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  Sommaire - Dossiers -  Voyages dans le temps

"Voyages dans le temps"

Jean Michel Abrassart - Alain Paris - Alain Pelosato

Articles parus dans le N° 35 de Sfmag et actualisés

Le voyage dans le temps au cinéma

par Jean-Michel Abrassart

Abordé pour la première fois dans la littérature par Herbert George Wells (1866-1946) dans “The Time Machine” (1895), le voyage dans le temps est devenu un des thèmes majeurs de la science-fiction. Il n’a pourtant pas été très souvent abordé au cinéma. Revenons sur les quelques films qui ont marqués l’histoire en exploitant ce thème. Le premier grand film à se pencher sur ce sujet fut logiquement une adaptation du roman de Wells : “La machine à explorer le temps” (1960), réalisé par George Pal et avec Rod Taylor dans le rôle principal. Ensuite, le thème du voyage dans le temps réapparaît dans “La planète des singes” (1968) de Franklin Schaffner, d’après le roman de Pierre Boule. Pendant toute l’histoire le héros interprété par Charlton Heston croit s’être déplacé dans l’espace vers une planète étrangère alors qu’en réalité il s’est déplacé dans le temps vers un futur post-apocalyptique. La chute dans laquelle il découvre enfin la vérité restera dans toutes les mémoires. Au début des années ’80 déboule sur les écrans un film qui restera emblématique : “Terminator” (1984) de James Cameron. Un cyborg (interprété par Arnold Schwartzenegger) remonte le temps afin de gagner une guerre qui aura lieu dans le futur entre les humains et les machines en tuant la mère de celui qui deviendra le chef de la résistance. Cameron sortira un “Terminator II” (1991), dont le scénario est une photocopie sans grand intérêt du premier. Une chose importante néanmoins est qu’on y développe la notion d’une boucle temporelle : la grande guerre entre les machines et les humains est déclenchée par un ordinateur, qui est lui-même créé à partir des pièces retrouvées du Terminator qui a été envoyé par le même ordinateur dans le passé. De quoi donner le mal de tête... Nous verrons ce que Cameron nous réserve pour son “Terminator III”, qui arrive sur nos écrans : un scénario original ou une photocopie des deux premiers ?

Dans la trilogie des “ Retour vers le futur ” (1985, 1989 et 1990) de Robert Zemeckis, le héros Marty MacFly (interprété par Michael J. Fox) remonte le temps jusque dans les années 50 dans le premier opus, se rend dans un futur proche dans le deuxième et enfin finit son parcours au western dans le dernier. Le scénario joue habillement sur les clichés de ces différentes époques. On retrouve la même ville et la même famille à travers les époques, comme si chaque génération ne faisait que reproduire les mêmes schémas, les différences n’étants finalement que des différences de surface. Dans les années ’60, à une époque où le voyage dans le temps est globalement ignoré par les scénaristes de cinéma, la série classique “Star Trek” aborde régulièrement le sujet. Le thème est utilisé une nouvelle fois dans le film “Star Trek IV : Retour sur Terre” (1986) dans lequel le Capitaine Kirk (interprété par William Shatner) et son équipage remontent le temps et se retrouvent sur Terre en 1984. Ce film est une comédie qui joue sur le contraste qui naît de la présence des héros de la série classique dans notre époque. Dans le film “Star Trek VIII : Premier Contact” (1996) les Borgs ont décidé de remonter le temps pour assimiler la Terre du passé et empêcher ainsi le Premier Contact en 2063 entre les humains et les Vulcains. Le Capitaine Picard (interprété par Patrick Stewart) et son équipage remontent le temps à leur suite afin de restaurer la ligne temporelle. Pour terminer, le chef-d’œuvre du cinéma de SF sur le thème du voyage dans le temps est selon nous “L’armée des douze singes” (1995) de Terry Gilliam, avec Bruce Willis dans le rôle principal. Il s’agit d’une réflexion sur l’existence humaine, inspirée du “Vertigo” (1958), d’Alfred Hitchcock. Le scénario nous propose l’idée très originale d’une ligne du temps totalement inaltérable. Les tentatives du héros pour tenter de l’infléchir sont sans aucun effet. La destinée du personnage est une boucle refermée sur elle-même, sa fin se trouvant à son origine...


