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  Sommaire - Dossiers -  Christopher Reeve, les ailes de la renommée

"Christopher Reeve, les ailes de la renommée"


Il avait la stature d’un géant mais le port d’un sage, la force d’un guerrier mais un verbe qui évoquait la diction d’un Yeats, d’un Keats, d’un Byron, ou plutôt les trois en même temps dans leurs accords intimes et sincères. Voilà ce que nous pourrions apposer en guise de frontispice s’il fallait écrire encore un livre, que dans notre maladresse nous pourrions qualifier de Biographie, usage stupide, malsain, maladroit, mais inévitable quand on a tellement besoin d’inventer l’oeuvre d’un homme dont l’aura dépasse souvent la légende qu’il a installé au coeur du cinéma de l’imaginaire, de ces films immatures mais beaux qui aident tant à vivre.
Je commencerai donc par un bond vers mon passé, faire partir d’un point de mon présent la courbe qui me mènera vers le temps des rêves, un retour vers l’enfance adorée, bon gré, mal gré, un retour salutaire mais toujours magnifié et même arrangé. Je redeviendrai donc, l’espace de cette évocation, vers cet enfant qui un jour se retrouva plongé dans l’immense salle obscure, un enfant sans le sou mais dont le père fit tant de merveilles pour lui, commis tant de miracles, que la vie ne pouvait en être finalement qu’extraordinaire par d’étranges chemins de traverses, sentiers secrets, clairières éclairées par la lumière blanche mais rassurante de la lune solitaire. Paysages cristallisés par une solitude, climats inventés par l’enfant qui rêvait, ces saisons multiples qui peuplaient alors ma vie devaient un jour ou l’autre me conduire dans l’antre sacrée d’un cinéma. Nous étions en 1978, j’étais un gamin dont c’était le premier film, événement étrange autant qu’excitant. Je n’avais pas encore vu "La Guerre des étoiles" vu mon âge, et je ne savais pas encore que ce Superman, dont je voyais embraser les murs de ma ville, aurait une grande incidence sur mon avenir et mes goûts, et, par conséquent, sur le fait de pouvoir rédiger cet article.
En deux heures vingt, une éternité pour un enfant, je me suis définitivement consacré à un genre, et gagné entièrement à la cause de cet homme en collants qui volait au-dessus des toits de l’Amérique de Metropolis tout en décochant à la belle Loïs Lane des vers. C’est cet artefact de câbles, collants de bleu et rouge autour d’un "gugusse" taillé comme un footballer américain qui embrasa à jamais mon imagination.
Fils de l’écrivain Franklin Reeve et de la journaliste Barbara Johnson, Christopher Reeve voit le jour le 25 septembre 1952, étudiera à la prestigieuse Julliard School of Performing Arts durant les années 70 où il croisera probablement Robin Williams. C’est là, lors de ses années tumultueuses, ces années de grande fécondité artistique, que les producteurs de Superman vont commencer à faire ces castings si typiques des majors de l’époque. C’est à cette époque folle que devait être choisit la personne de chair qui devait incarner à jamais le plus célèbre héros de tous les temps........modernes.

