"Les Annales du Disque-Monde, tome 19 : Pieds d’argile"
Terry Pratchett
Editeur :
L’Atalante (26 février 2002)
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"Les Annales du Disque-Monde, tome 19 : Pieds d’argile"
Terry Pratchett
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Vous êtes vieux et vous n’avez pas souscrit à une assurance décès, dommage pour vous ! Car le troisième âge a le vent en poupe ces temps-ci à Ankh-Morpork... mais côté morgue. Il y eut d’abord le meurtre du père Tubelcek, assassiné à son domicile, puis celui de monsieur Hopkinson au musée du pain de nain, et la tentative d’empoisonnement à l’arsenic du Patricien Vétérini. Bien sûr il y a des meurtres suite aux contrats signés par la Guilde des Assassins, mais les derniers homicides n’ont rien à voir, et l’on ne trouve que très peu d’indices sauf peut-être cette argile blanche qui intrigue tant le commissaire Vimaire. Donc, on recrute au Guet des Orfèvres. Engagez-vous qu’ils disaient ! C’est ce que fait Hilare (ia) Petitcul dans la section alchimie, comprenons la police scientifique. L’enquête se concentre désormais sur les golems, créatures artificielles à forme humaine fonctionnant avec des mots magiques. On apprend que ces géants créés à partir d’une masse de boue tiennent des réunions secrètes, complotent contre la République morporkhienne. D’ailleurs l’un d’eux, Dorfl vient se constituer prisonnier et passe aux aveux alors que ses homologues d’argile se suicident peu après. Pendant ce temps, le caporal Chicard se voit courtisé par la Jet set dans le but de remplacer le Patricien, de rétablir la royauté sous le contrôle des principales guildes et des grandes familles aristocratiques. Car celui que l’on croit être Chicard, parfait tire-au-flanc et poivrot invétéré du Guet, se révèle être en réalité C.W. Saint-Jean de Chique, comte d’Ankh. Mais si tout cela n’était qu’une aimable manipulation de l’honorable collège royal d’Héraldique dirigé par le non moins honorable vampire Dragon Roi d’Armes aidés de quelques notables commerçants ?
On pourrait légitimement penser qu’avec le 19e opus des Annales du Disque-Monde, le talent de Pratchett s’émousse, lasse le lecteur. Il n’en est rien. Ce qui fait le charme de cet enfant terrible de la fantasy humoristique, c’est son imagination débridée, sa dérision, sa joie à manier les calembours. Rien chez Pratchett n’est totalement simple ni même n’a l’apparence de la banalité. L’auteur parvient, par son sens du farfelu, à aborder le thème rebattu de l’être artificiel en rébellion contre son maître sous l’angle social. Un androïde peut-il avoir une personnalité morale ? Peut-il être poursuivi en justice en tant qu’objet ? En puisant dans la tradition populaire juive, Pratchett s’inscrit dans la lignée de ces écrivains, tels Gustave Meyrinck ou Isaac B. Singer qui ont mis en scène le golem.
Pieds d’argile, Terry Pratchett, L’Atalante, 416 p., traduction de Patrick Couton.
A. Marcinkowski
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