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  Sommaire - Films -  A - F -  Affamés (Antlers)
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"Affamés (Antlers) " de Scott Cooper


 


 


 


 


 
 
 

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Affamés (Antlers) Scott Cooper

Scénario : Nick Antosca, Henry Chaison & Scott Copper, d’après « The Quiet Boy » de Nick Antosca
Avec : Keri Russell, Jesse Plemons, Graham Greene, Amy Madigan, Jeremy T. Thomas
Distribué par The Walt Disney Company France
97 mn - Sortie le 17 Novembre 2021 - Note : 7/10

Le nouveau Scott Cooper, celui qui a signé les excellents « Crazy Heart » (Oscar du meilleur acteur pour Jeff Bridges en chanteur de country autodestructeur), « Les Brasiers de la Colère » (polar social nihiliste avec Christian Bale, Casey Affleck & un Woody Harrelson qui n’a jamais été aussi malsain), et le superbe « Hostiles », western avec Christian Bale en nordiste raciste accompagnant un chef indien à sa réserve pour y mourir tranquillement, une œuvre magnifique d’une rare intensité humaine. Des ratages aussi comme l’affreux « Strictly Criminal », portrait raté d’un gangster minable campé par Johnny Depp.

Qu’importe, son nom sur une affiche ou un projet fait tout de suite son effet, le plus est quand le film est produit par Guillermo Del Toro. Et de découvrir que Cooper a de nouveau œuvré dans un genre radicalement de son petit dernier, ici il s’attaque à l’horreur…
Julia Meadows revient dans son village natal après plusieurs années d’exil. Maîtresse, elle s’intéresse au cas d’un gamin malingre, Lucas, qui ne parle pas, se sauve après les cours. En cherchant qui il est et où il habite, Julia va découvrir une terrifiante réalité qu’elle ne pensait pas voir un jour, et comprendre que le danger est encore plus grand pour Lucas.

Un mélange de thèmes dont certains chers à Scott Cooper, pour un résultat légèrement hybride, mais qui devrait mieux s’appréhender à une seconde vision, quelque temps après. Comprenez qu’ « Affamés », c’est le côté social américain d’un environnement économiquement pauvre – la sidérurgie, l’industriel, le tout dans un bled pas des plus gais – comme dans « Les Brasiers de la Colère » conjugué à un pan de l’histoire américaine avec la culture indienne – donc qui suit « Hostiles » - le tout mis dans un domaine totalement inédit pour Cooper, l’horreur qui plus est fantastique puisqu’il est question d’un démon, un vrai monstre, plutôt original et assez terrifiant en soi. L’ensemble s’avère séduisant au début, assez dérangeant même avec ce gamin qui doit supporter un quotidien abominable, mais qui l’assume, c’est sa famille, avec ses lois et ses liens du sang, et quand on n’a rien d’autre… Côté horrifique, « Affamés » assure son cahier des charges, ainsi qu’en fantastique en allant puiser dans la mythologie indienne avec leur seul démon, et tout le monde répond en cœur : le Wendigo. Créature qui jusqu’ici n’a jamais eu les honneurs d’un film digne de sa renommée, séries Z dominant le marché le concernant. Tout cela se devine très vite, s’accepte même, sauf que dans les points négatifs du film, il y a tout ce qui met les points sur les « i » et les barres sur les « t » le concernant, le pire étant Graham Greene, ancien shérif, qui avec un bout de corne, annonce tranquillement que tout ça est l’œuvre d’un Wendigo, sans demi-mesure, sans hypothèse, nan, nan, c’est un Wendigo. Ridicule effectivement, tout comme la scène finale. Bon, mais il y a tout le reste, un descriptif du milieu de l’action rappelant la ville des chasseurs devenant soldats au Viet Nam de « The Deer Hunter », un relationnel familial terrifiant et très bien agencé pour mettre plus que mal à l’aise, et même s’il apparaît peut-être trop rapidement, un Wendigo comme on n’en a jamais vu. Cooper sait filmer et écrire, il sait rendre son histoire comme toujours plus que prenante – à quelques rares exceptions comme Strictly Criminal » -, et son incursion dans le genre ne s’oubliera pas, et risque avec le temps, d’être souvent cité, car oui, en soi, une fois digéré et qu’on y repense, on a rarement vu un film tel que celui-ci, définitivement adulte, malsain, social, terrifiant, pas parfait, mais loin d’être imparfait, qui va très bien vieillir, c’est certain.

Stéphane THIELLEMENT

Voir les interviews de Jesse Plemons et de Kerri Russel dans sfmag No 113 en kiosques du 25 octobre 2021 au 25 janvier 2022
 



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