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  Sommaire - Livres -  S - Z -  Cablé + L’intégrale
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"Cablé + L’intégrale"
Walter Jon Williams

Editeur :
Denoël Lunes d’Encre
 

"Cablé + L’intégrale"
Walter Jon Williams



10/10

Les spécialistes le reconnaîtront, c’est le "Neuromancien" de William Gibson qui a établi l’existence littéraire du genre Cyberpunk, une école qui aura de bien belles heures de gloires jusqu’à cette trilogie Matrix des frères Watchovsky. Mais demandez leur qui a codifié le Cyberpunk comme genre et en a définitivement installé la réputation et la reconnaissance internationale et tout le monde vous dira haut et fort que c’est Walter Jon Williams. Et pourtant, paradoxe des paradoxes, Walter Jon Wiliams est peu lu en France, ce qui ne sera pas pour complexifier encore plus l’analyse d’un cycle pour le moins déconcertant .
En 1986, paru un roman qu’on jugeait inclassable, et qui, s’il n’y avait pas eu auparavant Neuromancien, aurait été rangé parmi les ovnis littéraires comme le furent jadis les psychédéliques cycles de Charles Duits, "Nefer" et "Ptah Hotep" où l’oeuvre écrite de Dick aux States.

Cablé fait appel à un genre littéraire bien particulier, à un contexte, une histoire qui fait appel à une scénographie bien singulière, en ce sens que, tout en se permettant d’être un recueil de textes de Science-fiction, les moyens mis en oeuvre ont subit une telle altération qu’à l’évaluer en dehors de son genre on pourrait penser à du Dick pour ses personnages un peu en marge composites de chaire et de donnée, de boyaux et d’artefact "mnémocybernétique". Mais contrairement à Dick, ici il ne s’agit pas de la modifications des perceptions de l’écrivain qui engendre le récit (Dick) mais bel et bien celles de la technique. Il semblerait qu’on soit passé des mondes de la hard science macroscopiques, où en gros tout est ramené au collectif, au microcosme des individualités. Ainsi, exit les systèmes à la Arthur C. Clarke où l’homme est encore en un rapport simple à la machine et aux techniques, idem pour Asimov. Williams semble avoir fait éclater le rapport mythique primitif homme/machine pour, des débris épars de la vieille robotique, constituer des artefacts qui vont venir se greffer à l’homme, le compléter, le parasiter. Réalité virtuelle oui mais pas encore, disons plutôt fusion totale de la cybernetique subversive avec le biologique.

L’histoire

La terre demeure sous l’emprise de multinationales dirigées par les orbitaux qui ont jadis fait la guerre aux peuples terrestres. Deux personnages vont se découper dans ce monde toujours en instance de guerre. Tout d’abord le dénommé "Cowboy" qui, à bord de son panzer sur coussin d’air, pratique la contrebande et autres trocs illicites. Ailleurs, si loin si proche, Sarah, qui a quitté le métier peu prometteur de prostituée pour endosser la fonction en free-lance de garde du corps, recherche une solution rapide pour pouvoir quitter ce bout de caillou qu’est devenu la terre, et, aux côtés de son frère, gagner des espaces plus sereins. Tout se bouscule lorsque Sarah se voit devenue la nouvelle personne à abattre pour ses propres employeurs qui vont alors tout mettre en oeuvre pour se débarrasser d’elle et de son frère. Sur cette trame très simple et mainte fois rebattue, Williams brode un jeu de rapports, de duels, d’affrontements, de jeux de faux semblants entre deux personnes qui s’aiment, tout simplement, mais d’un amour démultiplié en ces artefacts, implants corporels, drogues futuristes et jeux d’influences. Williams nous brode sa propre love story dans une dystopie futuriste. C’est que Williams, bien plus qu’un Gibson attaché uniquement à la peinture de nouveaux contextes de science-fiction, nous narre une rencontre, nous la fait sentir dans une histoire simple et finement brodée. Ainsi, le baroque alterne avec l’intimiste et Williams nous offre une symphonie douce amère, de ces chansons que nous connaissons tous si bien et qui nous répètent inlassablement la même trame, celle du drame de la rencontre. En somme, Williams parvient dans ce recueil magnifique à réimplanter les arcanes du récit de hard-science dans un cadre plus intimiste, où les éléments artificiels servent de médiateurs à la rencontre majeure, la seule qui vaille la peine dans ce monde : l’amour et ses rencontres, l’amour et la confusion des sens magnifiquement complexifiées par les techniques éclatées et rebelles, les arts de la chaire, l’acier et cette religiosité du virtuel si prégnantes et sensuelles, si à fleur de peau, qu’on ne peut plus parler de dualisme comme celui inhérent à tout récit classique de hard science. Ainsi, fiction dans la fiction, Cablé + devient un récit mature sur la reconnaissance, une trame plus subtile qui bien sûr soulève de nouveaux questionnements et dresse des ponts narratifs avec une littérature plus classique, plus réflexive.

