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  Sommaire - Livres -  A - F -  Électrons libres
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"Électrons libres "
James Flint

Editeur :
Au diable vauvert
 

"Électrons libres "
James Flint



9/10

James Flint, à trente-huit ans, a déjà derrière lui une carrière éclectique : journaliste, musicien, romancier... Habitus, son premier roman, publié en France en 2002, offre une relecture du monde contemporain de la télévision et de l’informatique, dans le cadre d’une aventure initiatique. Douce Apocalypse, un recueil de nouvelles décapantes a suivi en 2005.

Le thème d’Électrons libres peut se concevoir à deux niveaux : le premier et le plus évident, à la lecture du livre, concerne l’atome et son emploi. Le second se rattache à l’expression d’une liberté, à un sentiment d’individualisme cultivé par certains individus qui ne veulent pas intégrer une société, une classe sociale, un groupe. Et l’auteur joue avec ces deux acceptions du terme en nous faisant suivre le voyage initiatique, non de l’adolescent habituel, mais d’un « adulte ».

Cooper James est anglais. Il travaille à la base américaine de Featherbrooks, comme programmeur. Le secret et la suspicion étant de mises dans ce complexe militaire, les rapports avec ses collègues sont réduits. Seule Liz semble lui prêter attention.
Alors qu’il vient de grelotter sous la pluie glaciale pendant un exercice d’alerte, il est convoqué par le chef du Bureau de la Sécurité qui l’interroge sur la provenance d’une boite à café qui lui est destinée et qui contient une poudre grise. En pleine paranoïa « post-septembresque », avec la crainte de l’anthrax, on lui demande quelle organisation porte le sigle DCD car, sur le fond de la boite, au marqueur, est écrit : REEVER jack, DCD. Or, Jack Reever est son père. Aucune indication de l’expéditeur des cendres !
Cooper, qui est timoré, introverti, entre alors dans une phase de déstabilisation totale, jusqu’au moment où, ayant perdu son travail, il doit aller de l’avant et décide de suivre les traces de son père. Ce père qu’il a peu connu, car il avait abandonné mère et fils depuis vingt ans. Son seul repère est Boston, lieu d’expédition de la boite.

James Flint nous emmène, à la suite de son antihéros, dans des pérégrinations à travers les USA, nous faisant découvrir une autre face de ce pays, loin de l’image officielle télévisuelle que les dirigeants s’appliquent à vouloir promouvoir. Nous faisons connaissance, à travers une galerie de personnages hauts en couleur, d’une Amérique profonde, de la vie quotidienne de ses habitants. Mais, est-ce la réalité ou une vision déformée par le regard de la muse du romancier ?
Électrons libres est un roman passionnant de bout en bout, qui se laisse lire avec beaucoup de plaisir, car il offre découverte, vision novatrice d’un monde dit nouveau, qui cultive cependant des idées fort intégristes, pour ne pas dire passéistes.
Le récit est agrémenté de photos appuyant l’intrigue et lui donnant véracité.
L’auteur s’appuie, pour le portrait de Jack Reever, sur la vie du sculpteur James L. Acord, qui a tenté de faire des œuvres d’art à partir de déchets nucléaires.
C’est un livre labyrinthique où l’auteur brasse nombre de genres et en propose une étrange synthèse traitée avec une plume alerte.

Un travail en profondeur sur une documentation vaste et solide, donne la cohérence et la crédibilité pour faire de ce livre une histoire magnifique, contée avec beaucoup d’humour et de recul sur les types de société que l’auteur relate.

C’est aussi une fable ou une longue parabole pour défendre l’idée qu’il ne faut pas se contenter de croire, mais qu’il faut chercher à savoir, quitte à perdre son temps, voire sa liberté.

Serge Perraud

Électrons libres, James Flint, traduit de l’anglais par Alfred Boudry, Éditions Au diable vauvert, décembre 2005, 550 pages, 24 €





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