L’Empire n’avait jamais connu la paix. Il avait fallu l’édifier, et puis il avait fallu le défendre. Du fond de son histoire montait la rumeur des haches et le sifflement des javelots et les cris des mourants, le soir, après la bataille. Les forêts du nord et de l’est, les hautes montages du sud n’avaient pas suffi à le protéger des attaques et des invasions.
De l’Atlantique au Pacifique, des steppes de l’Europe à la Perse, l’Empire s’était constitué à partir de la Ville.
Par le commerce et la guerre l’Empire a prospéré jusqu’à devenir le Saint Empire de nationalité altaïque, également connu sous le nom de Saint Empire romain méditerranéen et asiatique.
Ses dirigeants, animés par des passions amoureuses ou destructrices, allaient laisser dans l’Histoire le souvenir d’épopées et de tragédies.
L’historien Voltaire, le dramaturge Pierre Corneille ou le biographe J.R.R. Tolkien se sont inspirés des évènements et des personnages sur lesquels reposait l’Empire.
S’étant lui-même attelé à la tâche Jean d’Ormesson, par les multiples références, crédibilise son propos en reconstituant l’Empire par des mots.
Une personne soupçonneuse pourrait faire remarquer qu’aucun autre livre avant « La Gloire de l’Empire » ne fait référence implicitement à l’Empire. De plus certains évènements ressemblent à ceux présentés dans les livres d’Histoire classique.
L’esprit facétieux de Jean d’Ormesson aurait-il élaboré une vaste saga dynastique dans un empire fictif englobant l’Eurasie et l’Afrique du Nord ?
Cet ouvrage a obtenu le Grand prix du roman de l’Académie française en 1971. Le mot « roman » est explicite. Il faut donc en conclure que cette splendide reconstitution d’une société multiculturelle appartient au domaine de la fiction.
Cependant, ce pastiche est rédigé sous la forme d’un essai historique des plus convainquant.
Damien Dhondt
Auteur : Jean d’Ormesson _ La Gloire de l’empire _ Édition Gallimard, Collection Folio _ mai 1994 _ Réédition, poche, 704 pages _ 12,50 euros