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  Sommaire - DVD -  A - F -  Alexandre (édition Collector 2 DVD)
"Alexandre (édition Collector 2 DVD)"
de Colin Farrell, Angelina Jolie
Image : 10/10
Son : 7/10
Interactivité : 5/10
Film : 2/10

Un autre avis sur le film par Andrée Cormier en cliquant

Alors qu’on en est à toujours attendre en vain un collector de l’Excalibur de Borman, et que le director’s cut du 13 eme Guerrier semble s’être égaré dans la basse cour des rush perdus, voilà qu’on nous assène ce pénible enfant gâté fringué comme un mannequin rescapé d’une obscure revue de mode et qui plus est coiffé d’un risible scalpe à la mort moi le noeud qui ferait peur à Tina Turner. Il est scandaleux qu’un aussi grand réalisateur se soit à ce point fourvoyé dans cette production sans âme, aux angles de caméra qui rappellent les traumatisantes prises de vues du scientologique "Terre Champs de bataille". Un véritable lavage de cerveau pour atrophiés du bulbe. Non pas que cet Alexandre ne soit pas assez guerrier, justifiant ainsi une hypothétique optique élitiste prônée par certains critiques pour parler d’un ("grand film") mais plutôt qu’il manque à susciter l’interêt et la reflexion sur le pouvoir. On nous présente finalement cet "Alexandre" comme un enfant gâté à la coupable homosexualité alors que cette homosexualité supposée ou plutôt bisexualité serait mieux passée si elle avait été banalisée, comme pour la faire accepter comme chose normale, une norme parmi d’autres. Non, au lieu de ça on a un affligeant ballet singeant un grand homme mais aussi un homme qui savait méditer ses erreurs. Au final nous n’avons pas un seul instant l’impression de découvrir la vie d’un Empereur épris d’égalité mais une espèce de névrosé dont les tendances psychopathes et les moeurs sont décriées comme des symptômes et non des us et goûts qui ne concernaient finalement que sa vie privée. Dommage ! Car en nous montrant un Alexandre sans véritables interdits, entier et total, on aurait peut-être pu voir combien il était en accord avec lui-même et le monde (s’il avait été traité comme Gladiator, ce film aurait été un grand film, non pas au point de vue des scènes guerrières mais au point de vue du pathos, ce dont est entièrement dépourvu ce flm ennuyeux au possible) . Au lieu de ça, Stone nous filme un enfant gâté, aproximatif et crétin, amoureux de sa maman et suffisant au possible. Alexandre un hystérique aux tendances tyranniques et suicidaires ??? Il aurait mieux valu nuancer la chose et ne pas sombrer dans la caricature vulgaire et nihiliste. On a l’impression plutôt de voir un film sous la forme d’une vaste leçon de morale, comme si les spectateurs ne savaient pas faire la différence entre le réel et la fiction (mais c’est fort possible finalement en voyant ce film) . Après tout, un film n’est là que pour montrer non pas un exemple de la bonne vie mais un moment de cinéma qui magnifie un personnage historique tout en n’oubliant pas l’aspect moral et politique. A trop vouloir se montrer pédagogique ce film devient une farce douteuse et un vrai crime de lèse majesté pour le cinéma et les fans de Stone. On se saurait plutôt attendu à des éexcès comme Stone nous l’a montré jadis. Au lieu de cela nous avons un film consensuel, suffisant et échouant totalement dans sa leçon de soi-disant morale. Si bien que même les us et coutumes, la sexualité ne passent plus que comme des tares voir des vices qui faussent le jugement d’un homme qui devait probablement en avoir plus que d’autres. Enfin, prendre ses conquêtes comme un banal processus qui expliquerait son échec est une altération de tout un esprit propre à l’époque d’Alexandre. Ses propres soldats qui à la fin du film en ont marre de faire la guerre ???? On croirait voir un stupide réquisitoire contre la guerre. C’était amplement justifié pour Platoon, totalement erroné pour ce film qui aurait mérité une caméra plus nerveuse comme celle de Milius. Mais Milius s’étant reconverti dans l’élevage de biques en Tunisie nous devons supporter ce navet idéologique qui du coup justifie la guerre et invalide toute opinion fondée contre elle. Faire d’Alexandre un simple enfant trop couvé par sa mère est fort discutable puisque d’autres sources historiques (et fort nombreuses) le décrivent comme un homme posé et beaucoup plus méditatif que ça. Les scènes de batailles sont ratées et les dialogues consternants. Comme si les acteurs revenaient de boîte de nuit ou d’une indigestion au mac do du coin. Il en découle que cet "Alexandre" est un film sans âme qui manque totalement à saisir l’esprit d’une époque. Sans lyrisme ni recul, ce film est une insulte au genre et aurait mieux fait de finir en simple documentaire à rallonge pour une chaîne du cable. Et que dire des "chevauchées" hautement comiques souvent relevées chez Farrell par un certain nombre de spectateurs, si ce n’est qu’en montant comme le sergent Garcia de la série Zorro, battant des jambes comme des jambons tenus au bout d’une ficelle il a ainsi fini d’achever la bête. Stone aurait dû se souvenir de Conan le Barbare et ne pas oublier qu’il n’était pas devant les pages blanches d’une machine à écrire, mais face à une histoire qui avait besoin de plus d’ampleur, de plus de lyrisme pour tenter de faire actionner la machine didactique. On pourra donc en conclure après la vision de ce navet qu’on vient de subir le plus mauvais film sur un personnage historique jamais réalisé, échouant dans toute prétention au film d’action comme au film d’auteur.

