Bénéficiant d’un budget de 18 millions de dollards Mamuro Oshii nous offre un superbe film d’animation de type cyberpunk-philosophique présenté au festival de Cannes 2004.
Bien des années après la disparition du Major Kusanagi deux des membres de la section 9 mènent une enquête sur des meurtres perpétrés par des robots domestiques. L’innocence dont il est question est-elle celle des victimes ou celle des robots : ces poupées apparemment sans âme et transformées en machines à tuer ? Comment ? Pourquoi ? A l’intérieur de leur cerveau on trouve un message en boucle : "Aide-moi !".
Les deux enquêteurs sont Batou le fidèle de Kusanagi et Togusa le plus humain (dans le sens biologique du terme ) des agents de la Section 9. C’est d’ailleurs lui qui exerce le commandement de la Section 9 sur le terrain, bien qu’il soit conscient qu’il ne pourra jamais égaler le major Kusanagi, dont la mémoire est toujours recherchée bien qu’elle soit devenu un pur esprit dans le cyberspace.
Bien que basé sur un épisode du manga inutilisé dans le premier film le sujet est traité de manière plus accentuée. Les lecteurs du manga reconnaîtront les mêmes scènes comme par exemple quand Batou et Togusa hésitent pour savoir qui va passer en premier pour affronter un Yakusa. Mais alors que dans le manga Masamune Shirow n’avait placé qu’un sniper, Mamuro Oshii leur envoie une horde de Yakusas cybernétisés, les chargeant à cout de sabre, de mitraillette et de grenades. De même là où il n’y avait qu’un banal navire ils découvrent une véritable forteresse flottante hi-tech, ce qui donnera l’occasion d’une double attaque à la fois cybernétique et avec la bonne vieille méthode du flingage.
Mamuro Oshii impose sa marque dans l’action comme dans la réflexion. Même lorsqu’il travaillait sur Lamu et Patlabor il n’avait pu s’empêcher de placer des réflexions philosophiques et religieuses. Ici les deux héros enquêtent tout en citant l’Ancien Testament, Milton et Platon (rappelons que le mythe de la caverne de Platon était largement présent dans Avalon). De même il a l’habitude de placer à chaque fois son chien dans son oeuvre. Ainsi le chien de Batou permet d’affirmer l’humanité de ce cyborg. Son attachement à son animal domestique permettra à ses ennemis de lui tendre un piège (une situation similaire à celle de l’héroïne d’Avallon). Lors d’une scène l’immobilité du chien et de son maître surprendra le spectateur jusqu’à ce que le chien cligne de l’oeil. Non, l’image n’était pas figée. Simplement à la différence de son chien Batou, du fait de ses yeux cybernétiques, est incapable de bouger ses paupières. Son humanité est intérieure.
Ghost in the shell Innocence (Innocence : Kôkadu Kidokai) _ Réalisé par Mamoru Oshii _ 1h 40mn _ Version Originale
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