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"Excession"
Iain Banks

Editeur :
Le Livre de Poche (12 juin 2002) - Le livre de poche
 

"Excession"
Iain Banks



Excession


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Excession est le quatrième roman du Cycle de la Culture, monde imaginaire créé il y a dix ans par Banks, auteur écossais habitant la région d’Edimbourg, qui a écrit bien plus que ce qui a été traduit en France et qui a une bonne réputation en Grande-Bretagne. Sans gouvernement central, la Culture est une société galactique qui se consacre à la recherche du plaisir. Humains, drones, extraterrestres et intelligences artificielles cohabitent sur de nombreuses planètes, orbitales, habitats et vaisseaux gigantesques dans cette civilisation interstellaire, puissante et riche de milliards d’êtres vivants. La Culture est contrôlée par les Mentaux, qui dominent ces machines et constituent la personnalité des vaisseaux ou des drones.


Loin dans l’espace interstellaire vient de surgir un objet mystérieux, ce qu’on appelle une Excession, un artefact d’origine inconnue. Il voyage entre les innombrables univers distincts qui constituent le “ multivers ” en paraissant défier les lois de la physique. Imperméable à tout contact, cette apparition, promesse ou menace, contraint les Mentaux des vaisseaux à s’organiser face à ce qui peut présenter un danger redoutable pour l’avenir de la Culture, et même de l’univers connu. Les opposants à la Culture sont intéressés par l’excession et complotent sur fond d’histoire d’amour.


Il en résulte malheureusement trop d’intrigues croisées, mettant en scène une vingtaine de personnages, et le récit devient vite fort complexe. Le lecteur se perd entre les non-humains, les vaisseaux ou les drones, qui ont des appellations farfelues, dans le décor de la Culture si varié et si riche que, sans notes, il devient difficile de s’y retrouver. De nombreuses scènes se juxtaposent, intéressantes et pittoresques par elles-mêmes, mais les liens entre elles n’apparaissent que trop lentement, dans une action qui paraît piétiner en s’éparpillant dans diverses directions. Les digressions, tractations, discussions et descriptions sont intéressantes, mais ne font pas beaucoup avancer le récit. Il faut des centaines de pages avec plusieurs débats parfois longs entre les mentaux des grands vaisseaux avant que l’intrigue amoureuse prenne le dessus, permettant enfin une identification trop attendue. Seul un passionné de l’intelligence artificielle (à noter la bonne préface de Gérard Klein consacrée exhaustivement à ce sujet) n’est pas tenté de sauter des pages... On se demande par moments si l’auteur n’est pas dépassé par l’ampleur de son entreprise. Notons la place de l’humour dans le récit : particulièrement, les noms des vaisseaux de la Culture sont pittoresques et les réflexions sarcastiques des robots ou des Mentaux, irrésistibles.


En conclusion, un roman long, bien écrit, à la lecture exigeante, racontée avec des détours et de façon retorse, qui ajoute de nouveaux éléments à l’édifice de la Culture plus qu’une lecture distractive. Les passionnés prétendent que ce cycle est remarquable en nous proposant un univers comparable à ceux de Dune d’Herbert, de Les Seigneurs de l’instrumentalité de Smith ou de L’Empire d’Asimov. Il est certain que le monde de la Culture est passionnant par sa vision laïque d’une société qui pratique l’hédonisme et la tolérance, respecte les libertés, se montre hostile aux conflits et aux guerres. Mais cela peut-il constituer l’essentiel d’un roman ? Pour ceux qui connaissent le monde de la Culture, le roman s’impose. Pour le lecteur qui ne le connaîtrait pas, mieux vaut commencer par L’Homme des jeux.


Excession, Iain M. Banks. Livre de Poche Science-Fiction. Traduction : Jérôme Martin. 636 p.


Roland Ernould





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