Genèse d’un archétype en papier

En 1938 l’Amérique était alors encore à la recherche de héros, la crise menaçait et la guerre suait sur les fronts européens. Bien entendu, il y avait déjà ces héros "stellaires" ou "magiques", comme le Buck Rogers de Calkins et Nolan, le Flash Gordon d’Alex Raymond, Brick Bradford de Gray et Ritt, ou Mandrake le Magicien de Davis et Falk. Or, les teenagers américains semblaient attendre quelque chose, quelqu’un, un personnage qui soit à la fois de chaire et de rêve, un personnage incarnant à la fois la force et cette belle humanité des pères protecteurs. Siegel et Shuster imaginèrent alors un jeune reporter, faussement naïf, rejeté (ce sera la légende qui se calquera peu à peu sur le personnage par la suite) dans son adolescence parce que différent, bref un jeune homme ordinaire, suffisamment proche des jeunes pour permettre une identification plus immédiate, incroyablement surhumain pour solidariser et engendrer un phénomène de croyance énorme. Et c’est ainsi que naquit un jour Clark Kent alias Superman, et pour plusieurs générations un mythe planétaire. Si le héros de Siegel et Shuster emporta à ce point tous les suffrages c’est dans sa sur-nature. Superman est un extraterrestre qui, par les lois de la gravité, devient un quasi dieu sur terre. Mais ce qu’il y a de plus séduisant encore c’est sa physionomie à des kilomètres des traditionnels extraterrestres belliqueux qui reviendront en force quelques 20 ans plus tard sous forme de vignettes à collectionner. L’extraterrestre de la fin des années 30 est forcément méchant, assimilé parfois aux antagonismes géopolitiques et quelques fonds racistes (L’empereur Ming dans le monde de Flash Gordon) . L’extraterrestre de l’époque est alors la symbiose du savant fou du Frankenstein de Shelley, de la crapule à la Fu-Manchu et de quelques méduses à un stade avancé de l’évolution, juste assez pour étreindre la belle exploratrice ou la fiancée éperdue et pour empoigner quelque pisto laser à tête d’entonnoir.
Chevalier au grand coeur, savant aux super pouvoirs, Superman était un peu la quintessence de ce sauveur que les religions échouaient à faire revenir sur terre et en même temps il était comme un ange annonciateur. Avec une telle aura, Superman marqua également la naissance du héros moderne, proche des hommes, avec un costume, menant une double vie. Ainsi est né le héros de papier, l’archétype qui, des pulps aux comics des firmes comme celle de Marvel, la rebelle "Image" du grand Mac Farlane ou encore Top Cow, imprimera à jamais dans l’inconscient collectif cette image du héros sans peur et invulnérable, du moins presque. Superman avait donc sa propre genèse et en même temps son devenir, et en cela une grande frange de la bande dessinée lui en est fort redevable.

Il était une fois un jeune étudiant qui rencontra son double

"Aujourd’hui, je me suis levé, suis sorti et j’ai croisé un homme dans la rue, et pourtant il n’était pas là, il était absent" . Cet artefact langagier arraché à la prose de Chesterton est porteur de sens si on se prenait un temps au jeu du portrait juste d’un jeune homme qui, pour peu que son air simple et bon enfant aurait pu de prime abord en faire un américain modèle, affable, différait d’une certaine manière, de cette subtile hésitation dans le regard qui le promettait à un grand avenir. Christopher Reeve avait alors 26 ans et toute la fougue d’un âge où tout reste possible en Amérique, cette Amérique du rêve réalisée, cette Amérique belle et farouche, cette Amérique qui telle la croupe de Vénus entraîne inlassablement ses habitants à croire en tous les "possibles". Quand Richard Donner concentra son casting en cette prestigieuse école de Julliard, il ne s’attendait certainement pas à trouver un acteur qui correspondrait à ce point au rôle du héros de papier si célébré par tant de générations. Deux cents acteurs furent retenus dont Steve McQueen et Clint Eastwood, et pourtant, en croisant son regard couleur azur, ses cheveux noirs comme la nuit, le réalisateur su qu’il tenait là un acteur unique. Visage angélique, voix de poète un peu perdu en quelque mer déchaînée, Christopher avait tout de l’ange sauveur, mais il était bien plus que cela. Il était un acteur passionné de bout en bout par ce qu’il faisait, et pourtant, avec ce physique d’athlète, rien ne le prédisposait vraiment hormis une carrière de sportif voir de juriste. Mais la voix allègre et cassée du vieux Cow-boy vous dira que dans ce pays de libertés rien n’est impossible. Nous étions en Amérique, que Diable, et il n’y avait pas les clivages qu’il pouvait y avoir ailleurs. Certes, Superman était un rôle physique faisant appel à une certaine esthétique, mais, comme nous le verrons un peu plus loin, l’immense talent de Christopher s’illustrera un peu plus tard en un registre impliquant bien d’autres facettes de son talent. Christopher Reeve fut un homme toujours double, car tout en distillant la superbe d’un éphèbe il avait le fond obscur d’un acteur Shakespearien, cette opiniâtre noirceur qu’il parvenait à transmettre avec une telle douceur dans l’élocution, que de l’entendre on en venait à se demander si on n’avait pas déjà entendu cette voix, ailleurs, en d’autres temps, d’autres lieux. Dans son physique magnifique et sa timidité maladive Christopher Reeve su en imposer suffisamment pour installer définitivement son image au panthéon des plus grands acteurs de ce siècle. Pas facile de se balader en collants, suspendu par des câbles. Il y manque souvent cette "final touch" qui sied tant aux grands, et c’est ce que Christopher avait, "ce plus", cette lumière douce et sage se répandant de ses yeux, de sa voix. Il constituait là l’archétype du héros moderne parfait, un peu à la manière dont le ferait un peu plus tard Schwartzenegger dans l’incarnation mémorable qu’il fera de Conan en 1982. Nous disions donc que Christopher Reeve était double, qu’à le croiser dans une rue, nous aurions eu l’impression de croiser un homme absent. C’est peut-être là le secret, son secret, savoir s’oublier, oublier sa propre temporalité pour ne se mettre en écoute que de son altérité, ce double avec lequel installer le dialogue suffisamment fort pour engendrer le personnage imaginaire. C’est cette conversation secrète à laquelle Christopher s’est engagé il y a longtemps, et elle ne l’abandonnera jamais, même diminué, même martyrisé dans une chaise, les deux faisant corps telles deux étoiles en collision. C’est ce qui s’appelle le génie matriciel. Avec son rôle de Superman, Christopher Reeve marquera à jamais le genre en donnant un visage définitif au personnage de papier, un visage qui demeurera malgré les "Smalville", "Clark Kent" et toute la cohorte de "Superman bis" engorgés par les majors américaines, que ce soit à la télé ou sur le grand écran. Nicolas Cage est un grand acteur mais n’est en rien fait pour un tel rôle, quand aux jeunes teenagers ils n’en seront qu’un pâle reflet, aussi talentueux pourront ils être........

