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  Sommaire - Films -  A - F -  LE DERNIER VOYAGE DU DEMETER (The Last Voyage of the Demeter)
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"LE DERNIER VOYAGE DU DEMETER (The Last Voyage of the Demeter)" de Andre Ovredal

LE DERNIER VOYAGE DU DEMETER (The Last Voyage of the Demeter) Réalisateur : Andre Ovredal Scénaristes : Bragi Schut Jr et Zak Olkewicz, sur une idée de Bragi Schut, Jr d’après le carnet de bord du Demeter, publié dans le roman « Dracula » de Bram Stoker Avec : Corey Hawkins, Liam Cunningham, Aisling Franciosi. Distribué par Universal Pictures International 118 mn - Sortie le 23 Août 2023 - Note : 9/10

Comment faire du neuf avec du vieux ? Comment reparler de Dracula sans en faire une énième version dont on connait à peu de choses près tous les détails ? En se fixant sur quelques pages du roman qui relatent le voyage du vampire des Carpathes à Londres à bord d’un navire marchand, le Demeter. Voilà, la critique est finie ! Plus sérieusement, de ces quelques lignes, « accoucher » d’un scénario pour un film qui donnerait un angle nouveau à un des mythes du fantastique parmi les plus mondialement célèbres qui soient, il fallait oser. Et c’est arrivé, et voilà le résultat, et au final, il fait beaucoup de bien à un genre qui se repose trop sur des concepts qu’on use et abuse jusqu’à l’usure, faute d’essayer d’innover. Comme pour les « Scream », « Conjuring », en soi pas nuls non plus, mais qui ne surprennent plus, avec de temps en temps un regain de vitalité avec un « Smile » (que je n’aime pas du tout personnellement) ou un « La Main » (que j’aime beaucoup personnellement).
A la fin du 19ème siècle, le Demeter accoste en Bulgarie pour un chargement à livrer en sa destination finale de Londres. Mais au vu d’un symbole peint sur les caisses chargées sur le navire, quelques marins annulent leur contrat. Le Dr Clemens qui vient de se voir refuser son poste à la cour du roi de Roumanie du fait d’être noir, en profite pour se faire engager et rejoindre ainsi son pays qui, malgré ses diplômes, l’a chassé pour les mêmes raisons. Au bout de quelques jours, d’étranges incidents surviennent avant d’embrayer sur des morts violentes et sanglantes. Peu à peu, les survivants se rendent compte que ces caisses abritent un mal absolu, confirmé par une jeune fille prisonnière de l’une d’elles, sauvée par Clemens, et qui va finir par avouer qu’un monstre est à bord, une créature assoiffée de sang, qui cherche une nouvelle terre d’asile.
Comme ça, même si ça vient de Dracula, on va plus penser au premier « Alien » - la base est la même. Maintenant qu’on se resitue à l’époque de cette histoire, très vite, Dracula prend forme, et il ne reste plus qu’à se laisser embarquer dans un voyage en plein cauchemar assez inédit. Un trois-mâts, les tempêtes, un monstre sanguinaire, un équipage pris aux piège entre els éléments maritimes et un ennemi invisible, qu’ils ont du mal à accepter, tel est ce « Dernier voyage du Demeter » qui nous replonge avec « délice » dans une épouvante gothique assez disparue aujourd’hui à quelques rares exceptions (l’excellente mini-série « Midnight Mass » de Mike Flanagan, lequel a adapté « La chute de la maison Usher » dont on peut légitimement attendre beaucoup, et la prochaine version de « Salem » d’après Stephen King) qui fait référence à la glorieuse époque de l’épouvante Hammer, qui s’éclipsa quand le genre vit arriver ce qui le dépoussiéra via "La nuit des morts-vivants », « Rosemary’s baby », « Massacre à la tronçonneuse », Dario Argento… Personne ne s’en cache dans ce film, et André Ovredal, cinéaste norvégien découvert avec l’intéressant « Troll Hunter » et surtout avec le terrifiant « The Jane Doe Identity » et le film à sketchs « Scary stories » encore moins. Tout est là pour transformer le château des Carpathes en vaisseau fantôme, découvrir des victimes exsangues, et faire (re)naître ces vieilles peurs d’antan. Alors oui, les décors sont remarquables, le monstre très impressionnant, mais Ovredal aurait pu être encore plus ambitieux avec un tel matériau. Surtout que par moments, il l’est ne serait-ce qu’avec le choix d’une victime, qui montre encore plus la monstruosité de la créature pour qui ce voyage vers un ailleurs considère que ce bateau n’est rien d’autre que son garde-manger durant tout le voyage ! Tout ceci, en l’état, fonctionne tout de même très bien, et de par son originalité et malgré ses menus défauts, remplit parfaitement bien un contrat d’amener un sang neuf en cherchant dans un vieux pot pour rajeunir un genre qui s’encroûte un peu à force de séquelles et d’ersatz qui perdent de leur mordant.

Stéphane THIELLEMENT



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