SF Mag
     
Directeur : Alain Pelosato
Sommaires des anciens Nos
  
       ABONNEMENT
Sfmag No122
118

11
F
é
v
RETOUR à L'ACCUEIL
BD   CINÉ   COUV.   DOSSIERS   DVD   E-BOOKS  
HORS SERIES    INTERVIEWS   JEUX   LIVRES  
NOUVELLES   TV   Zbis   sfm   CINÉ-VIDÉOS
Encyclopédie de l'Imaginaire, 18 000 articles
Sommaire - Interviews -  Guillermo del Toro (Hellboy)


"Guillermo del Toro (Hellboy)" de Marc Sessego


Marc Sessego et Guillermo Del Toro

Je connais Guillermo Del Toro depuis "Blade 2". C’est un homme jovial et amusant, et c’est avec un réel plaisir que nous nous sommes revus pour cet entretien.
Au cours de cet interview. il nous explique tous les problèmes rencontrés durant la production et la longue bataille de six années qu’il a dû mener pour faire respecter sa vision . Au-delà du metteur en scène nous découvrons un homme honnête avec un profond sens de l’honneur et de la parole donnée. Cette interview vous permettra de tout savoir - ou presque - sur son petit “diable“ nommé "Hellboy".

MS : Pourquoi avoir choisi l’adaptation de cette bande dessinée ?.

GDT : J’adore l’univers que Mike Mignola a créé à travers ses dessins, et j’ai trouvé que cette bande dessinée était tellement unique qu’il fallait absolument en faire une adaptation pour le grand écran. En fait c’était il y a six ans maintenant ! A cette époque il n’y avait aucune adaptation de bandes dessinées à l’écran, pas de “Matrix“, “X- Men”, “Spiderman“ : Rien... et quand nous avons commencé à nous pencher sur le film, Il nous a été très difficile de faire comprendre au Studio ce que l’on voulait faire et surtout pourquoi cette bande dessinée pouvait se transformer en un film très divertissant. Il a fallu que je fasse “Blade 2” pour que j’arrive à convaincre le studio et que nous puissions avoir le feu vert pour faire “Hellboy”.

MS : Quelle a été votre relation avec Mike Mignola ?

GDT : Mike est l’un de mes meilleurs amis, nous sommes devenus très proches et sommes pratiquement comme deux frères.... Nous avons toujours été d’accord quant à la direction que devait prendre le scénario : il a aimé les quelques changements que j’ai apportés à l’histoire. Bien sûr nous avons eu quelques accrochages, parfois assez poussés sur des petites choses, par exemple à propos de dialogues ou de la manière dont un élément de la bande dessinée apparaîtrait à l’écran. Mais nous nous sommes promis, au tout début, que nous devrions toujours nous battre jusqu’à ce que l’un de nous puisse convaincre l’autre que telle ou telle idée était la bonne. C’est ainsi qu’il y a des choses sur lesquelles il m’a convaincu et vice versa. Croyez moi il n’y a pas un seul élément du film sur lequel nous ne soyons pas d’accord.

MS : Etait il présent durant toute la production ?

GDT : Il était présent sur la pré production et sur le tournage pendant environ deux mois, puis il est retourné à New York travailler sur d’autres bandes dessinées mais nous étions toujours en contact par téléphone, et au cours de la post production nous lui envoyions constamment tout le matériel avec les bandes annonces et les rushes, Finalement lorsqu’il a vu le film terminé il a eu une réaction géniale : il m’a regardé et m’a dit : “C’est exactement le film que tu as dit que tu ferais il y a six ans..!

MS : Pour jouer “Hellboy", la rumeur a couru que Vin Diesel avait été pressenti, puis qu’entre vous cela n’avait pas fonctionné, est-ce vrai ?.

