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  Sommaire - Films -  G - L -  Saint Ange - Martyrs - The Secret - Ghostland
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"Saint Ange - Martyrs - The Secret - Ghostland " de Pascal Laugier

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Pascal Laugier a réalisé quatre films : Saint Ange, Martyrs, The Secret & Ghostland. J’ai chroniqué trois de ces films dans mes deux livres : "123 ans ..." et "128 ans...". J’offre aux lecteurs de sfmag.net ces trois chroniques. Voici d’abord l’interview de Pascal Laugier par Marc Sessego disponible dans le volume "123..." : Un remake de Hellraiser était en préparation. Pascal Laugier a été sollicité, mais n’a pas donné suite. Voici ce qu’il en dit dans une interview publiée dans sfmag N° 78, réalisée par Marc Sessego à l’occasion de la sortie du film The Secret du réalisateur : « (…) un metteur en scène c’est comme un acteur, vous avez dix conférence call, vous avez dix réunions, voilà… j’ai donc essayé deux développements là-bas (à Hollywood NDLR), un pour « Hellraiser », un autre pour un film de « Paramount » et j’ai vite compris que nous n’avions pas du tout la même idée en tête concernant le film que l’on voulait développer et… je suis parti. SFMAG : Je crois que « Bustillo » et « Maury » se sont aussi « cassé la figure » sur Hellraiser ? PL : Oui, juste avant moi. Il y avait déjà, pour eux, le studio sur « Hellraiser » et un problème de droits. Je crois qu’ils voulaient faire un « slasher » avec « Pinhead » qui tue les adolescents en balançant des punch lines. Ce n’est pas du tout « Hellraiser ». Dans mon draft ils ont enlevé toutes les allusions à l’homosexualité, à la sexualité « SM » qui est le fondement même d’Hellraiser. Hellraiser parle de la sexualité « cuir » de Clive Barker, ça ne parle que de ça et si vous enlevez cela ce n’est plus « Hellrai-ser ». C’est juste un mauvais slasher pour adolescents, donc pour moi ils ne voulaient pas faire Hellraiser. J’ai même reçu un email du manager de Clive Barker me disant que Clive avait adoré mon traitement, mais que jamais Hollywood ne me laisserait faire ce film-là. (…) » VOILÀ ! Et voici mes trois chroniques disponibles dans mes deux gros volumes !

Saint-Ange de Pascal Laugier (2004). C’est un film sur la culpabilité et sur un phénomène psychanalytique des rêves que Freud avait qualifié de « cristallisation » : il s’agit de transférer sa culpabilité sur un autre personnage du rêve que soi-même. C’est ce que fait Anna et c’est toujours l’explication rationnelle que l’on peut donner aux hantises. Ici, la folle n’est pas celle que l’on croit, mais la folie règne dans la maison elle-même. Le réalisateur ennuie un peu le spectateur, car certaines scènes tirent vraiment trop en longueur. Mais ce cinéaste a de l’avenir. Les deux actrices ne sont vraiment pas convaincantes. Ceci dit, Saint-Ange mérite d’être vu… Beaucoup de spectateurs se sont posé bien des questions sur ce film. J’ai d’ailleurs eu des échanges avec des lecteurs par Internet. Voici ce que j’en pense. Le personnage joué par Viginie Ledoyen veut cacher son état (elle est enceinte) : plusieurs scènes la montrent à comprimer son ventre, ce qui soi dit en passant n’est pas très bon pour le bébé. A-t-elle peur de ce qu’en penseront ses "collègues" ? Pas du tout puisque lorsqu’elles découvrent son état elles l’admettent et même s’en réjouissent. La culpabilité vient donc de chez elle... Elle a visiblement été torturée. Peu me chaut de savoir par qui. Comme toute victime (mais a-t-elle été victime ? nous ne le saurons jamais...) elle a une fascination pour son bourreau... Elle cristallise donc sa culpabilité sur l’autre fille et le sadisme dont elle a été "victime" sur la femme d’origine polonaise. Une scène centrale le montre : lorsqu’elle croit que la "folle" (mais l’est-elle vraiment, ou n’est-ce pas plutôt elle qui l’est ?) est montée dans la maison parce qu’elle l’entend et qu’ensuite elle la voit pourtant dehors... et aussi une autre, celle des chatons noyés qui semble montrer la culpabilité de la femme d’origine polonaise. Tout le film fonctionne ainsi comme un rêve, un cauchemar...
L’existence des enfants comme fantômes ?
Si j’avais fait ce film, je n’aurais pas traité cette question comme le scénariste l’a fait. Car lui, il met en scène dès le début l’existence des enfants comme fantômes avec le prélude où le petit garçon et la petite fille vont aux toilettes et que le petit garçon VOIT un fantôme au travers de la glace. Donc selon le film, les enfants sont des fantômes.
Mais je dirais, comme toute hantise, ils représentent une culpabilité et c’est cette culpabilité qui est cristallisée sur les deux autres personnages, l’outil de cette cristallisation étant les fantômes (et non le rêve, car finalement selon le film, la jeune fille ne rêve pas). Elle finit grâce aux fantômes à réaliser ses désirs (car Freud n’a-t-il pas dit que le rêve n’était que la satisfaction d’un désir ?) SON désir : ne pas avoir cet enfant...

