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  Sommaire - Livres -  A - F -  The Davinci Code
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"The Davinci Code"
Dan Brown

Editeur :
Pocket
 

"The Davinci Code"
Dan Brown



Pocket - 750 pages
Verdict : 6 / 10

Le DaVinci Code constitue indéniablement le plus gros succès de librairie de ces dernières années. Un best seller inattendu qui compte de millions de fans, lesquels sont mêmes prêts à partir sur les traces des héros romanesques pour revivre cette quête initiatique à la poursuite du plus grand secret de l’humanité.

Est-ce pour autant un chef d’œuvre littéraire ? Certes pas. Le roman est, tout d’abord, fort mal écrit. Le style est, au mieux, tout juste correct et au pire carrément relâché. Pourtant, examinons les points positifs qui en rendent la lecture agréable :

  il s’agit d’un thriller feuilletonesque, aux rebondissements nombreux. Même si Dan Brown n’est pas un grand écrivain il retrouve certaines qualités parfois oubliées : un sens du rythme et du mystère qui, en fait, donne au lecteur l’envie de connaître la suite de l’énigme développée. Ce n’est pas toujours très fin (incohérences et invraisemblances nombreuses) mais cela fonctionne bien.

  le sujet est attrayant, mélange de polar, de théologie, de mystère et d’aventures échevelées. Le tout est enrobé de descriptions d’œuvres artistiques, de théories ésotériques, de codes complexes et obscurs, donnant à l’ouvrage un coté documenté et captivant, même si les assertions de Brown sont souvent fausses ou partiales (voir ci-dessous).

Pourquoi ne s’agit il donc que d’une demi réussite...au mieux ?

Tout simplement parce que le bouquin est trop long et que le mystère se dilue rapidement. A mi-course Brown nous a déjà tout expliqué, ou presque, et le coté énigme s’efface au profit d’une course / chasse au trésor nettement plus traditionnelle et moins passionnantes. Demeure pourtant un ou deux twists assez imprévisibles pour relancer l’intérêt déclinant lors des 100 dernières pages.
Autre point qui entame sérieusement l’intérêt de ce Code : l’aspect historique est fabriqué, trituré, "partialisé" pour cadrer uniquement avec le point de vue de l’auteur. Le roman, qui s’attaque de front à certain des dogmes les plus importants de la religion chrétienne, le fait sans la moindre subtilité et Brown n’hésite pas à travestir les faits pour ployer l’histoire à sa vision. Est-ce que le roman est anti-catholique ? Oui, sans doute. En tout cas anti-Eglise.
Mais Brown n’invente rien, toutes personnes un tant soit peu familières avec l’ésotérisme sait très bien que les théories avancées ne sont pas neuves. En fait, Brown s’est contenté d’empiler une suite d’hypothèses disparates et de les faire tenir entre elles avec un ciment concocté par ses soins. Un ciment relativement convaincant à la lecture (quoique certains passages soient peu crédibles) mais qui ne tient pas vraiment selon les spécialistes. Un peu gênant lorsqu’on affirme se baser sur des textes et des arguments authentiques et vérifiés.
Parmi les inventions de Dan Brown celle du Prieuré de Sion est sans doute la plus énorme puisqu’il n’existe aucune preuve de son existence historique (oui mais si c’est une société secrète, c’est normal, bla bla bla...) En fait l’écrivain se base apparemment sur des ouvrages antérieurs qui n’ont malheureusement aucune base scientifique. Et sa liste des grands Maîtres (de DeVinci à Cocteau est purement fantaisistes).
A l’histoire de cette soi-disant société secrète, Brown ajoute des éléments longuement ressassés par les férus d’ésotérismes : le mariage de Jésus et Marie-Madeleine, la descendance du Christ, le trésor des Templiers, l’évangile selon Marie-Madeleine, le culte de Mithra supplanté par celui de Jésus pour des raisons purement politiques, les textes apocryphes, le Graal, etc.
Que l’on y croit ou pas n’a finalement pas beaucoup d’importance. L’intérêt de Brown (le flair ?) est d’avoir mélangé tous ces éléments en un ensemble plus ou moins cohérent qui se tient durant la lecture.
Hélas, Brown a dénaturé, falsifié et trafiqué ses sources, quitte à puiser dans d’autres ouvrages tout aussi sujet à caution, et sa manière d’abuser le lecteur se retourne finalement contre-lui. Après coup on comprend que l’on a été manipulé et sans aucune subtilité. Un peu gênant.
Faut-il donc lire ce bouquin ? Pourquoi pas, si on cherche un divertissement agréable et facile qui sait procurer un certain délassement. Il peut encourager la recherche et l’étude des traditions historiques théologies, ésotériques et historiques européennes, ce qui n’est déjà pas si mal. Confessons également que l’on ne s’ennuie pas (ou peu) durant ces 750 pages. Dommage que le fond soit aussi trompeur et, finalement, de peu d’intérêt.
Le DaVinci Code est, au final, une baudruche pop-corn qui se dégonfle rapidement mais on peut toujours y trouver un certain plaisir, sur la plage ou dans un train.





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