GDT : C’est en fait beaucoup plus simple que cela. Nous étions à Universal et essayions de convaincre le studio de prendre Ron Perlman... A un moment ils nous ont dit que nous devrions avoir au moins un entretien avec Vin Diesel : j’avais vu "The Fast and The Furious et “Pitch Black” et j’avais beaucoup aimé ce dernier aussi j’ai dit d’accord. Je l’ai rencontré une seule fois et suis retourné voir Lawrence Gordon - mon producteur - et je lui ai dit : "Il faut faire le film avec Ron Perlman ! Si Universal n’est pas d’accord, allons voir un autre studio mais je veux absolument Ron !". Quoi qu’il arrive je ne voulais pas faire ce film sans Ron Perlman.. Nous avons eu alors des réunions dans pas mal de studios et à chaque fois ils nous demandaient : “qui est la star ?” alors nous annoncions Ron Perlman et c’était la fin de l’entretien. C’est pourquoi, lorsque j’ai fait “Blade 2” j’ai appelé Ron et lui ai dit : "J’ai un rôle pour toi. Tu vas pouvoir leur montrer ce que tu peux faire !" Vous savez, il est non seulement très sympathique mais c’est aussi un excellent acteur, il a une énorme présence. “Blade 2” est devenu en quelque sorte la carte de visite pour pouvoir faire “Hellboy”.

MS : Au risque de ne pas faire votre film, vous vous êtes battu pendant six ans pour imposer ce choix de Ron Perlman. Vous étiez si sûr qu’il était votre "Hellboy" ?

GDT : Vous savez Ron est un gars formidablement gentil, et lorsque l’on vient me dire que j’ai fait un bon travail histoire/dialogue bien sûr cela me fait très plaisir mais à la vérité c’est Ron qui porte véritablement le film sur ses épaules. Le script a été écrit pour lui de la toute première à la toute dernière ligne... Le premier coup de fil que j’ai donné après m’être entretenu avec Mike Magnolia fut pour lui, je lui ai dit : “allons dîner“, et je lui ai montré la bande dessinée et lui ai dit “C’est toi” et il m’a répondu “Ouais bon, ça ne marchera jamais avec moi !”. Tout ce que je vous dis est la pure vérité, même si ça parait foldingue, et franchement je savais qu’il était un excellent acteur mais sa performance pour Hellboy défie l’imagination ! Il l’a faite bien au-delà de ce que j’en attendais en tant que metteur en scène, il s’est complètement fondu dans le personnage, et même s’il y a le maquillage, la camera, etc. ... il est plus que parfait.

MS : Pour créer son rôle d’Hellboy, lui avez-vous indiqué certaines directions qui soient conformes à votre vision ?

GDT : Vous savez, sa création d’Hellboy est encore bien meilleure que toutes les directions, instructions ou demandes que j’aurais pu faire. Il est parfait en tous points....La seule et unique direction que je lui ai donnée c’était de ne pas jouer. "Tu es Hellboy, alors sois toi-même !" Et il l’a fait, lorsque vous voyez le film IL EST HELLBOY !! je suis personnellement sidéré par ce qu’il a fait : j’étais déjà un fan de son travail, je suis maintenant son plus grand fan ! Il faut dire aussi que Ron se trouve face à face avec des personnages diamétralement opposés à ce qu’il est, comme par exemple “Abe Sapien” qui est un être cultivé et très “intello” ne serait-ce que de la façon dont il parle. J‘ajouterai également que Ron a une voix extraordinaire qui révèle beaucoup de choses sur son propre caractère ce qui était parfait pour “hellboy". De plus j’ai essayé de montrer deci delà ses faiblesses et ses erreurs, afin qu’il puisse y avoir une trame "comique" si je puis dire.

MS : Etait ce difficile d’adapter la bande dessinée à l’écran ?.

GDT : Nous avons essayé de respecter toute la structure de la bande dessinée et si vous suivez ses aventures il se retrouve toujours avec un ou deux monstres et puis il revient à une certaine normalité. Si vous regardez bien vous pourrez constater que les bandes dessinées d’”Hellboy” ont emprunté beaucoup au célèbre écrivain Lovecraft et j’ai essayé, au maximum, de respecter cela à l’écran

MS : Vous avez pourtant fait quelques changements... Ces changements ont ils été difficiles à faire ??