Câblé + un récit sur la reconnaissance ou sur le coup de foudre ?

Poser une telle question pourra soulever des réactions, voir des protestations de la part des lecteurs, si ce n’est des spécialistes, bref, la faune qui ne s’attarderaient que sur le contexte du pur fictif. Et pourtant, il y a bien des correspondances à faire avec des auteurs, qui, s’ils ne s’étaient pas intéressés à la thématique soulevée, en seraient proprement exclus de part leurs affinités culturelles réfractaires aux littératures des bords. Mais force est de constater que le peu d’étanchéité des genres, quand ils se mettent à discourir sur des thèmes communs ou des communautés de "situations narratives", mal littéraire délicieux s’il en fut, sera seul capable de provoquer ce moment incroyable où peut se construire des résonances entre des catégories aussi éloignées que la littérature générale et ce genre souvent considéré comme annexe parce que trop démonstratif.

Les fenêtres des genres s’entre-ouvrent et des connexions s’établissent et fusionnent. C’est le moment sexuel et géniteur, le moment où tous les mélanges sont rendus possibles par l’émulation des "lieux communs".
Si Williams a fait le choix d’un récit plus basé sur l’action, les rencontres et les décisions qui entraînent des actions-répercutions chez les protagonistes, c’est que son optique était moins de confirmer le scientisme envahissant du genre cyberpunk, et qu’il s’est rendu compte que, pour qu’un tel récit impliquant des techniques de pointes en interaction avec les corps puisse revêtir une dynamique, il fallait user d’une narration plus soutenue, moins technique, plus axée sur les personnages et les contextes. L’action, certes, est prépondérante. Elle légitime un cadre technique par le subterfuge de la guerre, d’une humanité divisée entre un "en haut" (les Orbitaux) et un "en bas" rongé par la pollution et la désertification (la vieille Terre) .

Conflit passé, conflit à venir, Cowboy et Sarah en seront les dépositaires, en un monde de subterfuges techniques, de supports "mécas" de façades qui forment des réseaux où les rapports et les échanges sont réinventés, et les combats également. Ainsi, la rencontre se fait sur le mode du héros pince-sans-rire et la paumée pleine d’audace, une rencontre qui aurait pu être filmée par un John Ford, dont les caméra savaient si bien capturer le grandiose dans un regard, une étreinte sous les cieux éternellement bleus du grand Ouest des Cow-boy. Il ne lui tend pas la main pour la faire monter et elle apprécie cela. En cette unique phrase s’installe le grandiose d’une rencontre. Cow Boy tient bien son nom et l’assume telle une légende, tel Clint Eastwood. Stan Barets dans son "Science-fictionnaire" vol 1 (Denoël 548) ne s’était pas trompé. Il suffit de substituer un cheval à la place du panzer sur coussin d’air du héros et Williams nous rejoue le grand western. Ce qu’il aime chez elle s’édifie au premier coup d’oeil, il aime son visage plein de cicatrices, vif et éprouvé. Ce qu’elle aime chez lui, c’est une attitude. Ainsi naît la légende et l’amour. D’ailleurs, le ton âpre, la simplicité de l’intrigue ouvrent à des correspondances et des rapports intimes, soit suggérés par les réflexions de certains comme celle que se fait Sarah sur les liens étroits existant entre Cow-boy et sa machine, ce dernier subterfuge qui le relie à la réalité et en même temps à la vie, soit sous la forme d’une germination secrète entre deux protagonistes qui étendra sa pousse au gré de l’intrigue (la relation semi-professionnelle qui unie Sarah à Cow-boy et qui deviendra de l’amour, les liens entre Reno et Cow-boy équivalents à celui du frère/frère ou père/fils, et la relation des deux à Roon comme une espèce de monstre expiatoire, un absolu qui fournira en même temps le sens de leur quête) .
De fait, on pourra avancer que les liens qui s’établissent peu à peu entre les deux héros se font sous le mode double et contradictoire de la Reconnaissance/Coup de foudre. Ils se rencontrent et s’acceptent comme tout de bon. Comme s’ils s’étaient toujours un peu déjà connu quelque part.

