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  Sommaire - Films -  G - L -  Les Frères Grimm
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"Les Frères Grimm" de Terry Gilliam

 

La critique d’Andrée Cormier ci-dessous et ensuite celle de Françoise Toquet, dernier avis, puis celui de Valérie Revelut.

Sortie en France : 05 Octobre 2005
Avec Matt Damon, Heath Ledger, Monica Bellucci
31/2 sur 5

Le nom des frères Grimm ne vous rappelle-t-il rien ? Allons, cherchez bien.... Je vais vous aider : Lorsque nous étions enfants et que nos parents, pour nous endormir, nous lisaient « Cendrillon », « Le petit Chaperon Rouge » ou « Hans et Gretel » .. Ces héros de contes de fées sortaient tout droit de l’imagination débordante des frères Grimm, bien sûr ! !
Aujourd’hui, sur un scénario de Ehren Kruger (Skeleton key, the Ring) et dans une extravaganza délirante, nos conteurs sont devenus, eux mêmes, les héros du nouveau film de Terry Gilliam (Monty Python, Brazil, Time Bandits, Fisher King) et des tas de qualificatifs me viennent à l’esprit : délicieux, amusant mais aussi complètement « loufoque » et magique dans un genre qui n’est pas sans rappeler les « Monty Python »... Le fantastique et la fantaisie sont bien là et son originalité est indéniable...
Will - pour Wilhelm - (Matt Damon) est un séducteur cynique et réaliste qui ne croit pas du tout en la magie tandis que son frère Jake - pour Jacob - (Heath Ledger) est un gentil et doux rêveur qui croit que la vie est elle même un conte de fées vécu jour après jour tel qu’il l’écrit dans son journal (15 ans auparavant n’a-t-il pas vendu la seule vache appartenant à sa famille contre une poignée de haricots magiques !) : Absolument rien de commun entre les deux frères Grimm excepté une seule chose ; Ils désirent gagner beaucoup d’argent sans avoir à travailler !
Tablant sur les superstitions populaires ils voyagent beaucoup de villes en villages pour proposer leurs services contre bourses pleines bien sûr :

Aucune malédiction que nous ne puissions conjurer
Aucun sortilège que nous ne puissions rompre
Aucun Démon que nous ne puissions vaincre
tel est leur credo.
Lorsque l’histoire commence nous sommes en pleine période Napoléonienne, l’Allemagne est occupée par l’armée Française et Will et Jake viennent d’arriver dans une petite ville allemande oú les habitants sont persuadés qu’un sort (mauvais) leur a été jeté par une sorcière qu’ils ont noyée quelques jours plus tôt. En échange d’un sac d’or bien rempli ils demandent aux célèbres frères Grimm de les débarrasser de ce mauvais sort....
Et sous les yeux ébahis d’un pauvre villageois trop crédule, ils « assainissent » la ville de l’esprit malin d’une sorcière qui n’a existé que dans l’esprit de ces pauvres gens et qui se révèle, après coup et lorsqu’ils sont seuls, être l’un de leurs « assistants » de comédie !
Peu reluisant me direz-vous d’exploiter ainsi les superstitions du peuple ! Oui, mais Oh combien lucratif... A ce petit jeu, toutefois, le retour de bâton n’est pas loin et il s’appelle « Général Delatombe » (Jonathan Pryce) et l’armée Française !
Démasqués et arrêtés sur les ordres du Général, nos deux « escrocs » doivent être pendus ... à moins que... et le général leur propose un marché qu’ils vont s’empresser d’accepter ; Au village de Marbaden, non loin de la, plusieurs enfants ( 9 gamines pour être exact) ont disparu et l’émoi est à son comble ! Jamais la forêt enchantée qui est à proximité ne s’était retournée contre les villageois. Ce ne peut être que la présence des français qui en est à l’origine... Sentant venir une révolte le général les charge donc de retrouver les enfants et de faire tout ce qui est nécessaire pour que cette forêt ne soit plus une menace !
Et c’est ainsi que nos deux frères, guidés par la jeune bûcheronne Angelika (Lena Headey) et surveillés par Cavaldi (Peter Stormare) l’homme de mains du général, entrent dans une forêt oú vivent les arbres et les loups garous et oú dort d’un sommeil éternel la reine au miroir (Monica Bellucci). Croyez moi, Cette foret hantée est impressionnante de réalisme.
Je ne vous raconterai pas ce qu’il advient de nos héros sachez seulement que nous allons retrouver beaucoup des personnages et monstres créés par les frères Grimm (même la grenouille à qui l’on donne un baiser et qui vous indique le chemin est là) dans une aventure oú réalité et fantaisie se mêlent et oú les effets spéciaux nous font frissonner.
Comme dans tous ses films, Gilliam a un très grand sens du visuel et du spectacle et quel que soit celui de ses films que vous regardiez ils sont si riches en détails que vous en avez « plein les yeux » : en cela, « Brothers Grimm » ne déroge pas à la règle, Gilliam utilisant pour filmer des lentilles sphériques qui donnent ainsi une immense profondeur de champ et une énorme largeur dans l’espace on le remarque particulièrement dans nombre de séquences telles celle de la ferme au début du métrage.
Tourné en partie en décors naturels en Tchécoslovaquie, le film est servi par des acteurs au talent incontestable et Damon et Ledger sont fascinants en frères Grimm parfois romantiques héros, parfois clowns ; à un moment magiciens et à un autre menteurs et charlatans, un temps braves et un temps fous de peur mais toujours attachants (et avec un accent Anglais à couper au couteau !)...
Peter Stormare est absolument grand-guignolesque et Pryce en général français sadique nous prouve une fois de plus son talent. Mais, la cerise sur le gâteau si je peux dire, c’est bien Monica Bellucci en reine démoniaque à la recherche de l’immortalité depuis 500 ans : Elle est si belle qu’on dirait une madonne de Raphaël...
Il est certain que « Brothers Grimm » n’est pas particulièrement destiné aux enfant c’est plus un conte pour adultes car certaines scènes sont violentes ou effrayantes mais, en un temps oú nous sommes inondés par les remakes et les énièmes suites de films il est rafraîchissant de voir un métrage dont les images semblent tout droit sorties d’un livre d’enfant, c’est une bouffée d’air frais que nous respirons enfin et c’est bon de voir l’imagination revenir en force même si parfois l’outrance crève l’écran.

