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  Sommaire - DVD -  S à Z -  Victim
"Victim"
de Ringo Lam

Avec Tony Leung Ka-Fai, Lau Ching-Wan
Pathé Vidéo

Initialisée par Jean-Pierre Dionnet, une nouvelle collection vient de voir le jour : Asian Star, comme son nom l’indique, regroupera chaque mois une petite dizaine de titres. Bon, bien sûr, il y a de tout là-dedans, mais dans chaque moisson, on peut y découvrir au moins un petit bijou, voir un chef d’œuvre. C’est le cas de Victim de Ringo Lam. Ringo Lam, c’est un des meilleurs cinéastes Hong-Kongais, réputé pour ses réalisations sèches et extrêmement violentes. On lui doit la série des « on fire » dont s’est inspiré Tarantino pour ses films à savoir City on fire, School on fire et Prison on fire, des titres qui seront prochainement édités chez Asian Films. Plus près de nous (les « on fire » datent quand même d’une bonne dizaine d’années), il y a l’excellent Full alert, et 3 Van Damme : le plutôt bon Risque maximum, et surtout deux fleurons de la filmographie du belge capricieux (suite à sa venue lors du récent Festival de Cognac) à savoir Replicant et le crépusculaire In hell.
Curieusement, l’alchimie fonctionne bien entre ces deux-là alors que Lam est réputé pour être un véritable psychopathe sur ses tournages. Découvrir aujourd’hui Victim confirme le talent de ce cinéaste définitivement pas comme les autres.
Un informaticien est kidnappé. La police le retrouve suspendu par les pieds mais vivant dans une maison réputée hantée. En menant l’enquête, un inspecteur découvre que cela cache en fait quelque chose de bien plus grave qui s’achèvera dans un bain de sang et dans un cimetière.
On sent très vite que Victim fut mis en chantier en plein succès des Ring & Co, à savoir des films d’horreur asiatiques. Tout le début flirte bel et bien avec le genre, ne serait-ce que par cette inquiétante demeure qui vit le massacre d’une famille par un mari devenu fou. Mais on ne changera pas Ringo Lam. Lui qui avoue ne croire en rien sinon en sa famille qui l’aide à demeurer « sain d’esprit » n’a cure d’une histoire de fantômes. Très vite, il fait dévier son récit vers le polar noir et torturé, une histoire où personne n’est épargné et où chacun révèle ses instincts les plus bas et primaires. Par moments, il met une touche de fantastique dans un plan, histoire de donner à Victim une tonalité un peu différente mais qui ne trompe pas quand on arrive au bout de l’histoire. La violence est cruelle et implacable car dans le monde de Ringo Lam, il ne peut en être autrement. Et en fin de compte, on découvre en Victim un impressionnant portrait de personnages prisonniers d’actes meurtriers qui ne peuvent laisser personne intact. Le film se transforme alors peu à peu en une œuvre sombre, pessimiste, voir nihiliste, parfaitement maîtrisée par un Ringo Lam qui signe ici un de ses chef d’œuvre. Même si l’ultime image met un bémol à ce verdict. En même temps, les bonus montrent une sélection de scènes commentées (chose rare, très rare !) par Lam, une sorte de résumé de son film. Il explique alors cette scène finale, ce qui du coup s’accepte mieux. En même temps, on s’aperçoit qu’un résumé de scènes commentées par un réalisateur est une initiative que beaucoup devraient appliquer. Car qui regarde entièrement un film commenté, hein ? On zappe souvent d’une scène à une autre, soyons honnêtes ! En tout cas, concernant Victim, le privilège d’avoir pour la première fois Lam s’expliquant sur un de ses films, qui plus est un de ses meilleurs, est un bonus conséquent pour une édition DVD indispensable d’un chef d’œuvre méconnu du cinéma asiatique.

Note : film : 10/10 DVD : 7/10 (copie excellente, format 1.77 image 16/9ème compatible 4/3, vostf)
Bonus (vostf) : présentation du film par Jean-Pierre Dionnet ; scènes commentées par Ringo Lam ; interview du comédien Lau Ching-Wan ; galerie de photos ; bande-annonce ; filmographies.

Stéphane Thiellement



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