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  Sommaire - Dossiers -  Connexion homme ordinateur

"Connexion homme ordinateur"

Nathalie Rebatet

Même longueur d’onde

Parmi les mises en scène de notre futur, la connexion de l’homme avec l’ordinateur se révèle être une direction scientifique évidente. Les progrès médicaux autorisent à penser qu’une compatibilité entre organique et informatique est possible. S’affranchir des limites humaines est à portée de main. Entre fiction et réalité, les destins de l’homme et de l’ordinateur sont intimement liés.

L’homme et l’ordinateur sont-ils connectables ? A la croisée de la science et de la science-fiction, cette interrogation insolite est à l’origine d’une nouvelle quête du Graal depuis 1950.
L’apparition de l’ordinateur donne un nouveau souffle à la perspective d’une compatibilité de l’être humain avec la machine. Il ne s’agit plus d’une alternative de futur plus ou moins proche. La source d’inspiration des écrivains et des cinéastes est devenue un sujet de recherche et un objectif scientifique. La connexion de l’homme avec l’ordinateur existe déjà dans le cadre d’applications médicales spécifiques. Les implants constituent un réel espoir de soulager les victimes de la maladie de Parkinson. Ils permettent également de ne plus appréhender les handicaps moteurs comme une fatalité. La microchirurgie réparatrice accomplit des miracles. Après la greffe d’implants dans son cerveau, l’Américain Johnny Ray déplace le curseur de son écran d’ordinateur par la pensée. Entièrement paralysé et incapable de parler, il retrouve la faculté de communiquer. Les réussites chirurgicales incitent à envisager la connexion avec l’ordinateur comme une solution d’avenir aux infirmités. Par extrapolation, l’idée germe qu’aucune limite humaine n’est infranchissable. L’ordinateur peut favoriser le développement de potentialités insoupçonnées. Il révèle l’homme à lui-même. La connexion avec la machine apparaît comme condition d’une évolution. L’écrivain Philip K. Dick avait constaté que « la distance entre nous et nos ordinateurs s’amenuise de plus en plus. ». Ce prédicat suscite rêves, réflexions et frissons dans le dos. Les spécialistes de l’Intelligence Artificielle ont démontré les similitudes de fonctionnement du cerveau et de l’ordinateur. Leurs détracteurs fondent leur opposition sur la capacité de l’homme à éprouver des émotions. L’histoire prouve que la conscience n’a jamais longtemps freiné l’homme dans son désir de conquête. Les scénarios cristallisent des inquiétudes essentielles en privilégiant la tournure tragique qu’est susceptible de prendre la connexion homme ordinateur. Les auteurs plaident la responsabilité et entérinent l’importance des corollaires philosophiques qu’implique un enjeu scientifique majeur. La trilogie Matrix illustre avec brio le danger immanent d’une connexion de l’homme avec l’ordinateur. Les rôles sont inversés et l’homme est exploité par la machine. Elle l’a surpassé et réduit en esclave. L’humanité, trompée par une réalité factice crée de toutes pièces par les ordinateurs n’a aucune conscience de ce qui lui est arrivé. Les films des frères Wachowski sont plus qu’une variation sur le thème de la revanche de la machine. Ils provoquent une réflexion sur le pouvoir et la corruption. Le philosophe Montesquieu affirmait : « tout détenteur de pouvoir est porté à en abuser ». Matrix étend une perversité humaine à la machine énonçant l’idée que la suprématie est malheureusement une expression d’intelligence. Dans son roman L’Ultime Secret, Bernard Werber décrit les dérives d’un homme ordinaire connecté à un ordinateur à la suite d’un accident qui l’a rendu tétraplégique. L’auteur soulève la problématique de l’aliénation de la connexion. Elle peut être détournée de son but initial et faciliter la malveillance. Le lecteur est laissé libre de juger l’homme ou la machine plus enclin à tirer parti de ce progrès. L’homme a trouvé le secret de l’optimisation de ses qualités. L’impact de Robocop regrettant son humanité est relatif. La connexion de l’homme avec son ordinateur est possible. L’application de cette découverte au domaine médical est une première étape. « Connais-toi toi-même. » disait Socrate. Les mystères de l’homme ne l’empêcheront pas d’ouvrir la boîte de Pandore. Le problème de sa capacité à gérer une découverte aussi bouleversante est laissé en suspens. Le savant fou poussé aux plus folles inventions par son ambition créatrice a de qui tenir. Le savoir qui donne le pouvoir n’apporte pas nécessairement la sagesse.


Nathalie Rebatet


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