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"Roadmaster"
Stephen King

Editeur :
Albin Michel
 

"Roadmaster"
Stephen King



8/10

Après le merveilleux hommage à Bradbury que fut Coeur perdu en Atlantide et le pavé décevant que constitua Dreamcatcher, et en attendant le tome cinq de La Tour Sombre, King poursuit sa thématique des hommes en noir issu d’un monde parallèle avec un récit très autobiographique. L’histoire en somme est celle d’un homme qui débarque dans une station service perdue en pleine Pennsylvanie. Il est au volant d’une vieille Buick 8 Roadmaster, fait le plein puis s’éclipse comme par enchantement. Après maintes recherches la police remorque cette voiture qui s’avérera ne pas être une vraie voiture. Sa conception est inconnue, batterie hors tension, bref un véritable ovni sur roues. C’est que notre Buick est une construction d’un autre monde et que de vouloir en résoudre l’énigme sera fort coûteux pour les policiers trop curieux. L’un des leurs, Curtis Wilcox, disparaît. Son fils, Ned, se fera un devoir de mener à son terme cette enquête au-delà de notre réalité....

Pour une fois l’action ne se situe pas dans le Maine mais au sein d’une police de Pennsylvanie avec ses rituels, son quotidien savoureux et horrible. Et King s’est bien documenté, cela se voit. De plus ce récit s’est édifié sur la propre expérience de l’auteur qui un beau matin dans une station service a bien faillit ne jamais poursuivre son oeuvre, un incident, une glissade qui préfigurait le télescopage à venir avec cette voiture qui aurait pu mettre un terme à sa vie. Mais King s’en est remis et tel un vautour a su arracher à cet événement cette histoire qui est un retour à Christine (sans la nostalgie musicale) et un pan de plus dévoilé sur ces contrées bordées d’énigmes qui frôlent notre monde par intermittence, laissant échapper ça et là quelques hommes en noir et autres Garuda dans son Amérique magique et terrible. King aurait annoncé qu’il arrêtait d’écrire. Difficile à accepter quand un Jack Vance poursuit son oeuvre aveugle et âgé et que certains paralysés se mettent à peindre un pinceau dans la bouche. Espérons que ce n’est là qu’une simple rumination mentale due à la perte d’une des facultés mentales de cet hybride de Twain, kerouac et Bradbury.

Emmanuel Collot

Roadmaster, Stephen King, traduit de l’américain par François Lasquins, Albin Michel, 444 pages, 22 Euros





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