LA PATROUILLE DU TEMPS par Alain Paris

Lorsque j’étais enfant, le meilleur moment de la semaine était celui où j’allais acheter « Le Journal de Mickey » chez le buraliste. Invariablement, je commençais ma lecture par « Mickey à travers les siècles », récit dans lequel notre vaillant héros passait allègrement d’une époque à une autre dès qu’il recevait un coup sur la tête.

Un thème majeur de la SF

Le voyage dans le temps est un thème majeur de la Science-Fiction. Mais alors que certains thèmes vieillissent mal et se ringardisent, d’autres conservent leur fraîcheur et constituent un filon dont le lecteur ne se lasse jamais - et les auteurs non plus ! Ainsi, la machine à écrire des best-sellers, Michaël - Jurassik Park - Crichton lui-même, s’est-il fendu du roman « Prisonniers du Temps » (« Timeline ») qui, reconnaissons-le, fait passer un bon moment, à défaut de briller par son originalité.

Les deux premières réussites littéraires sur ce thème ont été écrites par Mark Twain (« Un Américain à la cour du roi Arthur » - 1889) et H.G. Wells (« La Machine à explorer le Temps » - 1895). Le premier roman est basé sur un comique de situation et d’anachronismes - mais pour les plus anciens d’entre nos lecteurs, rien ne vaut Fernandel enseignant la belote aux courtisans, et soufflant quelques « vérités » à Monsieur de la Palice dans l’hilarant « François Ier » (avec en prime une scène d’anthologie où le même Fernandel ligoté sur un chevalet subit la « question » : une chèvre lui lèche les orteils saupoudrés de sel !).

Le roman de Wells est plus sérieux, voire philosophique. Les deux ont donné lieu à de nombreuses adaptations cinématographiques, certaines excellentes (celle de Georges Pal avec Rod Taylor par exemple), d’autres à la limite du navet.

Dans son roman « De peur que les ténèbres... », L. Sprague de Camp envoie son héros (frappé par la foudre !) dans la Rome antique, et dans sa nouvelle « L’homme qui était arrivé trop tôt » (in l’anthologie « Histoires de Voyages dans le temps »), Poul Anderson envoie le sien (également foudroyé) dans l’Islande des Vikings.

Comme on peut le constater, les moyens de se déplacer dans le temps sont extrêmement variés : coup sur la tête (Mickey), foudre, hypnose (Fernandel), l’appareillage complexe de Wells (pendant que j’y pense, il faut à tout prix voir le film « C’était demain » qui met en scène les personnages de H.G.Wells lui-même - interprété par un Malcolm Mc Dowell plein de charme et d’humour, bien loin de l’Alex d’« Orange Mécanique » - et David Warner dans le rôle de Jack l’Eventreur), machine « quantique » de Crichton , sans oublier le mythique coupé De Lorean de Michaël J. Fox dans la série « Retour vers le Futur », et même, pourquoi pas, une cérémonie religieuse sumérienne pour les passagers de mon « AWACS » ou l’intervention des dieux de l’Olympe pour mon « Dieu de la Guerre » (deux titres parus aux éditions Fleuve Noir en 1989 et 1993, ce qui ne nous rajeunit pas).



La Patrouille du Temps

Voyager dans le temps réclame cependant quelques précautions, ne serait-ce que celle de ne pas bouleverser l’Histoire. Les touristes d’« Une saison de grand cru » de Henry Kuttner et C. L . Moore ( in « Histoires de Voyage dans le Temps » déjà cité) viennent d’un lointain futur assister en spectateurs aux catastrophes naturelles de notre époque, mais ils ne font strictement rien pour sauver des vies. Et d’ailleurs, la police temporelle veille à ce que l’Histoire ne sorte pas de ses rails. Tel est le thème d’un classique de la SF, « La Patrouille du Temps », de Poul Anderson.

