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  Sommaire - Films -  A - F -  Ça (It)
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"Ça (It) " de Andres Muschietti

 

Scénario : Chase Palmer, Cary Fukunaga & Gary Dauberman, d’après le roman de Stephen King
Avec : Jaeden Lieberher, Sophia Lillis, Jack Dylan Grazer, Jeremy Ray Taylor, Finn Wolfhard, Wyatt Oleff, Bill Skarsgard
Distribué par Warner Bros. France
135 mn - Sortie le 20 Septembre 2017 - Note : 9/10

« Ça » est certainement l’un des bouquins les plus célèbres de Stephen King, avec « Carrie », et surtout « Shining ». Le top de ses œuvres, un monument – deux volumes quand même -, et du très bon King. Voir même un grand King. Peut-être un peu trop chargé, donc pas aussi parfait que « La ligne verte », « Le fléau », « Dead zone », « Simetierre »… Question cinéma, les adaptations se suivent, avec plus ou moins de qualité et de succès. Dernièrement la mini-série « 22.11.63 » s’est avérée être un fiasco au vu du chef-d’œuvre de base. Mais il y a quand même de très belles réussites telles que « Stand by me », « Dead zone », « Shining », « Simetierre », « Les évadés »… Et « Ça » ? En 1990, une mini-série de 4 heures signée Tommy Lee Wallace fit sa petite sensation. Faute de grives, on mange des merles : pas ratée, mais en même temps, très télévisuelle, et surtout un casting approximatif exception faite de Tim Curry en Pennywise. Aujourd’hui arrive la nouvelle version – la première, même ! - sur grand écran. Réputé difficilement adaptable, c’est pourtant chose faite, « Ça » devient enfin un vrai film…
Dans les années 80, dans la petite ville de Derry, une bande de gamins réunie sous le nom de « Club des ratés » prend conscience que le mal sévit autour d’eux, se concrétisant par les disparitions mystérieuses d’enfants et par d’effrayantes apparitions d’un clown monstrueux. C’est ensemble qu’ils osent en parler, c’est ensemble qu’ils envisagent de croire au cauchemar, et c’est ensemble qu’ils décident d’y mettre fin.
Voilà, c’est suffisant, car tout le monde ou presque connaît « Ça », et les générations d’aujourd’hui, à savoir les jeunes lecteurs de l’époque de sortie du roman, vont au fur et à mesure du déroulement des images du film, replonger dans ce monde si particulier qu’est Derry, ses méandres souterrains, ses friches, sa campagne, ses gamins aventuriers, ses meurtres, ses visions d’horreur frappant chacun indépendamment et s’immisçant au plus profond de ses peurs enfouies. Et petit à petit, on se laisse glisser dans le passé, et de (re)découvrir « Ça » via une bande de gamins absolument épatants, ce qui supplante vite la version de Wallace, tant ces jeunes interprètes sont pétillants de naturel, de naïveté, de curiosité, de sincérité. Emmené par Jaeden Lieberher (le gamin extra-terrestre de l’excellent « Midnight Special ») en Bill Denbrough (ah, ce nom évoque un souvenir, « ça » revient...), les six autres gamins existent vraiment, chaque personnalité est justement créée, et il ne reste plus qu’à partager leurs joies, leurs peines, et surtout leurs frayeurs. Et là, on attendait le Pennywise crû 2017 et même si Tim Curry était génial, Bill Skarsgard livre une prestation haut de gamme. Et tout cela s’enchaine au fil des minutes, et les années 80 – à la différence des années 50 du bouquin, mais quelle superbe idée, permettant ainsi pour un grand nombre de lecteurs de la première heure de revivre encore plus fortement « Ça »… - pas si vieilles que ça, mais si datées déjà, de donner à « Ça » une nouvelle vie via le grand écran. Le scénario est donc excellent – bon, initialement accroché au projet, Cary Kukunaga, réalisateur de l’entière première saison extraordinaire de « True Detective », fut débarqué, son traitement ayant été jugé trop sombre, mais il reste de beaux morceaux de sa vision… - , et derrière la caméra, Andres Muschietti, connu pour nous avoir terrifiés et émus avec son très beau & traumatisant « Mama », un choix excellent pour restituer les sensations du bouquin sur la peur, l’amour, l’amitié, etc. Alors oui, on n’a pas aussi peur qu’on ne le pensât, mais en même temps, le film brasse avec talent ce qui fait aussi le meilleur de King sans être de la peur ou de l’horreur, à savoir une certaine nostalgie, le monde de l’enfance, et cette transition vers un âge qui n’est plus d’innocence. Oh, et il s’agit là de la partie « enfance », soit la moitié de cette histoire… Mais quelle moitié, quel plaisir à redécouvrir, quel superbe voyage au pays de la peur et de l’enfance : « Ça » est arrivé, et bon sang, qu’est-ce qu’on y repense après l’avoir vu, juste envie de retourner le voir...

Stéphane THIELLEMENT

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