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Avec Desmond Harrington, Udo Kier, Melissa Sagemiller.
Distribué par Bac Films.
Sortie le 8 Septembre 2004.
84 mn.
Prix de la Critique & Prix du Public Festival du Film Fantastique de Gerardmer 2004
Note : 8/10
LOVE OBJECT
Kenneth (excellent Desmond Harrington, le « héros » de Détour mortel) est un gratte-papier des plus consciencieux oeuvrant pour une firme spécialisé dans la rédaction de manuels d’utilisation. Seul problème : à part son métier, Kenneth n’a pas de vie privée « vivante ». Il ne sait pas communiquer, il n’a pas de petite amie et il n’a tout simplement pas d’amis. Un jour, il se lance dans un projet peu conventionnel : il fait l’acquisition, pour une somme conséquente, d’une poupée gonflable baptisée Nikki. Grâce à elle, Kenneth reprend confiance en lui au point d’oser aborder la jeune intérimaire qui l’aide, Lisa. Mais parallèlement, sa vie plonge peu à peu dans le cauchemar : Nikki semble imposer de plus en plus son emprise sur Kenneth, et elle montre des signes de jalousie à l’encontre de Lisa. A moins que...
A moins que Kenneth soit fou. Love object est le premier film de Robert Parigi, et si il commence comme une satyre d’une certaine sorte d’individus « de notre époque » vivant repliés sur eux-mêmes, prisonniers de leur boulot et ne connaissant jamais de bonheur privé, le film se dirige peu à peu vers une dimension plus onirique, plus inquiétante, plus terrifiante. La grande force de Love object est d’avoir garder Nikki en tant qu’objet de latex, concrétisation des fantasmes d’un désaxé en puissance qui s’épanouit plus avec l’inanimé qu’avec d’autres êtres humains. Jamais une actrice ne prendra la place de Nikki pour la rendre vivante, si elle le devient, c’est dans notre imagination. Bien sûr, les films sur les poupées ne manquent pas dans le bestiaire fantastique (Magic et sa marionnette vivante, Dolls, Puppet master, etc...) même avec un mannequin (Mannequin, Monique, etc...). Cependant, Love object s’éloigne de toutes ces références pour posséder sa propre identité, pour créer la terreur à partir d’un quotidien qui est proche du nôtre et pour transformer ce voyage au pays de la peur en portrait d’un sociopathe qui est aux limites de la folie. Tout dans Love object est là pour montrer les signes qui ne trompent pas quant à la vraie personnalité de Kenneth. Et quand la fin se rapproche et surgit, on reste médusé devant ce parti-pris implacable mais pourtant si réaliste.
Tel est ce Love object, qui gagna le Prix de la Critique et du Public au dernier Festival de Gerardmer, un premier essai transformé quasiment en coup de maître, une étude psychologique d’un cas de folie urbaine, et un vrai film d’épouvante tant par son bain de sang final que par le malaise qu’il génère au fur et à mesure qu’on connaît Kenneth, jeune garçon bien sous tous rapports, et ses déviances.
Stéphane Thiellement
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