"L’enfant retournait chez ses parents l’air apeuré et se mit à déclarer à ses parents qu’il était poursuivit par un loup. "Oh loup, Oh Loup", devait-il s’écrier et gagner de fait une paire de claques. Cet aphorisme, arraché aux contes mais à la chute qu’on pourrait dénoter comme "morte", vient à point pour tenter un instant de signifier, capturer, emprisonner ce "processus narratif" de l’auteur, par cette intrusion d’une fiction dans la fiction et faire de Cablé + un récit à deux lectures. Dans le conte, les personnages rêvent ou sont rêvés, pas dans le roman, car il y a construction. Cependant, le récit de Williams semble jouer sur ces deux registres (le monde réel et le monde virtuel constituant deux mondes possibles qui s’interpénètrent) . On pourrait avancer que le récit de Williams a plus d’une correspondance avec la littérature moderne en ce sens qu’il introduit des problématiques profondes par le médium de la fiction. Comme dans le conte, c’est un détail (les cicatrices d’un visage) qui permet la reconnaissance de cet amour qu’on ignorait (Pénélope reconnaissant Ulysse) . On pense au retour de Martin Guerre ou la femme aime celui qui revient et non pas celui qui est parti. Jeu de dupes, amours non avoués mais incarnés pleinement par chaque personnage dans la gestalt même de la narration, Cablé + est une rhapsodie cyber sur fond de romance mise en abîme, une opacité qui justement rend encore plus irrémédiable le fatalisme, cet "amor fati" qui unit les deux personnages centraux.

Cablé + un melting pot linguistique et militaire

Mélange des genres (intimiste et science-fiction, Cyberpunk et film sur le Far-West, Gun fights, Road Movie et perspectives quelque part entre John Brunner et la poésie d’un Ballard) le récit de Williams mélange également les langues. Tout est brouillé, les frontières sont effacées et c’est au ciel que sont les pires ennemis.
Ainsi, les mélanges touchent un langage fait d’un mic mac d’argots empruntant à toutes les langues connues, en inventant d’autres et permettant de fait une seconde mise en abîme, celle des frontières linguistiques entre peuples (espanglais) mais également les acceptations générales sur les types d’armes souvent alliées à des artefacts virtuels, des lunettes spéciales, brefs tout un ensemble de paramètres "interphasés" qui installe définitivement le monde de Williams parmi les plus remarquables créations d’univers dans l’histoire de la Science-fiction et l’instaure comme l’épigone sombre du genre Cyberpunk, un peu comme le fut le cycle de Titus de Mervyn Peake au regard du fantastique.

Des extensions romanesques et interprétations multiples

La grande originalité de ce chef d’oeuvre, c’est qu’il a été compilé avec d’autres textes, qui, joints bout à bout, forment une vaste fresque d’un futur éclaté mais où demeurent les luttes incessantes pour le pouvoir, les guerre et le totalitarisme.

