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Le talent de raconter des histoires peut-il jaillir de nulle part ? C’est une question que l’on peut se poser en lisant les trois contes de Philippe Dumont réunis dans ce premier recueil. En effet, en creusant un peu, on apprend rapidement que le sieur Dumont en est à sa première arme, qu’il ne possède pas une culture littéraire encyclopédique et qu’il s’est mis à l’écriture presque... “comme ça, pour voir”. Étonnant donc pour le lecteur de se retrouver face à des textes certes pas originaux, mais qui présente une solide charpente, un indéniable sens du rythme et surtout ce côté “réel” qui rappelle certains auteurs de polars/fantastique des années cinquante. N’allez pas en déduire pour autant que les textes de Philippe Dumont sont sortis de la naphtaline et qu’il sente la poussière et la moisissure. Si moisissure il y a, c’est bien celle de l’âme humaine, qui, au fil de ces trois contes, nous est souvent présenté sous un jour sombre, voire abject, mais toujours avec une petite touche d’humour et de dérisions qui nous renvoient à une certaine forme de fatalisme amusé, reflet de la réalité de la vie quotidienne.


De la succube, à la veuve noire punie pas une incarnation d’arachnide étonnante en passant par les manipulations les plus diverses, Dumont s’amuse de thèmes connus, mais leur donne une patine classique, sans pour autant verser dans le suranné et le vieillot. Un exercice d’équilibriste qu’il réussit pour le plus grand bonheur des amateurs d’histoires simples, solides et envoûtantes.


La Danse du Fou, Philippe Dumont, Éditions Naturellement, 146 p.


Christophe Corthouts