S’il fallait n’en retenir qu’un ce serait deux

Ainsi naquit la légende moderne du héros où un enfant, nouveau Moïse imprégné de la sagesse d’un monde disparut, vient un beau jour s’échouer dans l’amérique des années 50, cette Amérique de toujours remise au goût du jour, celle qui a toujours fait rêvé. Superman 1 se devait d’être le grand film de super Héros, la vision totale de ce personnage papier. Il fallait une histoire plus crédible que celle de l’original, mieux implantée dans notre monde et en même temps, tout comme Batman, il fallait qu’elle soit située en une ville, Metropolis, permettant une sublimation supplémentaire, comme si cette ville imaginaire ayant pour fonction une mise en abîme des Topos, devait susciter un sentiment du pittoresque suffisant pour faire de Superman une épigone cohérente d’un genre encore balbutiant sur les écrans cinémas. Superman est la quintessence de l’Amérique des pom pom girls, celle du football américain, des uniformes aux couleurs et symboles des collèges, celle de bagnoles de marque Mercury fonçant sur l’asphalte infini. On y croise un étrange jeune homme, complexé et solitaire, de ces teenagers qui sont près le moment venu à irradier une époque en faisant éclater le talent du siècle. Or, ce jeune homme a un énorme secret. Hormis le fait qu’il puisse expédier un ballon de foot en orbite, courir plus vite qu’une locomotive (magnifique séquence en forme de clin d’oeil où Loïs Lane enfant croise pour la première fois son Superman en pleine course) , Clarke est un extraterrestre, un phénomène. Adopté par une famille modèle de l’Amérique profonde et mythique (magnifique et inoubliable Glen Ford) , Clarke prendra vite conscience de ses différence. Puis, son père décédé, il prend le départ pour le fameux lieux originaire, le lieux où il accomplira son éducation par le truchement de son père originaire (le monolithique Marlon Brando) . Il est évident que le blue screen et les fameux câbles qui feront le premier homme volant au cinéma semblent quelque peu passés, mais le charme est indéniable et la beauté statuaire de Christopher éclipse les affres du temps. La magie demeure, on se régale comme des enfants des exploits de ce Superman secourant la ménagère américaine, le petit chat de l’enfant perché sur une branche d’arbre (à noter la claque que l’enfant reçoit pour avoir dit la vérité à sa maman) , ou s’affichant comme redresseur de torts des voleurs, bandits et malfrats en tout genre. C’est naïf mais quelque 27 ans plus tard la sauce prend toujours et on reste conquis et gagné à la cause du premier vrai super héros au cinéma, celui-là même qui ouvrira les portes aux X-Men, Spiderman, Dardevil et autres Hulk. Le temps est passé mais le disque double couche dont la Warner a fait cadeau aux fans est une pure merveille, un hommage aussi pour le plus grand héros de tous les temps, celui qui a émerveillé des générations entières et a installé le mythe de l’Amérique dans les pensées comme la plus belle matrice du rêve. Le visage de Christopher restera à jamais gravé dans les mémoires, malgré le temps et ses affres, malgré les effets spéciaux. Les deux Superman furent presque réalisés en même temps, donnant ainsi un chef d’oeuvre et une très belle suite plus fidèle au héros de papier. Le troisième opus, bien que dispensant un comique appréciable, demeure plus faible, quand au quatrième volet, il reste fade et passé, la preuve, encore une fois que seul demeure cette mythique année 1978 où pour la première fois les écrans affichèrent l’un des premiers archétypes humains.

