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  Sommaire - DVD -  A - F -  Et l’homme créa la femme
"Et l’homme créa la femme"
de Frank Oz
 

Avec Nicole Kidman, Matthew Broderick, Glenn Close, Chistopher Walken
Dreamworks Home Entertainment

A la base, il y a le roman d’Ira Levin (Rosemary’s baby, son titre de gloire, mais aussi Ces garçons qui venaient du Brésil), The Stepford wives. L’histoire est celle d’un couple qui vient habiter dans l’idyllique petite ville de Stepford, fuyant le stress New-Yorkais (à la fin des années 60-début 70 ? Ah bon...). Et une fois sur place, ils découvrent que toutes les femmes sont vraiment plus que parfaites, trop parfaites même, aimantes, chaleureuses, serviables, mais aussi très étranges. La vérité est pire, puisque Stepford est sous la coupe d’un génie de l’électronique qui a réussi à concrétiser le fantasme de certains hommes : avoir une épouse telle qu’il la rêvaient. Un film en fut tiré, réalisé par le britannique Brian Forbes, qui fut un échec commercial sévère sauf en Europe où il acquit un statut quasi culte. Ressorti récemment chez Paramount Vidéo, Les femmes de Stepford voyait Katherine Ross découvrir l’horrible secret de Stepford, l’histoire s’achevant fatalement pour elle, et Stepford continuant de vivre au milieu de notre société comme si de rien n’était. Le film possède une ambiance très Pique nique à Hanging Rock de Peter Weir, poétique, douce, avant de révéler implacablement le cruel destin des femmes de Stepford dans un final qui fait passer tout le film pour un bon épisode de Chapeau melon et bottes de cuir. Car pour la crédibilité, ça ne marche pas vraiment : comment croire à Stepford, situé à quelques kilomètres de New-York et à ses femmes « nouveau modèle », surtout que pour la version 1975, le côté Mondwest banlieusard a quand même pris un bon coup de vieux. Arrive alors cette nouvelle version, plantage monstrueux aussi au box-office mais pourtant pouvant prétendre à être la meilleure version du fameux mystère Stepford. En effet, sous la houlette du réalisateur Frank Oz (collaborateur de Jim Henson, et ayant déjà prouvé son sens de la dérision avec Bowfinger, La petite boutique des horreurs et du suspense avec The score) et du scénariste Paul Rudnick, rien n’est pris au sérieux dans cette histoire et au contraire, ils l’utilisent comme tremplin pour une satyre d’une certaine american way of life, du rapport entre les hommes et les femmes dans une certaine caste sociale, du culte de la perfection, du pouvoir, de l’argent et de la sécurité. Ainsi, tout ce qui a trait au secret des femmes de stepford est vite révélé mais en plus de façon complètement loufoque comme le montre la scène du « distributeur de billets ». Car ce que veut montrer Oz, c’est surtout que malgré la totale invraisemblance du concept, à la base et autour il y a du vrai, et il ne se gêne pas pour l’exacerber. On a donc droit à une présentatrice vedette (Nicole Kidman, parfaite évidemment) pétant les plombs à mesure que ses émissions deviennent ultra-racoleuses, à des maris bedonnants machos de pacotille nageant dans les millions de dollars, à un politicien gay, et enfin et surtout à de magnifiques femmes toutes sorties du moule 1950 (comme le montre si bien le générique de début), la réflexion sur leur condition des plus banales en moins. C’est tout cet aspect là qui est passé inaperçu dans le film, beaucoup regrettant le froid dénouement (mais totalement invraisemblable donc démystifiant l’effet escompté) de la précédente version. Surtout qu’en plus, Frank Oz et son scénariste terminent le film par un petit coup de théâtre inattendu, excellent grâce au talent de Glenn Close, qui donne une autre dimension à toute cette satyre plus réussie qu’on ne le croit. Malgré son échec, l’édition DVD propose un bon nombre de bonus des plus intéressants, qui sont essentiellement constitués par des reportages sur le tournage et qui vont complètement dans le sens voulu par Oz et Rudnick, à savoir montrer du doigt que le côté science-fiction de cette histoire part tout de même d’une réalité qui est bien là : tous ces manoirs énormes construits par des nouveaux riches issus de l’électronique ou l’informatique et n’abritant qu’un couple et un enfant, des villages aseptisés par la perfection des jardins et des relations banales entre les gens, etc... Voir Glenn Close dire qu’elle a vécu dans la ville du tournage dans son enfance mais qu’heureusement, ce n’est pas ainsi de nos jours avec un petit sourire et un haussement de sourcils à moitié dissimulé, ne trompe personne. On apprend aussi que malgré l’échec de la première version, le terme Stepford est monnaie courante aux States pour qualifier certaines femmes ! Enfin, à noter dans les scènes coupées, le final en intégralité qui achevait de donner au film son ton complètement décalé et loufoque et qui fut donc raccourci par Oz pour ne pas trop tomber dans la parodie. En tout cas, malgré son affiche ratée par rapport au sujet, ne vous y trompez pas, Et l’homme créa la femme est bien un film fantastique, plus intelligent que la version dont il est le remake, manquant seulement d’un peu plus de nervosité et de froideur. Et le roman ? Je ne sais pas, je ne l’ai pas lu mais si on se réfère aux propos de Brian Forbes dans les bonus du DVD des Femmes de Stepford, il est très proche de sa version à lui. A l’occasion, on vérifiera.

Note : film : 7/10 DVD : 8/10 (copie excellente, format 1.85 respecté, image 16/9ème compatible 4/3, vostf)
Bonus (vostf) : commentaire audio de Frank Oz ; documentaires sur le tournage et la création de Stepford, de ses femmes et de ses hommes ; scènes coupées.

Stéphane Thiellement



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