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  Sommaire - Films -  G - L -  Kingdom of Heaven
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"Kingdom of Heaven " de Ridley Scott

 

Avec Orlando Bloom, Eva Green, Liam Neeson, Edward Norton
Distribué par 20th Century Fox.
Sortie le 4 Mai 2005. 145 mn. Note : 6/10.

Le nouveau Ridley Scott. Celui qui depuis l’immense succès (mérité) de « Gladiator » a retrouvé les bonnes grâces du box-office avec « La chute du faucon noir » (excellent film de guerre, qui aurait amplement mérité l’Oscar de la mise en scène que décrocha finalement un Ron Howard bien inférieur, puisque c’était pour « Un homme d’exception »), « Hannibal » (on s’attendait à pire, il s’en est bien sorti...), et un film plus personnel, « Les associés », revient au grand spectacle avec ce qui est lancé comme étant du niveau de « Gladiator ». Alors, certes, le sujet est très ambitieux mais le scénario tout en étant plutôt bon reste en deçà de son épopée antique. Soyons clairs : « Kingdom of Heaven » n’est pas « Gladiator 2 ». Déjà, il lui manqué un certain souffle...
Au temps des Croisades, un jeune forgeron français, Balian, voit arriver un chevalier dans son village. Veuf depuis peu, Balian reste insensible à la révélation qu’il lui a faite à savoir qu’il est le fils de Godefroy D’Ibelin, seigneur et Croisé, aux ordres du roi de Jerusalem. Pourtant, les évènements le forcent à le rejoindre. Attaqués, les Croisés arrivent cependant à mettre en échec les assaillants. Mais Godefroy est mortellement blessé. Il lègue à son fils son titre, lui demandant de se rendre à Jerusalem et de se mettre au service du roi. Balian accepte et ainsi commencera son incroyable destin, lié à Jerusalem, aux Croisés, aux Templiers et aux Infidèles, des croyances diverses au sein desquelles se découvrent les hommes oeuvrant pour le bien des peuples et ceux dont la cruauté n’a pas de limites. Au milieu de ces conflits et guerres, Balian deviendra un Chevalier dont l’histoire retiendra son nom.
S’appuyant en partie sur des faits historiques, « Kingdom of Heaven » ne se veut pas un grand spectacle de bruit et de fureur causés par les guerres de religion, mais bel et bien un témoignage de ce qu’étaient les Chevaliers des Croisades. Pour cela, Scott et son scénariste William Monahan utilisent notre époque et ses maux de société liés aux religions, au fanatisme et à la xénophobie pour les appliquer au temps des Croisades. Mais de manière bien contemporaine, pas à celle d’un Paul Verhoeven dont le grand projet sur les Croisades, écrit par Walon Green (« La horde sauvage », « le convoi de la peur », des exemples magistraux de quelqu’un qui connaît bien la nature humaine..) avec Schwarzenegger aurait donné un film certes aussi nimbé de considérations actuelles mais conscient de l’époque où il se situe, et où les grandes valeurs n’étaient pas aussi propres et évidentes que dans le film de Scott. Là est le principal défaut de son film. Compensé heureusement par d’autres qualités, scénaristiques comme celle de Balian se fiant plus aux hommes qu’à la religion, techniques comme ces séquences assez épiques, dont le point culminant est l’attaque finale de Jerusalem. Mais quand on voit comment le film est lancé, comment son casting est loin d’être parfait (limite caricatural avec les méchants Templiers incarnés par un Brendan Gleeson qui nous rejoue son rôle du frère d’Agamemnon dans « Troie »), le tout mené par un Orlando bloom qui s’en sort certes bien sans pour autant porter le film sur ses épaules comme un Russel Crowe le fit en son temps avec « Gladiator ». Alors que Liam Neeson, dans un rôle très court, y arrive sans problème. De tout cela, de ces déceptions, de ces points de vue modernes mis à l’époque, de ces batailles rares mais suffisantes pour ne pas empiéter sur l’histoire première du film, de certains personnages plus marquants que d’autres (Edward Norton en roi lépreux de Jerusalem, Liam Neeson, David Thewlis), d’une mise en scène tout de même impressionnante au vu du sujet sans pour autant être majestueuse, « Kingdom of Heaven » en sort hybride, achevé et inachevé, trop civilisé et pas assez inhumain et barbare. Cela aurait pu être pire, bien sûr, mais au vu des qualités du film, on se dit qu’on aurait pu avoir encore mieux.

Stéphane Thiellement



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