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Titre : Samson Dan Delilah
Réal :
Avec : Paul Haye (Samson)-
Suzanna (Delilah -
Durée : 95 minutes -
Origine : Indonésie
Année : 19..
Genre : Fantasy Martiale
Editeur : FIP
Suite : Heureusement aucune !
objective : 1/6, subjective : 5/6 !!!
Résumé :
Indonésie, sous l’occupation hollandaise. Un orphelin dont les parents furent assassinés durant sa jeunesse est recueilli par un vieil homme qui le change en athlète surpuissant. Il l’appelle Daman et le jeune homme grandit paisiblement. Un jour, il rencontre la fille d’un général nommé Delilah et la sauve de l’attaque d’un buffle. La demoiselle tombe immédiatement amoureuse des gros muscles de Daman en se demandant très visiblement s’ils sont tous de la même taille. Comme elle connaît ses classiques, Delilah rebaptise le musclé niais Samson et chacun l’appelle dorénavant ainsi sans que l’on en comprenne vraiment l’intérêt. Mais le guerrier refuse les avances de Delilah et s’érige sauveur du peuple.
Critiques :
Quel film ! L’intrigue, complètement farfelue, joue la carte de la démonstration délirante et, malgré un manque de moyens avéré, le cinéaste en donne au spectateur pour son argent. Dans un univers d’heroic-fantasy, il envoie une série d’adversaires de poids pour lutter contre Samson. Personne ne songe d’ailleurs à lui tirer dessus et chacun préfère le combattre à la loyale. Autre temps, autres mœurs !
Le premier méchant est un cyclope nommé justement le Cyclope. Avec son maquillage incroyable (de la plasticine et un œil globuleux collé sur le front) l’ennemi ne paraît guère méchant. Pourtant il tente avec ses amis de violer une amie de Samson. C’est trop et le fier héros extermine la racaille dans de belles giclées gore très mal foutues qui surprennent d’ailleurs dans un métrage aussi naïvement familial.
Ensuite, intervient un cruel sorcier dans la grande tradition du cinéma bis indonésien. Le personnage enterre vivant Samson mais celui ci s’échappe d’un bond (un mannequin gonflable très apparent) et coupe en deux le maléfique magicien. Les jambes continuent alors d’avancer en pissant le sang alors que le tronc ricanant se retrouve au sommet d’une colline. Samson jette finalement les membres inférieurs dans l’océan et, inexplicablement, la partie supérieure s’enflamme aussitôt. Très curieux.
Il faut encore citer les gueules absolument ahurissantes des acteurs, dont un militaire retors affublé d’une moustache factice totalement grotesque. Chaque interprète semble de fait vouloir établir un nouveau record de cabotinage qui n’a d’égal que leur total manque de charisme.
Mais la star du film demeure le culturiste Paul Haye : dès le générique, les cinéastes vendent leur poulain et, pour un peu, le public s’attend à ce qu’ils donnent son numéro de téléphone et le prix pour une saillie.
Car il fut quand même :
– Second Monsieur Australie 1987. (là ça en jette)
– Monsieur Banlieue 1982 (ça en jette moins !)
– Monsieur Banlieue Ouest, toujours en 82 (encore moins !!)
– Monsieur Univers du Sud (c’est cela oui ??!!)
– Second Monsieur Australie du Sud Est (!!)
– et carrément, troisième M. Melbourne 1986.
Le regard éteint, l’air penaud, la non-variété expressive et le manque patent de talent du sieur Haye renvoie immédiatement aux pires acteurs pornos de seconde zone et promet de bons éclats de rire. Comme lors du final où il se retrouve à casser les colonnes d’une maison coloniale pour prouver qu’il connaît, lui aussi, "La Mythologie pour les Nuls" sur le bout des doigts. D’ailleurs il supplie Allah de lui donner la force et nul ne songe à l’arrêter quoique la scène dure une bonne minute. Personne ne fuit non plus alors que tombent des blocs de frigolites imitant très mal (mais alors très mal) la pierre ! Au long du spectacle, Samson casse d’ailleurs énormément de choses, toutes plus mal imitées les unes que les autres : il brise des rochers, déracine des arbres, lance des buffles ou des charrettes, etc. Un catalogue de clichés hérités des plus mauvais péplums ! Quant il se bat (souvent), on voit évidemment que les coups ne sont pas portés et que Haye ne connaît rien aux arts martiaux. Un régal !
Une autre scène mémorable montre déjà le valeureux guerrier enchaîné dans le désert demandant un peu d’eau à Allah le miséricordieux. Un soldat rigole et lui conseille plutôt "si tu as soif tu n’as qu’a boire ta sueur" mais Allah est grand et exhausse son dévot en lui envoyant une belle averse. Un grand film religieux, donc.
Autre réplique irrésistible : Delilah tente de séduire le balourd par un touchant "que m’importe de vivre sans toit si je peux vivre avec toi". C’est beau comme un texte de Lorie, finalement et les larmes montent alors aux yeux des plus sensibles d’entre-nous.
Mais LE moment clé du métrage réside dans la scène érotique indispensable. Cette séquence m’a d’ailleurs valu une véritable crampe de rire et mérite une place d’honneur au panthéon des passages les plus débiles de l’histoire du cinéma. Là, on atteint les sommets.
Samson offre d’abord une banane à manger à une Delilah ravie qui la suce avidement avec une série d’allers-retours buccaux des plus suggestifs. Ensuite, les tourtereaux récidivent avec de gros piments phalliques qui brûlent le palais mais Samson est un homme, un vrai et il ne montre pas que ça lui pique la bouche. Attentionné, il asperge ensuite le visage de la demoiselle de grosses giclées d’eau symbolique avant une nouvelle réplique anthologique "ne bouge pas Delilah et sort ta petite langue !". Finalement, désireux de passer aux choses sérieuses, le culturiste verse du caramel partout sur le corps de sa partenaire et se met à lui lécher les cuisses (et surtout l’entrecuisse) avec un enthousiasme qui fait plaisir à voir. Hélas, quelques rebelles viennent interrompre les réjouissances : ils craignent pour la vie de Samson ! Mais ce-dernier, un air de contentement satisfait sur son visage bovin, nous avertit, au cas où on n’aurait pas compris que "tout va bien".
Il faudrait encore mentionner, pour être complet, les costumes absolument horribles de Suzanna (Suzanna ! Suzanna ! I’m crasy loving you !) dont une sorte de chemisier Maya l’abeille du pire effet.
Non, en fait il faudrait citer toutes les scènes de ce monument incontournable du nanar triomphant. Imparable pour les fans de Z pur et dur ! Mais attention : c’est du très lourd. Du méga-costaud même ! Alors attention à la surdose !
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