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Film américain (2003), Science fiction. Durée : 2 h
Réalisateur : Alex Proyas
Acteurs : Will Smith, Alan Tudyk, Bridget Moynaham, Chi McBride, Bruce Greenwood
Après avoir vu la bande annonce du film, je suis allé assister à la séance avec circonspection. En effet, comment ne pas douter lorsque la bande annonce nous noie sous un déluge d’effets spéciaux, d’explosions et de robots tueurs d’humains ?
Je rentrais donc dans la salle de mon cinéma de quartier marseillais plein d’appréhension et me répétant qu’ I,Robot n’était qu’un film qui s’inspire du livre d’Isaac Asimov. Qu’il n’en était pas tiré et que c’était encore moins une adaptation d’une des nouvelles qu’il contient. Et en effet, le film ne s’inspire que de très loin de l’œuvre. Que retrouve-t-on de commun aux deux ? Bien sûr il y a les trois lois de la robotique.. On ne peut parler d’Asimov sans prendre en compte les lois bien connues. Et à part cela ? Quelques noms lâchés comme cela, US Robots, Inc, Susan Calvin. Mais là encore, seuls les noms sont utilisés, exit en effet la Susan Calvin d’Asimov née en 1982 (l’intrigue étant située en 2035 elle aurait donc du avoir 53 ans) froide et distante. Elle sera remplacée par une jeune et charmante demoiselle ayant bien plus de chances de charmer le héros et le public. Comme dans les nouvelles du livre d’Asimov, tout le film repose sur le triangle d’or, soit disant parfait, des trois lois et les failles qu’il recelle et sur lesquelles on peut jouer. On trouve également nombre de petits clins d’oeil à certaines nouvelles du livre, comme le passage avec le robot qui se cache dans un hangar de robots, mais était-ce un clin d’oeil voulu, ou simplement l’effet de la volonté d’utiliser un effet de foule ? Enfin, cessons de parler des similitudes et des différences entre le film et le livre qui l’a inspiré, cela n’intéresse après tout que les puristes, et parlons du film.
Tout le film est basé sur un suicide suspect et l’enquête que ferra le héros pour prouver que c’est un assassinat et trouver le coupable. Tout au cours de cette enquête, il suivra les indices que lui a laissé le mort... Véritable jeu de piste digne d’une des histoires du club des veufs noirs. Au cours de son enquête il découvrira un robot doué de raison et peut-être même d’une âme. On apprendra aussi pourquoi il est devenu robophobe et on suivra le cheminement intérieur qui ferra grandir le héros et le ferra s’accepter tel qu’il est. Les ronchons, qui diront que le coupable est évident et qu’ils l’ont trouvé dès le premier quart d’heure, auront tout à fait raison. Mais là encore ce n’est pas tellement de trouver le coupable qui a de l’intêret mais bien de suivre l’enquête de Spooner et de découvrir comment il trouve le coupable. Will Smith signe encore une fois une excellente performance dans le rôle de... Will Smith. Il ne peut en effet s’empêcher de lancer des vannes ou des petits traits d’humour dès qu’il le peut. C’est dommage, on aurait aimé un détective plus Elijah Baley et moins Prince de Bel Air. Les multiples passages tournant autour de ses baskets d’une marque très connue (le seul maigre alibi trouvé par les scénaristes est le coté old school du héros) sont d’ailleurs totalement ridicules et font prendre conscience de la place de plus en plus importante que peuvent prendre les sponsors dans un film et par delà même gâcher tout le plaisir de la séance.
Parlons un peu des robots, leur visage lisse et semi-transparent peut choquer quelque peu la première fois qu’on les aperçoit. Mais il faut reconnaître que les animateurs ont fait des miracles, on ne se lasse pas de les voir évoluer, tantôt amicaux et serviables, tantôt agressifs et menaçants. Quant à Sonny, le robot autour de lequel toute l’intrigue est construite, ils ont fait de vrais miracles. Sonny a une vrai personnalité, une véritable interprétation qui en fait un acteur important dans le film, aussi important que Will Smith. Ce ne sont d’ailleurs pas seulement les animateurs qui ont fait des miracles mais bien tout les spécialistes des effets spéciaux. On est presque noyé par un déluge d’effets spéciaux tous plus beaux et réussis les uns que les autres, à un tel point qu’on pourrait se demander si cela ne nuit pas au film et ne le fait pas ressembler à une demo technique plus qu’à un thriller de science fiction.
Pour conclure cette critique, je dirais que le film malgré toutes les critiques qu’on peut lui faire, reste un bon film et surprend même, je m’attendais à bien pire de la part du block-buster estival. On peut toujours regretter ses imperfections et ergoter en disant qu’en faisant cela, qu’en changeant cela, le film aurait été mieux... Mais au final, on ressort de la salle de cinéma content de la séance et sans avoir eu l’impression de s’être fait prendre pour un pigeon, ce qui est après tout le principal.
Jean-Michel Armand
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