyle, Omnibus, septembre 2005, 1102 pages, 23,50 €