GDT : Lorsque j’étais enfant mon père me disait souvent : “N’aie pas peur, fais ce que te dicte ton coeur, et tu feras les choses pour une bonne raison.. Mais si tu fais les choses pour de mauvaises raisons tu vas te planter." C’est pourquoi j’ai approché “Hellboy” en tant que fan et non comme un metteur en scène qui dirait “vous savez quoi ? On m’a donné une bande dessinée à adapter !“, donc je me suis avancé en pensant constamment à Mike. Si j’avais suivi la bande dessinées pas à pas je me serais certainement planté et ça n’aurait pas marché.
Pour le grand écran on ne peut adapter que des oeuvres qui sont géniales mais qui ont quelques faiblesses... Certaines sont inadaptables et si l’on essaie on court à la catastrophe. La seule que je trouve bancale chez Mike c’est “Seed of destruction” (La graine de destruction), c’est la première, il y a placé tous les repères pour une grande aventure et plus on avance dans les bandes dessinées et plus c’est fantastique. Je dis toujours qu’adapter une œuvre c’est comme “se marier à une veuve“, à un certain moment vous allez bien en voyage de noces ! Le meilleur compliment que j’ai reçu de Mike lui même c’est quand il m’a dit que s’il avait su auparavant ce que j‘avais écrit pour le film, il aurait structuré ses albums exactement de la même manière.

MS : Pourriez vous nous parler de vos six années de bataille pour mettre ce film en chantier ?.

GDT : C’est mon producteur Lawrence Gordon et moi même qui avons acheté les droits de Hellboy - il y a six ans - et nous l’avons proposé à bons nombres de Studios en Ville. Nous avons eu bons nombres de meeting et à chaque fois on ne nous posait pas les bonnes questions. Par exemple, durant le meeting à Universal, le gars qui représentait le studio a commencé à nous suggérer des idées qui n’avaient absolument rien à voir avec le personnage. Moi dans ma tête je pensais “oh mon dieu ce n’est pas la bonne personne avec qui nous parlons“, et quand je pense que c’est le genre de gars qui prenait mon argent de poche quand j’étais môme pour aller au ciné ! il nous a dit à brûle pour point : “Le personnage ne va pas être tout rouge n’est ce pas ?, et vous allez couper la queue.. Non ?”. C’était exactement comme couper les oreilles du costume de Batman. Bien sûr en elles-mêmes elles ne sont pas indispensables mais le personnage a été dessiné comme cela et sans les oreilles ce n’est plus Batman. C’est exactement la même chose pour Hellboy, il est qui il est c’est tout. Il nous a alors demandé : "peut il être un gars qui s’énerve et devient “Hellboy“ ?? ... Non ! ce n’est pas "Hulk" !!!
Puis nous avons eu trois tonnes de suggestions pour le casting car Ron ne les intéressait pas... En fait si j’avais écouté leurs suggestions durant ces six années, j’aurais pu avoir au moins vingt fois le feu vert pour démarrer mais j’ai continué à être ce "crétin d’entêté" qui avait décidé que c’était Ron et personne d’autre qui était "Hellboy". Lawrence Gordon m’a complètement épaulé en me disant “bon, on va ailleurs“. Et ça je crois c’est un témoignage sur ce en quoi Lawrence croit, et le projet que ”Hellboy” représentait pour lui.

MS : Le film est excellent. mais violence, sang et combats sont au rendez-vous. Comment avez vous réussi à conserver un “PG 13” (film interdit seulement au moins de 13 ans) ?.

