Qu’avait donc déclaré le premier homme sur la Lune, près de deux millénaires auparavant ? « Un petit pas... » Ils en avaient fait vingt quand une porte s’ouvrit dans le flanc de l’appareil ; une rampe se déplia rapidement et deux humanoïdes descendirent à leur rencontre.
Voici sept siècles qu’un vaisseau semeur-robot s’est posé sur les rares terres émergées d’une planète lointaine. Le transport du code génétique des anciens Terriens avait permis l’implantation d’une nouvelle colonie sur un monde baptisé Thalassa. En effet, la technologie ne permettait pas l’envoi de vols habités vers une destination aussi longue.
L’avantage d’un vaisseau automatique était qu’il n’existait à bord aucune personne ayant connaissance de certains aspects déplaisants du passé de l’humanité. Les banques de données ne contenaient que de paisibles références à l’art et à la culture. Le bagage culturel de l’humanité avait été purgé de toute référence aux conflits et à la religion. Sans exemple agressif à suivre la population s’est développée harmonieusement.
La destruction de l’antenne spatiale durant une éruption volcanique avait rompu toute communication avec les autres colonies et la Terre (à présent détruite par son propre soleil). De ce fait, si un engin artificiel a bien été détecté dans le ciel les habitants de Thalassa en ignorent la provenance. Une civilisation non-humaine ? Un messager d’une autre colonie humaine ? Un antique vaisseau-semeur égaré ?
En réalité, cet engin habité vient de la Terre ! Parti juste avant sa destruction grace à une technologie innovante (la poussée quantique) le Magellan contient des membres d’équipage et des passagers (la plupart en état d’hibernation) qui n’ont pas connu la censure du passé de l’humanité, d’où un choc culturel potentiellement explosif.
Comme à chaque histoire du conteur Arthur C. Clarke nous découvrons des rapports humains originaux, tout comme l’application de progrès technologiques.
Ici pour réparer leur vaisseau spatial dont le bouclier de glace a été endommagé l’équipage du Magellan élabore un ascenseur spatial. Cette construction a déjà été évoquée dans « Les Fontaines du paradis » (The Fountains of Paradise, 1979). Dans ce même roman, il était mentionné un pont franchissant le détroit de Gibraltar (détruit dans « Les Chants de la Terre lointaine »).
Extension d’une nouvelle datant de 1957, ce roman présente un moyen de colonisation spatiale originale. Cependant, il ne néglige pas les rapports humains complexes comme les sentiments amoureux qui perdurent malgré les siècles et les années lumières.
Damien Dhondt
Auteur : Arthur C. Clarke _ Les Chants de la Terre lointaine _ Titre original : « The Songs of Distant Earth », traduction : France-Marie Watkins _ Edition Bragelonne _ novembre 2016 _ Réédition, grand format, 258 pages _ 16,90 euros