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  Sommaire - Films -  G - L -  LE MANGEUR D’AMES (Id.)
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"LE MANGEUR D’AMES (Id.) " de Alexandre Bustillo & Juilien Maury

Scénario : Annelyse Batrel & Ludovic Lefebvre, d’après le roman d’ Alexis Laipsker Avec : Virginie Ledoyen, Paul Hamy, Sandrine Bonnaire, Francis Renaud Distribué par Star Invest Films 110 mn - Sortie le 24 Avril 2024 - Note : 5/10

Dans notre chère contrée, le cinéma fantastique en général – j’y inclue SF, épouvante, horreur… - a du mal à s’imposer, faute à des budgets limités, et à des talents qui manquent de petits « quelques choses » divers et variés. Les réussites, on les compte facilement. Dans le polar, les nouveaux talents marchent mieux, il faut l’admettre, Yann Gozlan, Xavier Gens, et quelques autres l’ont prouvé avec maestria. Dans le fantastique, c’est plus restreint, on citera surtout Alexandre Aja - mais qui est vite parti aux States sans pour autant devenir américain dans son domaine -, Christophe Gans, Xavier Gens again et… Et Alexandre Bustillo & Julien Maury, duo qui ne cesse de tourner ensemble depuis leurs débuts après une carrière journalistique à Mad Movies pour le premier. « A L’Iintérieur » avec Béatrice Dalle fut leur ticket d’entrée, et au fur et à mesure de leurs films, cela gagne en maturité, en maitrise… Mais en même temps, sans pour autant atteindre de plus hauts sommets. Leur précédent, « The Deep House », était en soi leur film le plus ambitieux de par son sujet – une maison hantée sous l’eau d’un lac – mais le film pêchait par des choix scénaristiques piqués aux séries Z – ancien nazi sadique par exemple. Leur préquel à « Massacre à la tronçonneuse », malgré ses défauts, peut être légitimement plus apprécié car il reste dans le climax du classique de Hooper et le duo ne méprise pas cette base, bien au contraire. Avec « Le Mangeur d’Ames », on tombe dans un autre registre, une sorte de polar à la Chabrol conjugué au Grangé des « Rivières Pourpres » - oui, là, ce n’est pas LA référence, avis personnel -, le tout « cuisiné » avec leur « culture », ce qui donne un résultat pas inintéressant, loin de là, mais qui en même temps, garde des scories déjà présentes avant.
Dans un village isolé des Vosges – faut y vivre… -, un meurtre sauvage est perpétré. Elizabeth Guardiano (Virginie Ledoyen, qui joue façon « Le Samouraî », en imper, mains dans les poches, taciturne…), commandante d’un service spécialisé dans ce genre de crimes, est envoyée sur place. Elle croise la route du capitaine de gendarmerie Franck De Rolan (Paul Hamy… Un supplice à supporter son jeu d’acteur style Droopy paumé et qui semble oublier son texte, ou est à côté de la plaque…) qui lui enquête sur des disparitions d’enfants. Leurs investigations croisées vont les emmener sur un trafic de drogue qui n’aurait jamais dû se trouver dans le coin, combiné à une légende ancestrale régionale et à des perversions locales qu’ils n’auraient jamais imaginer.
D’accord il y a une ambiance, via une situation géographique qui ferait passer une forte déprime pour un mauvais réveil. Ensuite, l’élément policier via la drogue, ça, ça passe mal. C’est surtout l’autre enquête, les enfants disparus, la légende du « mangeur d’âmes » qui donne vie au film. Et par moments, le duo Bustillo Maury touche le très bon, on adhère à tout ce monde plongé dans le plus sombre de l’humain. En fait, au début, on pense à l’excellent film de Pascal Laugier, « Le Secret », avant de s’en éloigner quand on commence à voir les sombres desseins apparaitre. Mais c’est aussi là où Bustillo & Maury insèrent des petits détails qui grippent la belle mécanique. On oublie le jeu d’Hamy qui gâche quand même pas mal l’adhérence à l’histoire, et on découvre d’autres scènes qui font tiquer. Certes, Sandrine Bonnaire est à contre-courant de ce qu’on lui connait mais quand elle annonce la disparition d’un enfant, elle reste tranquille debout avant de se retrouver dans un bureau pour répondre aux questions : non, pas possible. La drogue a des effets dévastateurs : moments gênants. Une vidéo montre « une horreur » : sérieux ? Alors, oui, au final, le résultat n’est pas trop mal, car on avance vers le mieux, même et surtout cinématographiquement. Mais avec une histoire manquant de rigueur(s), la version cinéma aurait pu et dû l’emmener vers un ailleurs encore plus meilleur, ambitieux, implacable... Désolé Alex et Julien, mais ce n’est pas encore ça, pour moi…

Stéphane THIELLEMENT



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