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  Sommaire - Films -  G - L -  Hostel
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"Hostel" de Eli Roth

 

Scénario & Réal. : Eli Roth
Avec : Jay Hernandez, Derek Richardson, Barbara Nedeljàkovà, Eythor Gudjonsson.
Distribué par Gaumont Columbia TriStar Films.
95 mn.
Sortie le 1er Mars 2006.
Note : 6/10.

Il y a parfois des carrières fulgurantes. Prenez Eli Roth, fan pur et dur d’horreur et d’épouvante (au moins, là-dessus, ce n’est pas du pipeau, je le confirme), qui débute avec un petit film de genre, « Cabin fever », qui se taille un sacré joli petit succès dans le monde grâce aussi à une accroche publicitaire signée Peter Jackson qui avait vu le film en Nouvelle-Zelande, l’avait bien aimé, et avait autorisé les producteurs à le citer. Y’a pas à dire, ça aide (Peter Jackson dirait que SF MAG est la meilleure revue du monde, et les autres n’existeraient quasiment plus !). Au final, « Cabin fever » était loin d’être réussi, mélange bancal de genres, très opportuniste aussi. 4 ans plus tard, Roth revient et ce coup-ci, son parrain n’est autre que Quentin Tarantino qui produit le film avec les potes d’Eli, Boaz Yakin (scénariste de « La relève » de et avec Eastwood, réalisateur d’un épatant petit polar, « Fresh », et du mélo sportif « Le plus beau des combats ») et Scott Spiegel (co-scénariste de « Evil dead », « La relève », réalisateur de « Une nuit en enfer 2 » produit par Tarantino !). Gros succès au box-office pour ce qui se veut et se dit et se vend comme un petit film d’horreur sérieux, trash, gore et j’en passe alors qu’en fait, Eli Roth n’a signé qu’un spectacle de Grand-Guignol réactualisé aux goûts du jour. Largement mieux que « Cabin fever », certes, mais question horreur tétanisant, attendez de voir le remake de « La colline a des yeux » par Alexandre « Haute tension » Aja, et vous reverrez « Hostel » en rigolant !
Deux étudiants américains et un finlandais sillonnent l’Europe de l’est pour une dernière virée de délires avant d’attaquer la vie active et tout ce que cela suppose (dans leurs petites têtes) de morosité et de conformisme. Cherchant essentiellement la partie de jambes en l’air facile, ils échouent sur les conseils d’une rencontre dans une auberge de jeunesse (aka « Hostel ») où de jeunes et jolies slaves les entraînent dans une soirée bien arrosée et très chaude. Mais au réveil, c’est le cauchemar : attaché sur une chaise, dénudé, et torturé par un bourreau occasionnel, un brave père de famille dont l’argent lui permet d’assouvir ses instincts les plus vils, chacun va souffrir souhaitant le plus rapidement possible une délivrance mortelle qui tarde à arriver.
Bon, un prologue très « American pie en Europe », et au bout de 45 minutes, on plonge dans le vif du sujet. Vraiment ? Non, car l’horreur tant annoncée se révèle assez cachée, au point de ne pas être aussi dérangeante qu’annoncée. Roth est un roublard de première, il vend plus que ce qu’il propose et chaque séquence est ainsi amorcée dans l’horreur pour finir directement par sa conclusion, et au milieu, rien ! Il faut rappeler que c’est un film d’horreur qui se veut malsain, et au vu des personnes torturant, bien sur elles dans le quotidien mais complètement barbares une fois enfermées dans la cellule avec leur proie, l’effet souhaité, à savoir l’horreur de constater le plaisir que peuvent ressentir ces esprits dérangés, n’est jamais là. On se trouve donc bel et bien en face d’un nouveau spectacle de Grand-Guignol qui de ce fait empêche l’implication du spectateur dans cette réalité cauchemardesque. De plus, certains effets gores sont tellement exagérés qu’ils perdent en puissance et basculent eux aussi dans une dimension plus cinématographique, comme celle de ces séries Z nippones à l’extrême si énorme que cela en devient ridicule. Donc, pour cela, « Hostel » n’est pas l’abomination tant décriée dans certains magazines dont le genre n’est pas la tasse de thé (les avertissements du style « on vous aura prévenu, hein ! » foutent la honte au péquin auteur de ces lignes, Casimir a du l’effrayer dans sa jeunesse !). Cependant, Eli Roth signe tout de même un film largement plus abouti et maîtrisé que « Cabin fever ». Son regard capture justement la description d’une Europe de l’Est qui n’est en rien primitive ni péjorative (tout cela aurait pu se passer ailleurs mais pour les Américains, ailleurs c’est l’inconnu d’où encore plus de peur si c’est hors de chez eux !), au contraire, elle nous rappelle que pas très loin de chez nous (et ça, ça vaut aussi pour les ricains), l’horreur avant d’être absolue peut résider dans des enfants livrés à eux-mêmes pour survivre, à une économie si critique où même l’homme devient un simple jouet utilisable jusqu’à sa destruction. Si le restant avait été aussi terrifiant dans son propos sérieux, alors « Hostel » aurait été un des plus grands films d’horreur de son temps. Et même si la conclusion se veut implacable (il paraît qu’elle était pire, initialement... Mmouais, on verra ça sur le DVD !), elle ne rattrape pas le demi-échec d’un film dont son auteur a vraiment du mal à mettre de côté ses facilités définitivement roublardes et intéressées.

