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  Sommaire - Films -  G - L -  Le cas Richard Jewell (Richard Jewell)
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"Le cas Richard Jewell (Richard Jewell) " de Clint Eastwood

 

Scénario : Billy Ray, d’après un article de Marie Brenner & le livre de Kent Alexander & Kevin Salwen
Avec : Paul Walter Hauser, Sam Rockwell, Olivia Wilde, Jon Hamm, Kathy Bates.
Distribué par Warner Bros. France
131 mn - Sortie le 19 Février 2020 - Note : 8/10

Et Clint Eastwood de s’intéresser de nouveau au mythe du héros américain, et après les plus célèbres, de prendre les plus « normaux », anonymes parmi les anonymes, de ceux qui du jour au lendemain sortent de l’ombre pour un ou des exploits extraordinaires. Bon, on a encore en mémoire le ratage de « 15.17 pour Paris », mais que suivit l’excellent « La Mule ». Ici, un nouveau cas, connu même jusqu’à chez nous : celui de Richard Jewell. Qui ? Richard Jewell, mais si…
Atlanta, les Jeux Olympiques. Richard Jewell est un des vigiles chargés d’assurer la sécurité dans le périmètre des festivités. Trentenaire célibataire vivant avec sa mère, Jewell n’a qu’un but dans la vie : servir au mieux l’ordre et la justice, être policier. S’il n’arrive pas encore au poste désiré, il le côtoie en étant gardien de sécurité à droite et à gauche, sur un campus où il outrepasse parfois ses droits et limites pour ce souci de rigueur. Et c’est aux abords d’une estrade que ce soir-là, Richard remarque suite à la dispersion d’un groupe de jeunes trop bruyants, un sac resté sous un banc. Il alerte plus haut, lesquels ne le prennent pas au sérieux jusqu’à ce que sa ténacité les fasse craquer. Et de découvrir une bombe. Rapidement, policiers et surveillants repoussent la foule, sans éviter l’explosion, mais qui ne fera que deux morts, grâce à l’acation de Jewell. Pour le FBI, qui ne dispose d’aucune piste, et avec l’aide des médias, le coupable ne peut être que le sauveur. Et le héros d’un jour va alors devenir le pire des terroristes.
Qu’est qui a intéressé Eastwood dans cette histoire ? Tout, et ça se comprend : un quidam, pur américain dans l’âme – il adore les armes, est un excellent tireur, est membre de la NRA, et est patriote jusqu’au bout des ongles -, qui de héros malgré lui, mais bourré de courage, sauva des centaines de vies. Lequel devient sous la pression publique et la couardise, la lâcheté, le manque de professionnalisme, la soif de pouvoir – faites votre choix avec ce qui va suivre… - du FBI sur les lieux du drame et des journalistes, la pire des ordures, le rebut de la société qui veut devenir quelqu’un, pose une bombe et joue au samaritain ensuite. Mais là où on aurait pu n’avoir qu’une description en mode thriller de l’affaire, Eastwood valide un scénario où chacun des protagonistes n’est finalement pas si parfait que ça, en bien ou en mal. Même Richard Jewell, dont on devine quand même un manque flagrant de reconnaissance d’autrui, possède dans sa chambre une véritable armurerie. Même le FBI à la base est construit avec d’excellents éléments mais qui s’emmerdent tellement dans la bureaucratie qu’il advient de leur conscience professionnelle. Même une journaliste qui veut décrocher le Pulitzer et n’hésite pas à user de ses charmes, finit par retrouver un semblant de conscience. L’avocat de Jewell se foutait de lui à leur première rencontre, le traitant limite comme un moins que rien par rapport à lui, avocat. Mais au moins, il s’intéressait à Richard, et ce dernier notera ce « respect » et s’en rappellera quand il en aura besoin. Et ce qui s’avère être un excellent thriller policier dramatique sur les uns et les autres, s’avère au final un nouveau portrait de l’Amérique vue par Clint Eastwood, de celle qui le fascine, construite avec des pionniers, des hommes et des femmes bourrés de qualités mais aussi de défauts pouvant être plus que nocifs selon ce qu’ils sont et font. Et quant à Richard Jewell – remarquablement interprété par Paul Walter Hauser, lui, ça y est, on s’en souviendra maintenant -, oui, c’était un héros, mais avant tout un être humain courageux, palliant ainsi le dédain de ses pairs à son égard par une force intérieure peu commune. Et comme pour « La Mule », ce portrait sous le regard d’Eastwood est magnifique, car lui seul arrive aujourd’hui à construire de tels destins dans son cinéma des plus humains. Echec commercial aux States, « Le cas richard Jewell » s’en sortira mieux ailleurs, les américains ayant parfois du mal à digérer et assumer leurs erreurs, même si elles participent à leur histoire…

Stéphane THIELLEMENT

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