Andrée Cormier

La critique de Françoise Toquet

Remercions Terry Gilliam (Brazil, L’armée des douze singes, Fisher King) , de nous avoir fait redécouvrir avec « Les frères Grimm », les contes de notre enfance.

Féerie, magie, humour, tous ces qualificatifs conviennent à ce film époustouflant par la qualité de l’enchaînement de l’action, qui n’en finit pas de nous émerveiller, captiver et étonner dès les premières minutes et ce jusqu’à la fin.

Dans cette histoire, voici deux frères au caractère diamétralement opposé : Will (Matt Damon) charmeur, beau parleur, et Jack (Heath Ledger) rêveur qui vit dans son monde fait de contes de fées et dans sa quête de l’amour ultime.
Parfois complices, parfois radicalement opposés, tous deux vont profiter de la crédulité des gens des campagnes. De villages en villages, ils vont les débarrasser des maléfices qui pèsent sur eux contre une bourse pleine d’or. C’est leur manière de gagner leur vie : nul n’est parfait.
Mais ces maléfices orchestrés à l’aide de complices vont bientôt se révéler tout ce qu’il y a de plus réel.

L’action se situe en Allemagne occupée par les troupes napoléoniennes : démasqués et arrêtés ils risquent d’être exécutés.... A moins que....
Neuf petites filles ont été enlevées les unes après les autres dans un hameau. : arrêter à tout prix cette malédiction, c’est le « deal » que va leur proposer le général français Delatombe (Jonathan Pryce) homme puissant et cruel, mais à l’accent à « mourir de rire » secondé par Cavaldi (Peter Stormare) personnage louche venu d’Italie parfois drôle mais pouvant être très méchant.
Pour cela ils vont être aidés et guidés dans la forêt par Angelika (Lena Headey), jeune chasseuse rejetée par les villageois car trop « libérée » pour son temps. Rôle aussi physique pour Léna Headey puisqu’elle monte à cheval et tire à l’arc.
Elle ne sera pas du tout impressionnée par les deux frères trop sûrs d’eux mais qui tous deux tomberont sous son charme.
D’une grâce et d’une beauté éblouissante, Monica Belluci est parfaite en reine maléfique prête à tout pour conserver sa beauté éternellement.

Au cours de leurs aventures Will et Jack vont rencontrer des hommes politiques aussi ridicules que dangereux, des animaux fabuleux, des sorcières effrayantes, et découvrir que la forêt lugubre renferme un terrible secret.

Quelques scènes de frayeur mais toujours présentées sous la forme des légendes germaniques, avec tout au long du film des « clins d’œil » aux héros des contes des frères Grimm : Le petit chaperon rouge, la belle au bois dormant, le petit poucet, tout droit sortis du folklore de la vieille Allemagne.

C’est à Prague et dans la campagne tchécoslovaque que le film a été tourné.
Un bravo au décorateur Guy Dyas (X-Men2) qui a su créer un village et une forêt authentiques dans l’univers fantastique des frères Grimm avec des arbres tous effrayants et bizarres mais proches du naturel.
Aussi bravo à Kent Houston dont les effets visuels sont extraordinaires.
Tout deux ainsi que Terry Gilliam par le travail de l’éclairage et de la caméra ont créé une « vraie fausse » forêt avec des plans en profondeur et en relief qui ne sont pas sans rappeler les images des livres de contes pour enfants.

