– Il leur fallait agir méthodiquement, sans pitié. Trancher la gorge d’un gobelin endormi, l’écraser jusqu’à ce qu’il s’immobilise, puis passer au suivant. Il ne s’agissait pas d’une bataille, mais d’une simple corvée.

La guilde des aventuriers rassemble des guerriers et magiciens qui partent affronter dragons, démons, bandits et trolls. Les aventuriers expérimentés dédaignent la chasse aux gobelins. Ces derniers sont considérés comme des nuisances mineures. De plus, leur extermination n’est guère rémunérée.
Cependant, les gobelins sont nombreux, rusés et impitoyables. De plus certains connaissent la magie. Aussi, inexpérimentés et trop confiants, la plupart des aventuriers débutants succombent rapidement. Or, de nombreux villages sont menacés. De ce fait, l’Hôtesse de la Guilde continue d’envoyer des équipes de débutants à une mort presque certaine pour éviter que des villages soient rayés de la carte.
Mais un aventurier revient toujours de ses quêtes contre les Gobelins. Il est “Goblin-slayer”, le “crève-gobelins”. Nul n’a jamais vu son visage dissimulé derrière un casque. La plupart des aventuriers se moquent de lui à cause de son armure de cuir (l’odorat des gobelins leur permet de détecter le métal) et de ses armes improvisées (dans les souterrains des Gobelins une arme longue heurte les parois).
Ce “light novel” décrit la lutte d’un héros spécialisé dans l’éradication des Gobelins. Curieusement, il n’est pas nommé. D’ailleurs, les différents protagonistes (le Shaman Nain, l’archère Elfe, le Prêtre Lézard, La Prétresse, le Crève-gobelin, l’Hôtesse de la Guilde, la Vachère) sont désignés par leur fonction.
Cette histoire de dark fantasy est éditée en France parallèlement à son adaptation en manga (chez Kurokawa également).
Elle dispose d’une double originalité : outre le sujet (un aventurier se moquant à la fois de la gloire et de l’argent est spécialisé dans la chasse aux gobelins), l’ambiance évoque celle d’un jeu de rôle. Dans cette perspective, les joueurs et maîtres du jeu peuvent être considérés comme les dieux de cet univers. D’ailleurs, on les voit au début du roman lancer les dés. Ceci rappellera quelque chose aux lecteurs vétérans du jeu de rôle, de même que la notion de « coup critique ».
L’atmosphère sombre introduit un réalisme inquiétant qui affine l’histoire.

Damien Dhondt

Auteur : Kumo Kagyu, Illustrations : Noboru Kannatuki _ Goblin Slayer tome 1 _ Traduction : Sandy Julien _ Edition Kurokawa, collection KUROPOP _ septembre 2018 _ Inédit, grand format, 312 pages _ 9,90 euros