Ainsi, le noir récit que constitue "Solip : System" est une illustration remarquable de ce qu’on pourrait nommer "Le principe de responsabilité". Plus centrée sur le personnage virtuel de Reno, elle nous conte l’éternel dilemme qu’est celui du devoir d’incarner ce qui nous répugne si c’est pour faire triompher une juste cause, et ce quel qu’en puisse être le prix. Reno intègre le corps de l’orbital Roon, ceci pour servir de taupe à la Terre et terrasser les orbitaux sur leu propre sol. Tâche ingrate et sans récompense, la mission de Reno devra s’accomplir même si ce dernier sait qu’il devra mourir pour cela. Cette nouvelle est d’une rare intensité, tant au niveau de l’intrigue que des monologues intérieurs, et peut témoigner des souffrances qu’un héros peu ressentir à devoir incarner et adopter les us et ignominies d’un être abject. Mais bien plus, comme souvent un miroir nous renvoie un double message de notre présence au monde, cette nouvelle est là également pour indirectement nous démontrer, par une double fiction, la différence qu’il y a entre une cause juste et une cause injuste, où il s’agit d’élire un personnage expiatoire pour pardonner l’abjection et la lâcheté et de fait lui faire porter le poids le plus lourd pour se dédouaner de la sanction. C’est un contexte moderne que l’écriture de Williams semble soulever inconsciemment et qu’on peut deviner facilement sous l’apparent lissage de l’intrigue. Ainsi, de l’exemplarité du héros éternel on peut facilement passer à celle du héros moderne, des risques qu’il encourt de se voir entraîné et "instrumentalisé", et de sa prudence bien aristotélicienne, son sacerdoce. Une nouvelle sur le sacrifice, la responsabilité, la prudence, mais également un traité sur l’action, quand la logique relaie le romanesque pour jouer un redoutable jeu d’actions/réactions. Remarquable vision sur le sacrifice, cette nouvelle est également une vision idéalisée qui renvoie son double négatif, celui de la perversité de l’économie libérale dont l’extension politique n’est qu’une vaste bouffonnerie, une escroquerie grotesque où tout devient objet, où tout devient adaptable, les frontières entre Bien/Mal et Méchant/Bon étant totalement éliminées au profit du rentable, du mensonge et du bénéfice, au vol et à l’appropriation gratuite des biens et capacités morales, matérielles ou intellectuelles d’autrui. Le plagiat moderne, et peu expliqué par les médias, consistant en la saisie et le détournement des données confidentielles et la propriété intellectuelle de particuliers pour ensuite en faire des romans formatés "offerts"a certains membres de groupements sectaires, ceci pour nous rejouer le bon vieux drame à l’envers du mythique couple Salieri/Mozard, est une illustration frappante de ce terrorisme social et de ce barbarisme moral qui implique d’être élu à la place des autres en s’allouant les idées et/ou talents des autres, sans que ces derniers ne puissent manifester leur douleur et l’injustice qu’ils éprouvent. C’est cela qu’on pourrait appeller "du vol institutionalisé" mais avec cette subtilité en plus qui se nomme "le génie de l’outil internet" ou le bouche à oreille. Ni vu, ni connu, cet "art du salaud" est en quelque sorte une illustration inverse de la nouvelle de Williams, dans le sens que là le héros n’a pas à porter, telle la tortue, les ignonimies et manipulations unilatérales des autres, mais doit souffrir de la pire des chose, le pire des tourments : le vol anonyme du fruit de ses créations pour les voir utilisées par d’autres et pour d’autres sans preuve de l’effraction, c’est plus "libéral". Ainsi, Cablé + est un récit qui, sous la vacuité du loisir, peut porter à bien des interrogations sur notre société et ses fonctionnements, notre société et ses déviances, tous ces particularismes qui nous font être ou devenir autre, posséder ou être dépossédé, sans que ce ne soit cette même société qui soit fautive. Voilà une autre vertu dont peut s’enorgueillir le genre, celle nous montrant que sous le vernis du virtuose peut se cacher un Saliéri ou que ce bon vieux Don Quichotte ferait mieux de deviner la provenance du souffle qui fait mouvoir les Moulins, plutôt que les Moulins eux-même. Cette nouvelle sert de jointure entre Cablé + et Le souffle du cyclone et tient lieu d’explication à la fin du diktat total des orbitaux sur la Terre, des orbitaux qui, comme dans l’exemple cité, ont main mise sur tout, surtout sur ce qu’ils n’ont pas le droit de posséder. On a là la métaphore monstre du totalitarisme économique, social et politique, ces trois termes n’étant plus que des données voir des marchandises interchangeables et donc peu discernables quand à leurs vertus.......