Christopher Reeve ou le pèlerinage de l’éternel retour

Scénariste pour la télévision, Richard Collier est atteint d’une tumeur au lobe temporal, une tumeur maligne inopérable qui lui laisse quatre ans au plus à vivre.
Errant parmi les routes et motels de son pays, en recherche d’un embrasement qui permettrait à sa vie de prendre sens, mieux, de revêtir un masque pour supporter l’inéluctable de la mort, le jeune homme, improvisé écrivain biographe de sa propre et courte vie, va se voir échouer dans un vieil hôtel. En ce lieu lorgnant sur un pacifique fantomatique, en cette maison au bord du monde, Richard Collier fera une rencontre, de ces rencontres qui propulsent les personnage hors du monde, de ces portes invisibles qui permettent d’échapper au déterminisme biologique fatal et aveugle du monde. De biographe de sa vie en morceaux, de son existence futile et courte, Richard Collier va se faire le biographe de cette femme dont le portrait orne un mur discret de l’hôtel. Le beau visage de l’actrice Elise McKenna va communiquer les secrets du voyage dans le temps au mort en sursis, un secret pour échapper à la fois à la mort et au temps et ses plus sûr carcans.
Tout le monde attendait au tournant Christopher Reeve, tout le monde attendait que ce géant se ridiculise, confiné qu’il semblait avoir été dans le rôle de sauveur de l’humanité. Et pourtant, est-ce la caméra à la luminosité atténuée du réalisateur, ou bien un scénario parfaitement découpé dans le roman de Matheson, Christopher Reeve fait montre d’une parfaite maîtrise de son personnage en manque, en attente d’un miracle. Le fantastique en est discret, un portrait datant de 1896 sera l’effet déclencheur et la rencontre. Ainsi, de sa pesante année 1971 Richard Collier/Christopher Reeve traversera le temps pour rencontrer et aimer cette femme au visage si familier. Quand à Jane Seymour, elle joue à la perfection une Elise McKenna intemporelle et dont le regard inoubliable renvoie la même énigme comme le reflet d’un miroir : pourquoi m’est elle si familière, pourquoi cet accord si immédiat entre nos deux âmes que séparent autant de temps ? On pourra se perdre en conjectures ou on pourra leur répondre simplement les mots du poète qui transparaissent si bien devant les caméras discrètes de J. Swarc : l’étincelle subtile qui identifie deux regards et lie deux visages dans l’attente d’une fécondation, d’un engendrement qui ne vient pas. Ainsi, ce livre et ce film sont en quelque sorte une réponse romanesque au livre de Beckett "En attendant Godot", et, par quelque ellipse et jeu de langage, laisse en même temps un espace vide. La fin du film et celle du livre sont les mêmes, aussi belles et subtiles, fragiles, impossibles mais tellement courageuses. Pourquoi alors ne pas y croire à ce pari presque Pascalien qui est de pouvoir rejoindre cette chère aimée qui vaut souvent bien mieux que ces Dieux pour lesquels nous rampons tant, nous tuons tant en oubliant l’essentiel, à savoir "Elle", "Lui", ce même ou cet autre qui manque tant et qu’on voudrait combler ? Dans ce film, Christopher Reeve incarne à merveille cet homme sans attache, nu, mais dont le malheur d’être si mal rattaché à la vie va sauver par la rencontre immortelle et surnaturelle de celle qui s’était toujours caché en quelque recoin ou pli de son esprit, pour lui dire, moment sacré et silencieux, "Je suis là". Ainsi, l’acteur transperce la carapace du sauveur du monde pour nous montrer que son coeur est capable de saigner et de transmettre toute la beauté qu’il y a à aimer, ceci grâce au verbe cérémonial de l’auteur et à ces caméras sachant capturer l’essentiel de la rencontre. Beau et sublime, "Quelque part dans le temps" est probablement l’une des plus belles histoires d’amour contée au cinéma, sans grands effets si ce n’est la futilité de ce temps qui passe devant l’éternité d’un amour qui ne se termine jamais vraiment. Un film qui est une parabole sublime sur cet éternel retour qu’on a tant de mal à comprendre, mais qui pourtant reste lové en chacun d’entre nous comme le plus grand des secrets de la vie, cette belle petite victoire aussi énigmatique qu’un sourire, un souffle, une pensée "inactuelle", bref l’écart joyeux sur le chemin unique qui permet de supporter l’insupportable. Christopher Reeve porte des habits d’époque comme s’il les avait toujours portés, et Jane Seymour fait partie de ces constellations, de ces soleil auprès desquels il fait bon de se réchauffer quelque peu du froid mortel de ce "Grand dehors" auquel on ne parvient jamais tout à fait à échapper.

