Publié en 2003 par Penguin Group, sous le titre Golden Buddha, ce roman ,co-écrit, décrit les aventures d’un ensemble de nouveaux personnages autour de Juan Rodriguez Cabrillo et de l’Oregon, son « vieux cargo rouillé ».
Ceux qui suivent les romans de Clive Cussler se rappelleront que le personnage et son organisation sont apparus auprès de Dirk Pitt dans Raz de Marée. C’est à cette occasion, d’ailleurs, qu’il a perdu une jambe dans une bataille navale contre un destroyer chinois.
Juan Cabrillo est le Président du Conseil d’administration de la Corporation, une structure qu’il a créée et qui regroupe des scientifiques, des techniciens, tous de haut niveau et très compétents dans leur domaine. Ils sont mercenaires, ...mais choisissent leur cause.
L’Oregon, extérieurement, ressemble : « plus à une épave qu’à un cargo en service ». Mais intérieurement, il est équipé de toutes les nouveautés techniques et technologiques et possède les fameux moteurs magnétohydrodynamiques, si chers à Cussler, moteurs révolutionnaires au rendement impressionnant.
Comme dans tous ses livres, l’auteur fonde son intrigue sur un fait historique. Ici, il reprend la fuite du Dalaï Lama devant l’envahisseur chinois en 1959. Depuis son lieu d’exil, le Guide suprême n’a cessé d’œuvrer pour la libération de son pays, le Tibet. Aidé par la CIA, il tente, en 2005, un retour. (Un autre tic d’écriture de l’auteur consiste à déporter son intrigue dans un futur proche) Or, il lui faut la statue en or de Bouddha, statue qu’il a emmenée en exil et qui a disparu lors d’un transfert pour une exposition. Cette œuvre unique, qui pèse trois cents kilos d’or et de pierres précieuses, réapparaît dans une vente aux enchères. Elle est acquise par Spencer, un transactionnaire en œuvres d’art pour un magnat de Macao.
Cabrillo et son équipe, après avoir délivré des opposants cubains des bas-fonds de la prison de Santiago, sont recrutés par la CIA avec pour mission : « voler une œuvre d’art d’une valeur inestimable, aider un chef spirituel à reconquérir le pouvoir et rendre la liberté à une nation. » Pas moins ! Spencer, qui veut finir sa carrière « en beauté », a fait confectionner une copie du Bouddah et la revend à un nouveau riche de l’informatique. La Corporation doit récupérer la bonne statue, celle qui, dans un compartiment secret, contient un élément indispensable au Dalaï Lama.
Commence alors une multitude d’actions, de rebondissements et coups de théâtre, avec une débauche de moyens sophistiqués, de matériels de pointe. On assiste ainsi à l’intervention d’une foultitude de personnages, la mise en place d’un flot d’opérations qui se croisent, s’entremêlent à un rythme si trépidant qu’on perd facilement le fil, pour peu que des circonstances nous amènent à interrompre la lecture, ne fût-ce que quelques heures ! C’est un roman à ne pas lâcher, non qu’il fasse appel à des concepts ardus à manier, mais par la superposition de tant d’acteurs et d’agissements. L’intrigue devient presque secondaire face à cette déferlante d’opérations toutes plus sophistiqués les une que les autres. L’équipe ne recule devant rien. Les intervenants se déguisent avec facilité, (Ils ont même un atelier complet pour cela !) ont accès à tous les fichiers informatiques et les pillent, se substituent aux autorités, à la police, etc. Une telle vague de mouvement efface la tension et le côté dramatique des situations. En fait, on ne tremble plus pour les acteurs du drame. Ils sont tellement puissants... rien ne peut leur arriver !
Cependant subsiste un côté fantastique, car nombre de situations sont rocambolesques. Ainsi, une œuvre d’art telle que le Bouddha, que l’on sait volée, peut-elle être vendue, en toute légalité aux enchères !
Cussler, avec ce roman d’action perd le côté attachant, humain de ses personnages précédents. Même si ceux-ci étaient capables de prouesses peu communes, ils restaient identifiables.
Cela dit, la lecture de Bouddha est agréable et permet de passer un moment plaisant de dépaysement
Serge Perraud
Bouddha, Clive Cussler et Craig Dirgo, Grasset coll. Thriller, octobre 2005, 412 pages, 19,90 €