Et où est Aristote dans tout cela ???? C’est un volet important de la vie d’Alexandre qui aurait mérité plus de profondeur. Au lieu de ça on a l’impression de voir un gosse de riche confiné sur son siège à Harvard et dont le prof lui donne toujours raison, même s’il se prend la pige par ses copains et lance des reflexions aussi pertinentes que les reflexions d’une Paris Hilton. Aristote et Alexandre auraient mérité mieux que cette modernisation de cours pour bourgeois suffisants. A vouloir trop les crédibiliser, à trop vouloir leur ôter leur aura mythique, Stone en a fait des marionnettes sans âme, aussi valables que des marques de grande surface. En cela Stone s’est montré entièrement conforme à l’esprit de notre époque consumériste et standarisée au possible. Ce film est une imposture typique d’une société libérale ayant fait de son passé la même farce que son présent. Un relativisme absolu sur un personnage historique serait-il la marque d’un relativisme absolu sur nos normes et valeurs ??? A méditer...
Un film que je ne reverrai jamais, et bonne chance aux amateurs de "burger hilarant".......
Côté interactivité, comme il est de coutume pour ces gros bonbons sirupeux bourrés de fric et de vide, les pistes sonores et la qualité des images sont plutôt bien mises en valeur et les bonus généralement généreux.
Désolé pour les amateurs de DTS mais cette édition en est dépourvue. Au lieu de cela nous avons deux superbes pistes 5.1 (448 kbps) de toute beauté. La musique de Vangelis prend ici toute sa dimension, remarquablement répartie entre les cinq canaux et le caisson de basse de tout Home cinéma, offrant ainsi aux scènes de batailles un souffle à la hauteur (?) de l’histoire contée. Les avants quand à eux serviront des scènes de dialogues qui bien qu’un peu atténués n’en demeure pas moi conséquents. Dommage que la piste DTS ne soit pas là pour faire l’unanimité.
Comme d’habitude, il vaut mieux s’en tenir à la version originale, ne serait ce que pour vraiment apprécier toute l’ampleur du jeu des acteurs qui arrivent tout de même malgré les lourdeurs du scénario à produire un semblant de texture pour cette histoire par trop décousue. Un reproche tout de même, les brusque montées des dialogues, avec ces explosions de colères et des emportements qui donnent parfois plus l’impression d’écouter une bande de soldats hystériques que de véritables acteurs faisant montre de leur art avec passion.
Côté images, le rendu est vraiment parfait. On se met à rêver ce qu’aurait pu donner le même travail sur un film comme Excalibur qui mériterait vraiment une remasterisation. La définition est optimale et confère à chaque plan ou séquence un relief et une couleur qui octroie un plus de réalisme aux images malheureusement si mal utilisées par le réalisateur qui confond souvent paysages de carte postale et véritable plan pour un film historique dynamique. La bataille de Gaugamèle est en cela significative du rendu de l’image et touche à la perfection.
poussière, sang, sueur semblant faire de ce spectacle une espèce de Salammbo avant l’heure. mais c’était sans compter sur les approximations "scénaristiques" et les plans ratés des caméras de Stone qui font retomber le tout dans une espèce de maelström confus où les amateurs ne se retrouvent plus tellement au final, du moins ceux qui auront préféré la dynamique d’un "Gladiator" ou le bruitage parfait d’un "Braveheart". Les jaunes et bleus touchent au sublime et la palette chromatique fait des miracle pour un film qu’on eût souhaité mieux monté, moins bâclé surtout sur la fin où la confusion l’emporte sur l’authenticité historique, une profession de foi pour laquelle Stone s’était fait l’apôtre modeste et malheureusement fort médiocre. Dommage que Stone n’ait pas opté pour plus de dynamisme et moins de cafouillage il en aurait gagné en véracité et en clarté.....
L’espace du second disque consacré à l’interactivité déçoit par contre, peut-être parce que le réalisateur n’avait rien d’autres à inclure à part un document emprunté au National Geographic, un making-off de 79 minutes mais somme toute assez limité, des interviews très basiques et un livret collector des plus classique. Une faiblesse pour un collector se revendiquant comme un plus sur une entreprise humaine fédérant des centaines de personnes, même si le résultat final sur grand écran en aura déçu plus d’un...

Emmannuel Collot



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