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  Sommaire - Livres -  M - R -  Naissance d’une galaxie
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"Naissance d’une galaxie "
Lorne Peterson

Editeur :
Akileos
 

"Naissance d’une galaxie "
Lorne Peterson



Poursuivant sur la vague Star-Wars, relancée par le très attendu « Réveil de la force » de Abrams, Akiléos nous offre ici une véritable Bible du genre. Bien loin d’un livre analysant en surface le phénomène (mais en existe-t-il ?) l’éditeur nous fournit un condensé faramineux sur les artisans de la saga. L’auteur, Lorne Peterson, est ici bien placé pour en parler puisqu’il en est le maître d’œuvre et fait partie des sept fondateurs de ce que nous connaissons sous le titre de « I.L.M » (Industrial light and magic), dont le nom même constitue une véritable révolution dans le domaine des effets-spéciaux. Durant les quelques deux cents pages, ici magnifiquement illustrées et agrémentées de posters dépliants, nous sont rapportées les prémices d’une véritable caverne d’Ali-Baba, une véritable usine à rêve qui a transformé même le cinéma.

Des origines (1975), où on cherchait des maquettistes pour un drôle de film, quitte à racoler dans de petits fabriques de maquettes de vaisselle, à l’industrie numérique actuelle, l’auteur nous raconte la genèse d’un genre qui engendra de toute une fabrique à illusions. Dès lors, c’est à un voyage extraordinaire auquel on se trouve ici convié. Un voyage qui nous éclairera quant à ces prodiges sur écrans qui bien que naturels pour le public de maintenant l’était moins à la fin des années 70. Et on se rendra bien compte ici combien I.L.M. avait déjà tout inventé. De la « Motion Control » où on pouvait voir des maquettes de vaisseaux raser le sol de lointaines planètes comme le firent les avions de la seconde guerre mondiale, à la nouvelle technique d’animation image par image initiée par Ray Harryhaussen, sans oublier le rôle primordial des décors pour le visuel, l’écran bleu, et tant d’autres techniques qui font maintenant école dans toutes les facultés de cinéma, Lorne Peterson fait usage d’un art vieux de trente mille ans. Car ce qu’il tente de nous faire comprendre c’est que ce monde de l’illusion, des masques, de l’animatronique, de la creature’s shop, remonte bel et ben à nos origines, des hommes des cavernes au Théâtre d’Aristophane pour finir par prendre racine dans le cinéma d’un Méliès par l’invention de l’image extérieure, mobile, indépendante, capable de tromper l’œil humain. Ce qu’il nous explique c’est que ce rêve Star-Wars, bien avant d’être le pôle ultra numérique que nous connaissons à présent, fut et restera une usine d’artisans qui inventèrent de leurs propres mains un mythe pour l’humanité toute entière. Comment donc ne pas voir Georges Lucas comme le grand sorcier d’une tribu générant pour son peuple d’un rêve qui fait sens, une illusion qui inspire la sagesse ?

C’est cette histoire-là que nous raconte Lorne Peterson durant ces quatre parties impeccablement découpées, sans fausse pudeur ni prétention, mais avec la sincérité de n’être qu’un homme ayant engendré à partir de rien ce gigantesque univers qui est devenu celui de millions d’enfants de tous pays et religions. Six films, six fresques gigantesques résumés en quelques 200 pages, c’était là un défi plein de dangers. Mais quand on est parti de rien pour en arriver à une telle école ayant engendré de tant de films, d’artistes, et à présent d’autres maisons d’effets-spéciaux, on peut dire que son auteur remporte le trophée haut la main. Car même si le voyage est court, le lecteur aura l’impression de traverser quarante ans de trucages comme la visite d’un immense magasin de jouets, où chaque allée, chaque alcôve, cache une merveille. Et pour ça et tant d’autres choses, l’enfant qui est encore en nous ne pourra que saluer tous ces hommes et ces femmes ayant contribué à un rêve collectif fou qui aujourd’hui encore suscite la même émotion et la même jubilation. Et remercier Mr Lucas d’avoir su lors un terrible accident de la route voler au passage le feu aux dieux et tel Prométhée nous le faire partager à tous et à toutes.

Naissance d’une Galaxie, dans les coulisses des maquettes de Star-Wars, Lorne Peterson, préface de Georges Lucas, avant-propos de Rick MCCallum, préface de Phil Tippett, traduction par Diane Lecerf revue et corrigée par Dominique Gervais et Sandrine Chatelier, éditions Akileos, 207 pages, 35 Euros.

Emmanuel Collot





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