The Secret (The Tall man) de Pascal Laugier (2012)
La scène du sauvetage du nouveau-né filmée à travers la vitre semi opaque est superbe. Elle aura toute sa signification plus tard…
Ça c’est du cinéma : ça explique tout par de simples images, du son et un léger travelling… Enfin, pas tout, heureusement.
Il y a une épidémie de disparitions d’enfants : « Quelque chose de si menaçant, si terrifiant… » dit la voix off.
Le responsable c’est le Tall man !
J’adore le générique avec les inscriptions sur le sol filmées par hélicoptère.
Jessica Biel est extraordinaire, le film aussi.
Tous les plans ont un sens.
Woahou ! Quel film ! Quelle claque !

Ghostland de Pascal Laugier (2017) Superbe film ! Superbe scénario.
Attention, cher lecteur : cramponne toi, ça secoue !
H.P. Lovecraft est cité en prologue : « Écrivain d’épouvante génial. Le meilleur ? De loin. »
Un petit garçon court… Une voiture passe juste après qu’il a traversé la route. Dans le véhicule, une jeune fille lit un texte. Elle est avec sa mère. « On aurait dit du Lovecraft ». C’est elle qui a écrit le texte.
Un très gros camping-car les double dans lequel quelqu’un leur fait des signes amicaux. Les deux femmes s’arrêtent dans une épicerie. On apprend alors ce qu’elles viennent faire ici : voir la maison d’un membre de la famille qui est décédé. Elle voir le camping-car par la fenêtre. Dans le journal il est question de la cinquième victime d’un tueur : « un homme rentre dans les maisons, tue les parents, mais pas les enfants qui restent avec les cadavres... »
« C’est la baraque de Rob Zombie ! »
« C’était quoi son problème avec Clarisse ? »
Une vieille maison avec plein de vieilleries. L’une des filles a ses règles. Sa sœur ne l’aime pas. Elle est un peu méchante, et… jalouse !
« Je sais que tu la préfères ! »
Le camping-car arrive, menaçant (à cause de la musique). Des poupées et des masques terrifiants accrochés aux murs.
Un gros type est entré et assomme la maman. Puis il poursuit les filles et les attrape par les cheveux, il les tire comme ça. C’est très flippant. Il étrangle l’une d’elles (est-elle morte ?). Une femme arrive. La mère n’est pas morte et réagit en agressant la femme. L’autre ne fait rien pour l’aider, terrifiée. La mère tue la femme et aussi… le gros type salaud…
Ah ! Tout cela n’est pas réel, c’est un cauchemar de la fille. Enfin, on est juste sûr que c’est un cauchemar… Elle est consolée par un homme jeune. Cette jeune femme est Elizabeth Keller, l’écrivaine qui écrit en tapant sur une vieille machine à écrire. L’auteure est célèbre et fait des grosses ventes. « Ils t’adorent. »
Elle est interviewée. Ce livre est-il autobiographique ? Raconte-t-il l’histoire ci-dessus ? Le gars est son mari, ils ont un enfant.
La femme reçoit un coup de fil de sa sœur Vera qui appelle au secours.
« Ils n’auraient jamais dû rester dans la maison, il faut l’hospitaliser tout de suite. », dit-elle.
Elle y va… La porte est fermée, elle frappe et crie « Manon ». Sa mère survient du jardin et lui dit que Vera se repose.
Nous revoilà dans la maison de la terreur du début.
Les rapports mère-fille sont ambigus. Du côté de la maman. Vera vit dans la cave ! Elle agresse sa sœur. Sa mère arrive. Vera appelle à l’aide : « Aide-moi ! » (Rappel : Keller signifie cave en allemand). La nuit elle est effrayée par une poupée qui est venue là. Puis se réveille : un cauchemar. Pas bon signe. Sur le miroir de sa chambre, une inscription crie : « Aide-moi ». Elle descend dans la cave. Vera : « Tu vas me laisser mourir toute seule ? Ils se vengent sur moi et tu n’es pas là ! »
Le son d’un klaxon retentit : « Le camion ! C’est le camion ! » Elle remonte et le camion repart. C’était une livraison. Sa mère pousse une brouette pleine de poupées.
Ce soir, la mère est saoule. Il est question du talent d’Elizabeth. Pendant ce temps, travelling sur les poupées de la cave.
La mère dort. Des bruits dans la maison. Elizabeth trouve sa sœur enchaînée au lit, surmaquillée. Elle sort de la pièce pour aller chercher les clés des menottes et la porte se ferme. Vera hurle dans la chambre fermée à clé. Sa mère lui dit : « Je ne la ferme pas à clé. » Vera bouge comme si elle recevait des coups et en rendait. Ses doigts sont tordus. La mère sort pour montrer le chemin à l’ambulance. Elizabeth reste seule avec Vera qui a disparu et s’est enfermée dans la cave…
Elle entend une voix d’homme : « On a brisé ta sœur, maintenant c’est ton tour, ah ah ah ! » Puis elle voit le tueur du début, et hop ! plus rien. Elle s’endort… et quand elle se réveille, elle se fait agresser par la femme du début !
(Quel labyrinthe !)
Puis elle se réveille avec le chant d’un tourne-disque… Elle est enfermée dans la maison. Elle va dans la cave après avoir cessé de pleurer.
« Vera ? »…
« Qu’est-ce que tu m’as fait ? »
Elle se retrouve dans les événements du début, mais cette fois la mère été tuée. Elle est donc prisonnière avec Vera !
« On est toutes seules, maintenant… » Elle niait la réalité…
« Tu es revenue ? » lui dit Vera.
« Je te déteste Vera ! »
Arrivent les tortionnaires… Vera lui conseille de ne rien faire…
Elles sont battues à mort [Un film sadique].
On la maquille et la place au milieu des poupées.
Un homme et une conne arrivent. Le con attrape une poupée, s’assoit, la couche sur ses genoux et soulève sa jupe. Puis, il brûle son bras avec un chalumeau, revient, attrape Elizabeth et la pend par la jambe, puis l’allonge sur ses genoux.
Ce film est sadique !
Elizabeth échappe au chalumeau et blesse le type avec une épingle à cheveux. Il s’énerve et détruit les poupées… Elle s’échappe… Mais il la rattrape et la tient par les cheveux. Bagarre. Ils sont enfermés dans la cave, elle l’assomme, récupère la clé de la porte et hésite à l’ouvrir, car la mauvaise femme est à côté… D’ailleurs, cette salope casse la porte à coups de masse. Elizabeth laisse des indices de façon à faire croire à la femme qu’elle s’est enfuie, alors qu’elle est dans une armoire, mais avec une poupée qui ricane. Elizabeth sort… Personne… Mais… La femme est sortie… Elizabeth ouvre la porte de la cave et appelle Vera… Elles sont deux… Elles réussissent à s’enfuir dehors…
Mais, dans ce film, on s’attend toujours au pire…
Elles courent dans la forêt. (Ben oui…)
Une voiture de police… Avec deux policiers : une femme et un homme. Le camion arrive… Et les flics se font tuer par la salope.
Hein ? Qu’est-ce que je vous disais…
Elizabeth est retournée dans son délire. Elle revoit sa mère qui lui dit : « Ton monde est parfait ! » Lovecraft lui dit que son livre est un chef-d’œuvre… Mais, elle voit sa sœur… et l’entend crier !...
« Ne l’écoute pas Beth, il n’y a rien pour toi là-bas ! dit sa mère,
Oui, mais c’est ma sœur !
Alors, vas-y ma chérie ! »
Le gros connard l’étrangle, mais une poupée l’interrompt. Elle accourt pour aider sa sœur… et la police intervient et tue le gros… et la femme ensuite…
Mais ? Il n’y a pas de « mais » !
Bravo Beth ! (Elizabeth)
Quand elle attend d’être mise dans l’ambulance, elle voit sa mère à la fenêtre. Un toubib l’ausculte dans l’ambulance. On est encore tout tendu, on s’attend encore au pire…
Elle dit : « J’aime écrire des histoires ! » (Moi aussi)
Un film plus terrifiant encore que « Massacre à la tronçonneuse… »