Quatre nouvelles composent ce recueil mythique, écrit durant « l’Age d’Or » de la SF - les années 50. Elles furent traduites en France dans la revue « Fiction » puis reprises une première fois chez Marabout. Chaque nouvelle est un petit bijou. La première qui donne son titre au recueil (en anglais, « Time Patrol »), installe le décor (la base de la patrouille appelée « l’Académie », quelque part en Amérique à l’ère oligocène), et les personnages ( comme Manse Everard, soldat démobilisé qu’on imagine ayant débarqué à Omaha Beach ou Saïpan). La « machine » temporelle appelée « saute-temps » ressemble à une moto sans roues, et nos policiers vont notamment faire une incursion dans l’Angleterre d’avant la conquête normande. La deuxième nouvelle lance les enquêteurs sur la trace d’un agent disparu en 558 avant JC, quelque part en Perse (« Le Grand Roi » / « Brave to be a king »). La troisième met en scène des Mongols décidés à coloniser l’Amérique avant les Européens (« Echec aux Mongols » / « The only game in town »). Et la dernière - que se passe-t-il lorsque la patrouille du temps échoue dans sa mission et qu’un autre univers prend la place de celui que nous connaissons ? (« L’autre univers » / « Delenda Est »).

On ne peut terminer ce trop bref tour d’horizon du thème (cinquante pages de notre magazine favori ne suffiraient pas à dresser un catalogue des livres et des films abordant le sujet), en passant sous silence un roman signé Pierre Barbet : « L’Empire du Baphomet » (Fleuve Noir 1972, J’Ai Lu 1977). Là, le voyageur nommé Baphomet (extra-terrestre, diablotin ou autre chose ?) va bouleverser l’histoire des Croisades. A déguster sur un bon transat, par un bel après-midi ensoleillé.




Films de
Voyages dans le temps :
(Alain Pelosato)

La Machine à explorer le temps de George Pale (1960) - La Jetée de Chris Marker (1962) - Je t’aime, je t’aime d’Alain Resnais (1968) - Abattoir 5 de George Roy Hill (1972) - C’était demain de Nicholas Meyer (1979) - Nimitz, retour vers l’enfer de Don Taylor (1980 - Terminator 1 et 2 de James Cameron (1984 et 1991) - Bandits, bandits de Terry Gilliam (1981) - The Philadelphia experiment de Stewart Raffill (1984) et sa suite The Philadelphia experiment 2 de Stephen Cornwell - Biggles de John Hough (1986) - Retour vers le futur de Robert Zemeckis (1985) et ses deux suites par le même réalisateur : Retour vers le futur 2 et 3 (1989 et 1990) - Freejack de Geoff Murphy (1991) - Les visiteurs de Jean-Marie Poiré (1992) - Un jour sans fin de Harold Ramis (1992) - Star Trek generations de David Carson (1994) - Timecop de Peter Hyams (1994) - Timemaster de James Glickenhaus (1994) - Star Trek premier contact de Jonathan Frakes (1996) - Wishmaster de Robert Kurtzman (1997) - Sphere de Barry Levinson (1997) - Perdus dans l’espace de Stephen Hopkins (1998) - Phantasm IV de Don Coscarelli (1998) - Les Visiteurs 2 de Jean-Marie Poiré (1999) - Peut-être de Klapisch (1999) - Fréquence interdite de Gregory Hoblit (2000) - La machine à explorer le temps de Simon Wells (2002) - 2009, Lost Memories de Si-Myung Lee...

Harry Potter 3 et Terminator 3 et Prisonniers du Temps

Si beaucoup se souviennent de « La Machine à explorer le temps » (1895), roman de H. G. Wells, peu se souviennent de « La patrouille du temps » (1960) de Poul Anderson, dont l’auteur de la bande dessinée qui inspire le film « Timecop » a dû tirer ses idées...
Prisonniers du temps de Richard Donner (2003) :


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