Le fin mot de cette histoire : relisez un livre de contes pour enfants et vous saurez............enfin presque

« Les frères Grimm » est un film pour adultes désirant retrouver la féerie des contes de son enfance, mais aussi ressentir des émotions et des frayeurs, car y a-t-il une frontière entre le réel et l’imaginaire de chacun.

Françoise Toquet

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La critique de Valérie Revelut

Qui n’a pas rêvé de voir retranscrite la vie forcément passionnante des frères Grimm, conteurs merveilleux qui ont collecté récits et légendes dans leur pérégrinations au sein des divers régions germaniques qui formaient une unité linguistique mais pas gouvernementale.

Le merveilleux n’était pourtant pas le but principal des deux frangins, mais l’unification des différents peuples. Ils sont notamment à la base d’un dictionnaire d’allemand, encore et toujours utilisé. En quelques sortes journalistes de leur époque, de nombreux psychologues, historiens ou sociologues se sont penchés sur leurs écrits pour y voir des complexes freudiens, ou le rapport de crimes en série jamais élucidés donc magiques pour la famille des victimes, ou simplement la peur inhérente de ces périodes dures (famines) et troublées (guerres).

Pour l’histoire, Terry Gilliam avec son scénariste Ehren Kruger, les a dotés d’un côté marabout-vendeur de rites de désenvoutement un peu trop actuel pour se fondre entièrement dans le décor. Les deux hommes naviguent dans la Germanie occupée par les Français en gagnant leur vie au détriment des crédules. Démasqués par le gouverneur Delatombe (le bien-nommé), celui-ci les oblige à enquêter sur ce qu’il suppose être un autre arracheur de dupes. En effet, de nombreuses fillettes ont disparu alors qu’elles se promenaient dans la forêt de Marbaden. Sur place, il s’avère qu’il n’y a pas de trucs, malgré les efforts forcenés pour chacun des partis de trouver les rails et autres contrepoids qui expliqueraient si rationnellement les phénomènes surnaturels qui se déroulent sous leurs yeux.

L’envoyé de la France qui supervise l’expédition, l’Italien Cavaldi (génialement interprété par le Suédois Peter Stormare que l’on a déjà vu dans Minority Report ou Constantine), est immonde, sadique et veule à souhait. La petite troupe de bras cassés oblige une jeune villageoise, Angelika, à les conduire dans l’antre de la forêt pour dénicher le loup, la sorcière, l’ogre dévoreur d’enfants. Leur trouvaille sera plus qu’à la hauteur des rêves du plus jeunes des frères, Jacob (Heath Ledger) qui, candidement, croit au magique. Will (Matt Damon), dont le bon sens et la gouaille les ont déjà sorti de situations périlleuses, se voit fort dépourvu quand la nuit fut venue.

Tous les contes de nos enfances sont ici distillés de manière à nous faire comprendre que les frères Grimm se sont servis de détails collectés un peu partout pour ensuite construire leurs histoires. C’est pourtant faux, et le film le prouve lui même car Cavaldi, l’Italien non-croyant, voit ressortir toutes ses peurs ancestrales face à la sorcière, et aide la fratrie avec le rappel des contes de chez lui, qui sont, en fait, universels. De plus si Terry Gilliam fait montre d’une grande connaissance de l’époque, il tombe dans les pièges les plus vils tel la chaussure de vair qui n’est pas en verre mais en fourrure faite d’inclusions de différentes couleurs(même racine latine pour vair et varié). Beaucoup d’anachronismes, un mépris anti-européen assez marqué, les langues utilisées en dépit du bon sens (dans la VO, les Allemands parlent avec l’accent anglais et les Français qui parlent comme un bovidé espagnol se permettent de se moquer de la langue de Goethe, sic !), quelques ficelles grossières qui colorisent l’histoire à l’américaine confirment les pressions que Gilliam a reçues de la part des producteurs hollywoodiens.

Pourtant, son esprit est là et l’ironie tamponne le pellicule à force égale avec le grotesque, l’humour et le lyrisme. Les plans sont magnifiques et tout n’est pas dû à la beauté de la Tchéquie. Les éclairages feraient rougir Rubens, les décors et les costumes sont du même tonneau, excellents. Les acteurs (dont Damon, Ledger, Jonathan Pryce, Monica Belluci, etc.) sont bons et se prêtent à tous les jeux du réalisateur. Le public est d’ailleurs d’accord et rit, vibre, réagit à l’unisson.

Un grand film qui sait se faire pardonner les défauts qui ne prennent de l’importance qu’auprès des pisse-froids. Soyez malin et laissez vous emporter par cette chronique allemande, américanisée mais où l’humour (et l’accent) anglais transpire autant que les épais fridolins (petite pique destinée à nos frères-ennemis héréditaires, buveurs de bière).

Valérie Revelut



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