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Vingt-sept ans après la parution de The Forever War (La Guerre éternelle, 1976 pour la trad. fr.), ouvrage salué par la critique, Joe Haldeman revient sur les formes extrêmes d’aliénation engendrées par l’état de guerre et la relativité temporelle. Le premier roman, véritable exutoire écrit concernant l’expérience traumatisante du conflit vietnamien, dénonçait l’absurdité du combat et l’endoctrinement militaire. Haldeman s’inscrit, avec R. Heinlein (Étoiles, garde-à-vous !), O.S. Card (La Stratégie Ender) et P.F. Hamilton (le cycle de L’Aube de la Nuit) dans un mouvement décrivant la guerre future, et la technologie au service du corps du soldat. Il fut suivi par La Paix éternelle qui n’est pas une suite de La Guerre éternelle mais le prolongement de sa réflexion sur l’usage des armes. Avec La Liberté éternelle, on retrouve William Mandella, héros de la campagne meurtrière d’Aleph-zéro où fut établi le premier contact avec les Taurans, ainsi que Marygay Potter, devenue sa femme. Installée sur la planète arctique Majeur, qui ne laisse aucune équivoque sur l’interprétation de son nom,, une partie de la communauté des vétérans lutte contre l’entité Homme, conscience unique partagée par des milliards de clones, et projette de s’emparer d’un vaisseau pour s’échapper de la dictature soft d’Homme et de leurs alliés Taurans. Si l’opération est un succès et que le voyage salvateur débute enfin, l’évaporation de l’antimatière du système de propulsion conduit l’équipage aux navettes de secours pour un retour forcé sur Majeur. La stupeur est à son comble lorsque Mandella découvre que la population de la planète, comme celle de la Terre, s’est volatilisée ! Sans dévoiler une fin inattendue, Haldeman a donné à son roman une orientation métaphysique et religieuse. On ne retrouvera donc pas l’atmosphère stressante du combat ni les doutes de Mandella qui avaient séduit dans La Guerre éternelle. Et si, comme Haldeman le pense, notre galaxie n’était qu’un vaste laboratoire expérimental ?
La liberté éternelle, Joe Haldeman, J’ai Lu, coll. Millénaires, 270 p., traduction de François Vidonne.
A. Marcinkowski