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  Sommaire - Livres -  A - F -  Visions de Feu Earthend-Tome 1
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"Visions de Feu Earthend-Tome 1 "
Gillian Anderson et Jeff Rovin

Editeur :
Bragelonne
 

"Visions de Feu Earthend-Tome 1 "
Gillian Anderson et Jeff Rovin



Alors que des tensions vives opposent les Indes au Pakistan au sujet du territoire qu’est le Cachemire, Caitlin O’hara, une psychologue renommée se voit chargée de la tache de suivre psychologiquement la jeune fille d’un ambassadeur indien. Cette dernière, tout comme un grand nombre d’adolescents à travers le monde, souffre de tensions nerveuses et de crises inexpliquées. Déjà, ce syndrome a commencé à faire des victimes. Un étudiant s’immole par le feu en Iran, tandis qu’une jeune Haïtienne frôle la noyade sur la terre ferme. Pour Caitlin, tout semble être lié et conduire vague par vague vers un cataclysme nucléaire. Mais ce qui interagit ne semble pas être humain. Ce qui manipule les uns et les autres toute en usant des divers masques de l’occultisme et des religions semble animé d’intentions qui lui échappent, sauf si ce n’est pour détruire la terre. Comme si une autre espèce vivait parallèlement à la nôtre, pour mieux la défaire. Une enquête commence aux confins de plusieurs cultures, avec une autre question qui se profile à mesure où Caitlin progresse dans sa folle équipée : et si tout était lié ?
Les acteurs-écrivains est devenu un classique aux Etats-Unis, où on s’essaye, avec plus moins de succès, à la saga fleuve, quand ce n’est pas le one-shot. Dans les meilleurs des cas nous eûmes la plutôt très réussie saga de Tek, par un William Shatner bien inspiré mais peu endurant, ou encore le roman unique d’une autre figure de proue de la série Star Trek comme Nichelle Nichols, et son excellent « L’enfant de Saturne ». Tout acteur ou actrice est donc potentiellement capable de nous servir son récit de science-fiction personnel. Mais autant le dire de suite. L’essai tenté à quatre mains par la toujours aussi charmante Gilian Anderson aux côtés de Jeff Rovin remplie tous ses offices. Ecriture limpide, une approche du sujet pas trop prosaïque afin d’éviter le placard à balais, mais aussi et surtout une vue intelligente sur les ingrédients adéquats afin de relancer les lecteurs pour la suite. Après avoir œuvré si bellement dans la mythique série X-Files, en inoubliable et sensuelle Dana Scully, son échappée dans l’exercice très difficile du roman s’avère donc très bienvenue. Car, tout en évitant les pièges inhérents au genre, tout en réemployant des thématiques new-age, l’auteur aboutit à une histoire fort belle, sans trop de longueurs même si c’est au risque de couper son histoire en plusieurs volumes. Drainant les vieilles idées propres au genre de L’Aventure Mystérieuse, genre éphémère mais très riche qui essaima dans les années 70/80, et où on s’amusait à marier religions, occultisme, magie, pouvoirs mentaux et phénomènes ovnis, Gillian se permet de s’orienter vers une très intéressante « systémique » rendant mieux compte du phénomène dans son entier que toute explication abracadabrantesque généralement balancée pour faire salle comble. Le résultat est bluffant. Car sans faire dans le chef d’œuvre, elle est semble-t-il parvenu à mettre en scène un personnage féminin fort, sans les écueils du féminisme, avec ses propres faiblesses mais aussi une grande force dans un monde généralement dominé par le mâle. Et on devine que ce ne fut pas chose facile. La systémique voulant, en somme, faire d’une civilisation disparue, la génitrice de la plupart des énigmes de l’humanité (théorie des anciens astronautes et autres variantes), semble plus en phase avec notre époque, sans pour autant faire dans la surenchère. L’intrigue est ingénieusement saupoudrée des péripéties de l’héroïne, et interactions des autres personnages qui, bien que plus effacés, donnent de très judicieuses « relances scenaristiques » tout au long de cette histoire passionnante. On sent que c’est à ce niveau que la patte d’un Jeff Rovin a été une bonne aide. Ce continuateur de l’œuvre de Tom Clancy s’avère être une très bonne seconde main afin de donner à l’ensemble une sorte de « ronronnement romanesque » évitant les voies sans issues comme les baisses de rythme souvent encourues lors d’une telle expérience. Sans faire de l’ombre à un Dan Simmons, Gillian Anderson s’en sort plutôt très bien et parvient à attiser la curiosité des lecteurs pour une suite qu’il nous tarde de pouvoir lire bientôt. Seul petit bémol, mais c’est devenu une récurrence de la traduction en France, pourquoi donc traduire une partie du titre et laisser la seconde dans la langue originale ? Ainsi, poursuivant la même erreur que pour une saga comme celle du Death Dealer (Le Pourvoyeur de Mort), la traduction française échoue une nouvelle fois à rendre une version plus convaincante de l’intitulé original. Ainsi, ce « Earthend » aurait peut-être mieux fait son effet en « Fin de la terre » ou autre interprétation. Ce qui n’est pas une attaque envers sa traductrice, une Isabelle Pernot toujours aussi juste dans son travail de fond. C’est juste qu’à force de vouloir faire dans la promotion de la chose à tout va on perd parfois en cohérence linguistique. S’il ne fallait relever qu’un défaut à cette rafraîchissante et fort belle surprise…

Emmanuel Collot

Visions de feu, Earthend-Tome 1, Gillian Anderson et Jeff Rovin, Bragelonne, traduit de l’américain par Isabelle Pernot, 344 pages, 17. 90 Euros.





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