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Franz Kafka, journaliste à New York, gagne sa vie en travaillant au courrier du cœur. Mais sitôt rentré chez lui, il descend dans sa cave et devient le Choucas, justicier de la nuit. Pour échapper à la menace nazie, Anne Frank s’est réfugiée en Amérique. Suite au décès accidentel de Judy Garland, elle hérite du rôle de Dorothy dans Le Magicien d’Oz, et tient son journal intime, un témoignage désabusé sur la vie à Hollywood. Jack Kerouac, William Burroughs et le physicien Von Neumann tracent la route, chargés à l’alcool et à l’herbe, pour assister au premier essai de la bombe à hydrogène. Saint-Exupéry fuit l’Occident ravagé par un maxi Ebola pour rebâtir la civilisation en Afrique. Robert Heinlein, président des États-Unis, cherche à détruire la base nazie implantée sur la lune. Philip K. Dick, époux de Linda Ronstadt, dépérit dans la quincaillerie de son beau-père et se méfie des canards à mémoire intégrée. Et si ça ne vous suffit pas, reste encore en magasin la Troisième Guerre mondiale de 1965, un vaste plan concocté par la revue Astounding pour transformer le monde, et la preuve que Star Trek suivi de la sortie en 1979 d’un film classée X, Close Encounter of the StarWars Kind, de George Lucas et Steven Spielberg, a définitivement flingué la science-fiction.


On connaissait de Paul Di Filippo La Trilogie steampunk (J’ai Lu). En neuf nouvelles et une parodie d’essai, l’auteur nous dévoile l’incroyable variété de son talent. Imagination débridée, écriture pastichant à merveille chaque auteur détourné (avec une double mention spéciale pour Kafka affrontant le Scarabé Noir sur les toits de Manhattan et pour la nouvelle beatnik écrite en collaboration avec Rudy Rucker), le tout au service de récits uchroniques ultra référencés qui sont autant de bijoux. Traduction remarquable. Époustouflant.


Pages perdues, Paul Di Filippo, J’ai Lu. Traduction : Monique et Hugues Lebailly, 250 p.


Xavier Mauméjean