Je n’ai pas (encore ?) vu Martyrs... Si j’ai le courage de le regarder et n’ai pas d’autres films à voir, je publierai la chronique dans mon troisième volume à venir (si Dieu me prête vie...)

Alain Pelosato

Préférer la version en deux volumes reliés revue et corrigée en 2022

https://www.amazon.fr/dp/B0BDXFB9LS

https://www.amazon.fr/dp/2915512760

Et sa suite :
128 ans de cinéma fantastique
et de SF...Deuxième partie (Mise à jour 1951-2023)

https://www.amazon.fr/dp/249427110X
Après la parution de son monumental livre «  123 ans de cinéma fantastique et de SF – essais et données pour une histoire du cinéma fantastique 1895-2019 » paru en janvier 2019, Alain Pelosato a continué à regarder des films et des séries de télévision  ! «  Quand on écrit ce genre d’ouvrage », explique l’auteur, « c’est sans fin puisque des films et des séries, il continue à en sortir sans cesse  ! Il faut donc prendre la décision de s’arrêter pour publier. C’est pourquoi j’écris et publie régulièrement des mises à jour depuis 1998.  »
De plus, certains éditeurs de DVD ressortent des films des archives et les publient, il y a aussi la télévision et les plateformes sur Internet. Du coup, le présent livre couvre la période 1951 à 2023.
Voici donc la dernière mise à jour : un livre de 513 pages grand format (20,32x25,4cm) avec plus de 2120 entrées dans l’index sur 20 pages !, c’est dire s’il contient beaucoup de chroniques, d’analyses et aussi, la spécialité de l’auteur, de vastes mises à jour de listes thématiques de films (taxinomie du cinéma fantastique). Bonne lecture  !



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