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Sommaire - Interviews -  Johnny Depp


"Johnny Depp" de


Finalement, on l’oublie assez souvent, Johnny Depp a décroché son premier succès d’acteur dans la peau d’un flic. D’accord, c’était un ado infiltré dans un lycée, c’était pour 21 Jump Street (ah... cette coiffure) et c’était pour la télévision, mais courser les vilains, ça vous marque une carrière. Alors, après s’être frotté à un cavalier sans tête tout droit sorti d’un monde de sortilèges, le monsieur de madame Vanessa Paradis s’attaque à un vrai tueur avec cette fois non seulement son attirail de policier victorien, mais aussi une bonne dose de parapsychologie. En face de lui, pas de la petite bière ou de l’assassin de seconde zone. Non, face à l’Inspecteur Abberline : Jack L’Éventreur.


From Hell est l’adaptation d’une graphic novel (un roman graphique, plus qu’une simple BD, mais “moins” qu’un roman, ce type d’expression picturale/littéraire se place entre le comics et le roman chez les Anglo-Saxons) d’Alan Moore et le matériel de base n’était pas totalement inconnu aux yeux de Johnny Depp. “Je connaissais, en partie seulement, la graphic novel. Je savais que la première publication s’était faite par épisodes, exactement comme les romans de Charles Dickens. Et j’avais lu, de-ci de-là, un épisode en passant. Mais lorsque j’ai reçu la somme, je suis resté abasourdi par la qualité du travail. J’étais également impressionné par les recherches nécessaires pour accumuler autant de détails sur cette affaire. Cela ressemblait autant à une intrigue policière qu’à la solution d’un problème de maths particulièrement compliqué.”. La présence des frères Hughes aux postes de metteurs en scène est également pour quelque chose dans le choix de Depp, pour un rôle qui finalement se rapproche de celui qu’il interprétait dans Sleepy Hollow. “J’admire les frères Hughes depuis un certain temps. J’aime leur intégrité. Après Menace II Society, les producteurs hollywoodiens leur ont proposé un éventail de projets impressionnants. Mais ils ont tout repoussé et préféré attendre que quelque chose leur plaise vraiment. Ils n’avaient pas envie de se retrouver avec une étiquette sur le dos. Et puis, leur vision de cette histoire est intéressante, avec la différence des classes, la théorie du complot... Ils racontent cette histoire avec une telle passion...”.


La passion, la mort, un siècle finissant et un tueur sans visage, il est vrai que Jack l’Éventreur ressemble à s’y méprendre à une icône d’aujourd’hui. Une idée que partage Depp. “Je crois que ce qui fascine chez Jack l’Éventreur, c’est ce côté tueur sans visage, ce grand point d’interrogation qui recouvre son identité aujourd’hui encore. Jack fut le premier tueur en série à fasciner toute une société, tout un monde. En cela, il est le précurseur du vingtième siècle dans son ensemble. Dans le film, l’Éventreur le dit d’ailleurs clairement : “un jour, les hommes diront que j’ai donné naissance au XXe siècle.”.


Face au tueur de prostituées, dans un Whitechapel plus vrai que nature récréé à Prague, Depp incarne l’inspecteur Abberline, un personnage trouble, doté de talents parapsychiques. Un inspecteur de police qui n’est pas sans rappeler un certain détective privé torturé par les démons de la drogue et né sous la plume d’Arthur Conan Doyle. Depp s’en explique : “J’ai lu pas mal de documents qui racontent que certains officiers de police admettent se battre contre l’alcoolisme ou les drogues parce que leur travail les met en face d’une telle horreur, leur procure une telle pression, qu’ils ne savent parfois plus très bien où ils en sont. J’ai donc trouvé intéressant d’utiliser ce genre de failles chez Abberline, dans le Londres victorien. J’imagine qu’à l’époque il pouvait consommer de l’alcool, de l’absinthe, du laudanum, de l’opium aussi. Je me suis aussi inspiré d’un grand auteur et metteur en scène... Bruce Robinson. Il a réalisé Withnail and I, un classique du cinéma anglais. Ce type est mystérieux, sombre, et j’ai utilisé certains de ses traits de caractère pour Abberline. Pour moi... Abberline se déplace moins vite que les autres. Je crois qu’Abberline était simplement dans un état d’ébriété plus ou moins avancé toute la sainte journée.”


Les recherches c’est une chose, mais vivre dans un décor totalement reconstitué fut également pour l’équipe du film une véritable aubaine.


“Incroyable, confirme Depp. Les frères Hughes m’avaient parlé des décors, de ce Londres reconstitué, mais je n’aurais jamais imaginé ça. C’était tout simplement incroyable. Une demi-douzaine de pâtés de maisons londoniennes étaient à notre disposition pour le tournage. Un véritable luxe qui aide un acteur à se glisser dans la peau de son personnage. Un vrai voyage dans le temps.”




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