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Scénario : Allison Schroeder
D’après le livre de Margot Lee Shetterley
Avec : Taraji P. Henson, Octavia Spencer, Janelle Monae, Kevin Costner, Kirsten Dunst, Jim Parsons.
Distribué par 20th Century Fox - 126 mn - Sortie le 8 Mars 2017 - Note 9 /10
Le genre de film qui peut être complètement raté par un sujet bâti sur une histoire vraie enrobée de grandes et belles valeurs, où tout le monde fait tout pour se la jouer humble et respectueux, et où donc tout sonne faux et très hypocrite. Tout l’inverse de ces « Figures de l’ombre », simplement magnifique, grand, humain, vrai, sincère, juste, passionnant, superbe.
Au début des années 60, l’espace appartient à la Russie qui réussit à envoyer un homme dans l’espace. L’agence spatiale américaine, la NASA donc, fait tout pour reprendre la suprématie dans le domaine. Sur place, les scientifiques masculins sont aidés par de brillants cerveaux mathématiques, même féminins, même afro-américains. Ces dernières sont cependant cantonnées dans un autre secteur du site de Langley, en Virginie, loin du domaine réservé aux blancs. Jusqu’au jour où dans différents domaines, on demande l’aide de cerveaux plus performants. Et c’est ainsi que trois femmes, véritables génies des mathématiques et des sciences physiques, se retrouvent à œuvrer au milieu des hautes sphères de la NASA. Et si la cohabitation n’exclut pas l’état d’esprit ségrégationniste de l’époque et du lieu, par leur implication, leurs extraordinaires qualités intellectuelles et leur magnifique force de caractère, elles vont réussir à faire tomber des barrières, à réveiller des esprits si scientifiques qu’ils en oublient leur humanité, et à mener à terme avec succès le plus grand programme spatial du 20ème siècle.
D’accord, on entend d’ici certaines voix qui vont hurler sur le côté bien-pensant de cette histoire, en édulcorant certainement le plus honteux de la réalité. Qu’on les laisse dire : l’histoire est tirée du témoignage de ces trois femmes, et au travers de leurs remarquables participations à cette partie de l’histoire américaine, on partage également leurs vies de l’époque, avec un Kennedy encore vivant, de grands bouleversements sociaux, et ce au travers également de toutes sortes de témoignages de racisme divers et varié, du plus petit – et certainement pas anodin ou bénin – au plus immonde, qui nimbait leur quotidien. Très bien écrit, magnifiquement interprété par un trio d’actrices au diapason de leur rôle respectif, épaulé par une galerie de seconds rôles de haut niveau – Kevin Costner est impérial. Comme souvent… -, « Les figures de l’ombre » est cimenté par une réalisation qui ne révolutionnera pas le métier mais qui sait parfaitement s’adapter et mettre en valeur toutes ces autres qualités. Comme quoi, parfois, tout cela suffit pour faire un très grand film.
Stéphane THIELLEMENT
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