"Le Souffle du cyclone", lui, est en fait un récit réadapté par l’auteur afin de donner un nouvel ajout à son univers cyber. Récit postérieur à Cablé +, ce roman remarquable met en scène une société humaine qui a gagné les étoiles mais dont le combat n’a pas vraiment changé. Steward se réveille un beau jour pour se rendre compte que sa mémoire a un blanc de quinze années, quinze longues années dont il n’a plus souvenir. Or, en fait, Stewart est le clone d’un chef d’une compagnie de mercenaires entièrement décimée lors d’une expédition sur la lointaine planète Sheol. Il se réveille dans un monde étrange où son employeur n’existe plus, et où une guerre haineuse est engagée entre humains et colonies pour l’appropriation de mystérieux artefacts extraterrestre découverts au hasard des errances et explorations spatiales. Les multinationales sont devenues les puissantes et étatiques "Policorpos" et lui, Steward, semble être le noeud central d’une lutte acharnée dont les tenants et aboutissants lui échappent totalement.
Cet Etienne (terme français employé) se retrouve dans un monde où l’humanité a été dispersée et est rentrée en contact avec d’autres races stellaires. Le démarrage n’est pas immédiat, Williams mettant un certain temps pour poser l’intrigue, mais une fois les 30 premières pages consommées on ne parvient plus à lâcher les lignes de ce récit plus court dont la narration moins soutenue laisse tout de même transpirer d’incroyables images et de beaux portraits. On pense à Bruce Sterling, voir les constructions de Benford, le prophétisme en moins.

Perspective érogène pourra décevoir un peu pour son caractère anecdotique.

Bien sûr, son traitement du problème du clonage est fascinant. En effet, l’idée de cloner un star peut porter à bien des débats notamment sur les dérives possibles et les puissantes interrogations éthiques. En fait, l’auteur parle de reproduction virtuelle d’une star (Babeth) dont le chirurgien plasticien (docteur Talbot) s’acquitte avec un grand sens de la responsabilité. On voit bien que dans pareille société, l’utilitarisme a depuis longtemps dépassé les problèmes de Bien et de Mal, et que la société en présence n’en est plus à des considérations morales sur la reproductibilité des stars dans un but personnel et privé. Là, s’il y a reproduction virtuelle (mais cela implique le tactile, le physique) c’est purement d’ordre pratique, du moins est-ce la vertu affichée. Mais il est malheureusement fatal que, le jour où cela sera permis, les interdits étant faits pour être transgressés, beaucoup de docteurs Faust franchiront la limite pour réaliser le plus vieux des rêves, chimère inhérente à notre part de chaos comblant celle de l’équilibre pour toucher ce bon vieux logos grecque. Ce récit jouissif pourrait très facilement servir de préambule à Cablé + et la nouvelle "Solip : System".
Un recueil, une somme d’interrogations éthiques, mêlant avec bonheur et parfaite fusion le space opera, la Hard science, le vieux western, le cyber romanesque et intimiste, combats et batailles, dans un style impeccable et totalement aboutit.
A lire à tout prix !

Cablé +, Walter Jon Williams, Denoël, collection Lunes d’Encre, traduit de l’américain par Jean Bonnefoy et Gilles Goulet, couverture de Manchu (superbe comme toujours) , 871 pages, 29 €.





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