9/10

La jeune recrue Robyn Slinger vient de prendre service au commissariat 10 de la ville de Neopolis (ville qui réunit toutes les personnes aux super-pouvoirs de la planête : super-héros, super-vilains, super-gens ordinaires). Au boulot : on commence à s’occuper des affaires courantes "contrairement au satanisme, la prostitution est encore un délit à Néopolis", les gangs, le trafic de drogue (du sang de mangouste), l’homme invisible à la main balladeuse (description du suspect ?), la sérial-killer extraterrestre (et star de pornos), tout en évitant de se faire écraser par le chauffeur de taxi aveugle ou un courtier en assurances gonflable et en esquivant les avocat-requins (non, ce n’est pas un pléonasme).

Il faut aussi essayer de calmer le grand (très grand) Godzilla, pardon Gograh, qui est complètement bourré (ce qui n’arrange rien), s’occuper des rennes volants du Père Noël qui se soulagent sur la voiture de patrouille et également enquéter sur l’assassinat d’un dieu dans un bar (ce n’est pas homicide mais un "déicide") et il faut vite régler le problème avant que son paternel ne déclenche le Ragnarok, sans oublier les immigrés hongrois allergiques au soleil regroupés en "familles" (on ne dit pas Cosa Nosferatu c’est désobligeant).
Peu à peu les affaires se compliquent. Les ultra-souris envahissent les immeubles ("l’évènement tourne à l’escalade, à la crise secrète et au crossover"), ce qui entraine une altération de la continuité temporelle. L’inspecteur Corbeau parti enquéter sur un monde parallèle se retrouve impliqué dans un combat de gladiateurs (rien n’est perdu il parle à Satan !). L’homme-chien de l’équipe entame une liaison avec une prostituée psyonique. Le mari précognitif d’Irma a eu une vision d’une mort prochaine. Le commissaire Ultima (la grande soeur de Dieu) arrive en inspection. Tous les évènements se succèdent et s’entremèlent jusqu’au dénouement aussi surprenant que spectaculaire de l’enquête commencée au premier tome et face à un adversaire quasiment invulnérable, à moins que...non Irma ! Pas d’armes nucléaires !

Alan Moore fait comme d’habitude preuve de son talent narratif, puisant dans l’imaginaire de l’univers des super-héros et des aventures policières. Les cablés auront reconnu dans la séquence onirique les rêves de l’inspecteur Sipowitz de New York Polices Blues et dans l’incident du téléporteur le célèbre épisode du métro de la série Homicide. Grace à l’excellent Gene Ha il parsème l’album de centaines d’allusions. Ainsi dans la salle d’attente du voyage vers les terres parallèles on trouve l’équipe de Stargate, alors que parmi les spectateurs des jeux du cirque on remarquera deux irréductibles Gaulois. Mais en même temps il utilise cet univers pour créer l’inattendu. Il y a des choses dont on ne s’attendait pas de la part de super-héros. Mais rien n’arrête Alan Moore (pour le troisième tome il fallait oser).

Scénario Alan MOORE, Dessin Gene HA, Encrage : Zander Cannon, Couleurs : Wildstorm FX, Traduction : Alex Nikolavitch Racunica _ Top Ten _ Edition SEMIC B.O.O.K.S _ Inédit, moyen format, couleurs, 103 p. 9,90 euros

Damien DHONDT