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  Sommaire - Livres -  M - R -  L’œuvre du diable
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"L’œuvre du diable"
Michel Pagel

Editeur :
J’Ai Lu, Millénaires
 

"L’œuvre du diable"
Michel Pagel



9/10

Une part importante de l’œuvre de Michel Pagel structure La Comédie Inhumaine, un cycle de fantastique présentant une vision novatrice du genre. En effet, contrairement à la plupart des auteurs de ce domaine, il n’introduit pas dans l’intrigue cette perspective chrétienne de La Croix, ou de sa représentation, arme principale de lutte contre les démons, vampires et autres succubes. Il retient, au contraire, une perspective athée, avec des personnages qui n’usent que des forces naturelles mises à la disposition des individus. Cependant, ses héros disposent d’un potentiel encore peu répandu chez l’humanité souffrante !

L’action débute au Vatican où Emmanuel, le fils de Jennifer et d’Arthur Pendrage, est considéré par une partie du clergé comme le fils de Dieu. Les tenants du Rex Tremendae, une organisation catholique au delà de l’intégrisme, ne l’entendent pas ainsi. Mais l’assassin dépêché, bien qu’il soit au service d’une « cause juste », confond Arthur et Emmanuel. Celui-ci reçoit des instructions de « son père » pendant que sa mère prend conscience du danger. Ils doivent, avec les moyens du bord, se rendre en France et trouver refuge chez Dassin, à Fraussac. Mais surtout, Emmanuel doit se défier d’Ève, la fille de Lucifer, et la détruire.
Parallèlement, cette dernière, jeune chanteuse en vue, donne bien des soucis à son père, incarné dans la défroque de Julien Nomade, ministre au gouvernement. Après quelques conflits, elle quitte le domicile familial jugeant ne pas être initiée suffisamment au Mal.
Depuis leur plus jeune âge, Emmanuel et Ève se fréquentent, en rêve. Et bien que tout les sépare, ils s’aiment ! Maintenant qu’ils ont quitté leur sanctuaire, ils sont attirés l’un vers l’autre par une force irrésistible. Pour ne pas laisser Lucifer intervenir seul, Dieu s’incarne dans la carcasse vieillissante du cardinal Di Lorenzi, qui a suivi et protégé Emmanuel depuis sa naissance. Les deux pères, (et quelques équipes de tueurs) se lancent sur les traces de leurs rejetons respectifs. Ceux-ci vont tout faire pour se rejoindre. Ensemble, ils auront la capacité de changer le sort du monde. Toutefois, peut-on lutter contre Dieu et le Diable ?

Selon son auteur, L’œuvre du diable met un point final à la narration entamée dans Le diable à quatre, Désirs cruels (l’île de la révélation) et Les Antipodes.
Michel Pagel, grand amateur d’imagerie populaire et de films de série Z, reprend, assemble, mixte tous les ingrédients qui composent le genre. Il mêle aussi bien l’univers des super héros que celui des grands classiques du roman d’aventures et de fantastique. Il n’omet pas les scènes destinées à émouvoir et faire pleurer tant est belle et grande la nature humaine. Mais tel un Janus marionnettiste, il s’amuse, et nous régale, en partageant avec ses lecteurs l’action qui se déroule derrière le décor, derrière les façades. Il construit ainsi une intrigue magnifique avec une vision peu commune de la nature des créatures divines et de l’usage de la déité. Dieu et le Diable, qui sont les héros de cette fresque, revêtent des allures peu conventionnelles. L’art du conteur, les arguments et la manière de les présenter, en fait un régal pour l’esprit. Mais l’auteur, s’il cite Saint Augustin, prouve qu’il connaît, sans doute mieux que nombre de pieuses personnes, les textes fondateurs de la religion catholique.

Mais Michel Pagel ne fait pas que de l’humour, même si le rire est une arme puissante, en fracassant du « méchant ». Il fait l’apologie de la liberté de penser, de la liberté d’exister contre le fanatisme. Il propose ses idées et sa vision d’un monde meilleur. Au passage, il égratigne quelques politiciens et dénoncent leurs travers.
L’œuvre du diable est un livre au ton jubilatoire, à l’humour omniprésent et décapant. C’est un roman de fantastique bâti comme un thriller, avec des situations homériques, rabelaisiennes, des scènes déjantées jusqu’à un final éblouissant ... qui heureusement, ...reste ouvert.

Serge Perraud

L’œuvre du Diable, Michel Pagel, J’Ai Lu Millénaires, mai 2004, 482 pages, 22 euros.





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