"Golem"
Elvire, Lorris et Marie-Aude Murail
Editeur :
Pocket Jeunesse (2 octobre 2003)
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"Golem"
Elvire, Lorris et Marie-Aude Murail
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Prenez un professeur de 5e, Jean-Hugues, surnommé Caliméro. Ajoutez l’un de ses élèves, Majid Badach, dit Majic Berber lorsqu’il signe ses Emails sur l’ordinateur Nouvelle Génération MC qu’il vient de gagner suite à un concours. Parsemez de quelques autres personnes : une maman par-ci, une autre par-là, un Samir, une Aïcha, un Mamadou... Liez le tout avec un jeu apparu inopinément sur l’écran de Majid et de Jean-Hugues : Golem. Et vous aurez là les ingrédients des trois premiers volumes (d’une série de cinq) d’un récit palpitant, désopilant, étonnant, censé être destiné à la jeunesse - à partir de 10 ans - mais que tout adulte aurait tort de délaisser tant il est un véritable régal.
Un régal, oui mais...
Ne brûlons pas les étapes. Il y a d’abord les problèmes que le terrible jeu commence à occasionner : des appareils qui explosent, des lampes qui claquent, des fantômes qui circulent dans les sous-sols de la cité HLM où habite Majid. Et puis la pâte à prout. Que les habitants du quartier collectionnent, sans trop savoir pourquoi.
Mais ceci ne serait rien si des tueurs ne tentaient de s’emparer de l’ordinateur de Majid, si Lulu, la petite sœur de Samir qui n’a jamais marché, ne quittait toute seule l’appartement pour descendre explorer les caves, si un petit dragon ne s’échappait du jeu pour faire des trous dans la moquette du bureau de Jean-Hugues.
Bref, c’est une fichue pagaille dans le quartier que les reporters de la télé, en Sherlock Holmes qu’ils ne sont pas, ne parviennent pas à éclaircir. Alors que le lecteur, auquel les auteurs livrent tout de même quelques clés, peut observer, lui, et savourer les événements qui s’enchaînent sans le moindre temps mort.
Mais s’en tenir à la seule succession de rebondissements serait réduire Golem à un banal roman d’aventures mâtinées de fantastique et de science-fiction. Ce qui lui donne un ton particulier, c’est la qualité des dialogues qui semblent avoir été enregistrés sur le vif. Ce qui lui confère une véritable richesse, c’est l’observation de ce microcosme social où, en ces temps de périodes électorales, il fait bon de voir vivre et cohabiter des personnages de races et de cultures diverses. Ce qui ajoute à ce splendide message qu’il véhicule - mine de rien -, ce sont ces petites touches perfides qui nous rappellent que nous sommes tous soumis aux lois impitoyables de la consommation, que nous côtoyons la délinquance sans nous en apercevoir, que nous sommes manipulés malgré nous par les médias, les lobbies et autres groupes de pouvoir.
Bref, un bon conseil, tant qu’il est temps, ne ratez pas ce petit chef-d’œuvre qui n’en a pas l’air.
GOLEM - 1 - Magic Berber, suivi de GOLEM - 2 - Joke et GOLEM - 3 - Natacha, Elvire, Lorris et Marie-Aude Murail, Pocket Jeunesse. 224 p. - 192 p. - 192 p.
Jean-Pierre Fontana
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