St. THIELLEMENT

Un autre avis

"Méfiez vous de la publicité" c’est ce que l’on retient de ce film médiocre et sans intérêt.
A grand renfort d’affiches et invité par Tarantino lui-même le spectateur vient voir ce film en espérant à défaut d’être surpris au moins de prendre du plaisir devant un film interdit au moins de 16 ans.
On se demande pendant la première heure du film si on ne s’est pas trompé de scéance puisque les seules scènes interdites aux moins de 16 ans ne sont pas des massacres ou des meurtres horribles mais des jeunes filles de l’Est dévêtues en plein ébats sexuels. Sur le plan cinématographique les séquences sont sans intérêt et du point de vue de l’histoire, même chose.
Parlons justement du scénario. Trois jeunes, deux Américains et un Islandais, se sont liés d’amitié au cours des leur tour d’Europe qui se résume à la drogue et au sexe, de la culture ils ne retiennent que la première syllabe.
Appâtés par des photos pornographiques, ils décident d’aller dans un hôtel dans lequel les filles sont belles et faciles, le tout situé en Slovaquie. La-bàs, les promesses sexuelles sont évidemment remplies mais peu à peu les touristes disparaissent.
Quand les scènes d’orgies sont terminées, on découvre des scènes de tortures, certes bien faites, mais sans aucun intérêt non plus ni aucune originalité. Le concept du film s’abrite derrière la ficelle simple du "des riches tordus payent pour tuer et torturer".
Au final, on s’ennuie tout le long. Le film bénéficie certes d’une très belle photographie mais le scénario maigre, sans originalité ne relève pas le tout et les acteurs sont tellement peu convaincus et convainquants que le spectateur s’endort ou sort de la salle avant la fin.

David Lapetina

Et encore un autre avis :

Cabin Fever et Hostel sont très différents.Cabin Fever était drôle et brouillon,Hostel se prend plus au sérieux,mais n’arrive jamais là où il souhaite nous emmener.D’abord c’est long à démarrer,Roth pose le décor,il est vrai froid et flippant de Bratislava,mais on suit pendant 3/4 d’heure 3 jeunes mâles chauffés à blanc dans le calbut qui cherchent à tout prix des nanas faciles...Tout se met en place pour une chute soudaine et le début d’un cauchemar qui,malheureusement,ne dure que 30 petites minutes de rien du tout après ces looooongues 45 minutes de beuveries et de boîtes de nuit.Roth rentre alors enfin dans son sujet,celui de la torture offerte à de riches déglingués.On pense à Saw,sans jamais en ressentir le malaise.Seules les images flash de salles de tortures déjà occupées par quelques bouchers et de pauvres victimes rassasient l’oeil et l’imaginaire quelques instants.A voir pour la dernière demie-heure.Top scène ridicule : le suicide sur le quai de la gare sur la fin du film...

Karine Vallée



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