Requiem for a dream

Christopher est parti le 10 Octobre 2004, il avait 52 ans, mais engendra d’un mythe millénaire. Même réduit dans une chaise, diminué et emprisonné par sa paralysie, l’homme a surpassé son mythe, il nous a montré à tous la force et le courage, la volonté aussi de bien faire quelque soient les obstacles. Abandonné dans ses derniers retranchements, dans cette faiblesse, il donnera un dernier coup d’archet, une belle célébration, son départ qu’il pressentait tant. Christopher préparait un grand film d’animation, une belle épopée. C’est Rob Kurtz, scénariste du film, qui sera chargé avec le restant de l’équipe d’achever le film qui sortira en 2006.
C’est Julia Roberts qui doublera le personnage de Hova, une fourmi. "Ant Bully" est tiré d’un livre pour enfant et nous dépeint un enfant qui, malmenant une colonie de fourmi au moyen de son pistolet à eau, se voit réduit à leur taille. Il sera voué à une espèce de bagne où il sera obligé de réparer les désastres causés. Un très beau film d’animation qu’on attend de voir avec une certaine fébrilité, et la preuve une fois de plus de la polyvalence de ce géant de l’ouest, cet extraordinaire colosse qui imprimera à jamais sa légende au panthéon du cinéma mondial. Je me souviens qu’en des moments difficiles, Christopher dit un jour que ce sont les petites choses et les gens de plus petites conditions qui font les plus grandes choses. Je lui répondrai par delà les espaces que si ces gens font de grandes choses, c’est parce que d’autres gens leur montre en plus grand, sur un grand écran, les rêves immenses et fous qui permettent cette subtile audace qu’est l’action sur le monde, et cette envie de faire changer les choses, en un monde souvent abjecte voir détestable. Ce sont ces acteurs générant les rêvent sur écran qui inspireront les enfants de demain. Christopher l’avait compris, les orientations d’un certain cinéma pas du tout apparemment. Car, pour qu’une humanité avance, il lui faut des rêves, et pour que des gens préparent en petit les grands changements il faut des rêves, et Christopher fut l’un d’eux. Thank you very much my friend........
Que ses enfants n’oublient pas ce qu’il a fait en grand pour que nous le réalisions en petit. Comme quoi, rien n’est jamais tout à fait perdu, et j’ose à croire que Christopher arpente à présent les vastes vallées du bonheur, cette image qui est celle de notre société future où noirs, blancs, jaunes, formeront le panache de couleurs qui se nommera "Humanité". Le message de Martin Luther King, de Gandhi, de kennedy et de tant d’autres tombés pour la juste cause, ne dit pas autre chose...............Souhaitons qu’un jour nous comprenions tous la portée de ce message, celui qu’un même artiste a porté avec lui, sous sa cape, le gardant vaillamment contre les assauts des infâmes..........

Emmanuel Collot, Ville d’Aix-en-provence, le 17 Janvier 2005.


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