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  Sommaire - Films -  S - Z -  The Revenant (Id.)
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"The Revenant (Id.) " de Alejandro G. Innaritu

 

Scénario : Mark L. Smith & Alejandro G. Innaritu, inspiré en partie du roman de Michael Punke.
Avec : Leonardo DiCaprio, Tom Hardy, Domnhall Gleeson, Will Poulter, Forrest Goodluck.
Distribué par 20th Century Fox - 156 mn - Sortie le 24 Février 2016 - Note 9 /10

Disons-le tout de suite : si cette année, Leonardo DiCaprio n’a pas l’Oscar pour son rôle dans « The Revenant », c’est n’importe quoi. Car en plus de couronner une (encore jeune) carrière des plus riches de par le choix de ses rôles – souvent source de succès en plus, ce qui veut dire que ses choix sont vraiment bien étudiés ! -, il faut aussi et surtout dire que la force majeure, en plus d’une photographie ahurissante, ce qui donne finalement deux forces majeures à « The Revenant », c’est lui. Après, le film est ce qu’il est, on va le voir, mais sachez d’ores et déjà que vous allez être scotchés par DiCaprio, certainement un des plus grands acteurs du moment, qui habite littéralement chacun de ses rôles avec une telle maestria qu’il peut passer au suivant sans que cela se réfère au précédent par une baisse de qualité. Non, chaque rôle est comme le rôle de sa vie. Et dans tous les genres. Du polar à l’aventure, en passant par le drame et la science-fiction, l’acteur s’immerge dans le projet et le porte sur ses épaules. Et pour « The Revenant », c’est flagrant, et surtout impressionnant.
Au début du dix-neuvième siècle, dans les contrées froides du nord de ce qui n’est pas encore les Etats-Unis, des colons pratiquent le commerce des fourrures, protégés par des trappeurs qui les guident également dans ce monde sauvage. Hugh Glass est l’un d’eux, accompagné de son fils métis. Attaqués par les indiens, l’expédition s’enfonce encore plus loin dans les forêts, là où un matin Glass se fera sauvagement attaqué par un grizzly. Ne voulant pas ralentir leur retour, le commandant de l’expédition laisse deux hommes avec Glass et son fils pour qu’ils le ramènent à leur rythme au campement. Mais l’un d’eux, Fitzgerald, tue le fils de Glass, et enterre vivant ce dernier, avant de s’enfuir avec un complice forcé. Glass réussit à survivre, à s’extirper de sa fosse, et nourri par la plus grande haine qui peut animer un homme qui a tout perdu sous ses yeux, va réussir à survivre pour retrouver l’assassin de son fils, qui est aussi son assassin.
Western naturaliste dans la veine du « Convoi sauvage », et autres « Jeremiah Johnson », « Un homme nommé cheval », voir même par moments « Danse avec les loups », « The revenant » est aussi et d’abord l’histoire d’une vengeance, car c’est sur ce seul thème qu’existe vraiment le film. Ce qui en soi est un peu mince quand en plein milieu du film, quand on arrive à s’extirper de scènes (trop) magistrales et de hurlements et de sauvagerie primale, on se demande déjà quel est le but de tout cela. Une fois retrouvé la raison d’être de l’histoire, on replonge donc dans un monde qui nous fait oublier la civilisation pour se retrouver en une époque plus qu’impitoyable. Et pour nous faire rentrer dans cette dimension, deux forces majeures donc. Commençons par une photographie purement et simplement ahurissante, à la lumière naturelle, qui vous fait passer de l’autre côté du miroir au point de sentir le froid du grand-nord américain, de ne plus savoir quand est le jour de la nuit, de craindre de mourir. Le génie derrière ce prodige, c’est Emmanuel Lubezki. Un impressionnant palmarès derrière lui déjà, qui risque fort d’être couronné d’un troisième Oscar cette année – après « Gravity » fort mérité, et « Birdman » - et après avoir gagné le Bafta – Oscar britannique - 2016. Ensuite il y a donc Leonardo DiCaprio. D’accord, facile de dire « rôle à Oscar », et si parfois, cette image devient limite péjorative – les biographies, les handicapés, etc… servant de thème à des scénarios poussifs et indigestes -, parfois, elle est plus qu’évidente. Quand DiCaprio a accepté le rôle, l’Oscar n’était pas de mise. C’est la richesse du personnage, les épreuves qu’il subit, qui font que tout acteur digne de ce nom a envie alors de s’approprier pour aller encore plus loin. Et là, et même si encore une fois, il y eut d’autres rôles où cela se méritait, DiCaprio n’explose pas, il laisse sans voix, il impose un respect comme peu ont réussi à en imposer. Alors oui, ce sont les deux forces majeures d’un film, forces majeures épaulées par des seconds rôles au diapason – Tom Hardy en fait partie, et lui aussi mériterait un jour de gagner, car déjà rien que sur ces derniers mois, entre « Mad Max Fury Road », « Legend » avec une prestation éblouissante des jumeaux Krays, et ici en Fitzgerald, complètement halluciné, aux portes de la folie, l’acteur confirme de plus en plus un énorme potentiel -, et par une mise en scène et une réalisation de grande classe aussi. Mais justement qui en oublie de parfois s’éclipser, de devenir plus discrète, que l’histoire, car trop ambitieuse, trop « prétentieuse »... Bon en même temps, c’est le meilleur travail d’Alejandro G. Innaritu, mais un peu de modestie…. Et c’est là le seul petit défaut d’un film qui autrement, il faut l’admettre, s’avère assez proche d’un monument du genre. Une seconde vision dans quelques temps lui donnera certainement toute sa puissance. En attendant, bien des talents méritent ici d’être couronnés par les trophées du 7ème Art, et ce ne sera que légitime.

Stéphane THIELLEMENT



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