GDT : Vous savez le film qui a vraiment tout changé c’est “le Seigneur des Anneaux“, ce qui, je dois dire, est une excellente chose. Il y avait plus de haches qui coupaient des bras et des têtes et qui volaient dans tous les sens que tout autre film que j’ai vu. Pour "Hellboy" je savais qu’il fallait que je reste avec le concept monstre-monstre et que je n’utilise pas visuellement de sang pendant les coups de feu ou l’utilisation des armes blanches. "Hellboy" est un film très positif. Le coeur fondamental du film est positif : tellement humain, tellement sympa qu’il n’y a pas d’horreur ou de mauvais sentiments.

MS : Même pour la scène “choc“ du temple avec le sang ?

GDT : Tout à fait ! J’ai utilisé pour cette scène un cadre visuel quasiment en noir et blanc et si vous remarquez bien, le “sang” n’a pas vraiment l’apparence de sang, il a une couleur de vernis à ongles rouge et ça passe très bien... c’est juste un élément graphique qui ne va pas immédiatement faire penser au sang. Croyez-moi, j’ai été très heureux du PG-13 que nous avons ainsi pu garder.

MS : Pourquoi avoir pris l’épisode qui raconte les débuts "d’Hellboy” et non un épisode dans la série de la bande dessinée ?

GDT : Un tout premier film sur un personnage - quel qu’il soit - se doit d’expliquer ses origines : d’où il vient, comment il est arrivé là.... Nous nous sommes dit qu’il fallait "mettre le paquet" juste au cas où il n’y aurait que ce film qui se fasse et pas d’autres. Je pense que c’est l’origine d’un héros qui donne tout son sens à sa mythologie. Le film est très diffèrent du contenu narratif de la bande dessinée, c’est beaucoup plus un condensé de plusieurs épisodes. J’ai énormément apprécié le fait que le vilain ait véritablement un but dans la vie. Rasputin est un gars qui, en fait, a pris ses ordres de la mauvaise personne. Il y aussi ce passage juste avant l’exécution de John Hurt où il dit que cela sera rapide et sans douleurs : c’est tout de même un méchant avec un brin de compassion. Rasputin n’est pas une "saloperie", il a presque la démarche et le comportement d’un prêtre très méticuleux.

MS : Quelles furent vos challenges sur ce film ?.

GDT : En terme d’endurance, la chose la plus difficile que nous ayons faite c’est la scène de l’ouverture du film, pendant la seconde guerre. Nous l’avons tournée sous la pluie, avec des températures où il gelait à pierres fendre. J’étais moi même au beau milieu de cette pluie, sans parapluie, et le pire c’est qu’à chaque fois que nous arrêtions les moteurs, nous devions briser la glace.... Nous devions éclater et enlever les formations de glace sur les figurants, et nous devions faire la même chose sur tout l’équipement électrique et les cameras, nous avons ainsi perdu cinq steady-cam,

MS : Cinq caméras ??

GDT : Oui ! tout ça à cause de la pluie et du froid. Nous avons tourné sous des températures sibériennes, nuit après nuit... Certains acteurs ont été atteints de chocs hypothermiques... Nous devions constamment verser de l’eau chaude et du sel partout pour éviter que ça gèle... Des arbres entiers se sont écroulés autour de nous sous le poids de la glace....

MS : C’est à Prague qu’a eu lieu le tournage n‘est ce pas ?

GDT : Absolument, oui, et je pense que techniquement c’est la séquence la plus cauchemardesque que j’ai jamais tournée !
Je crois que la plus difficile des choses à réaliser c’est un film sans seconde unité. Pour 60 millions j’avais tout à tourner, tout devait rester dans le budget, être terminé en temps précis, avec aucun dépassement possible : et bien sûr ce devait être techniquement parfait, cela allait de soi.. ! Il fallait que je garde présent à l’esprit que c’était un film humain, avec des relation et des sentiments humains, beau, émouvant, et ne pas être distrait par la technologie. Je devais uniquement me concentrer sur les personnages et oublier la technique : et ça c’est l’horreur en soi.

MS : Comment avez vous fait pour trouver la bonne balance ?.

GDT : Nous vivons dans un monde où tout vous dit que tout doit être ou tout noir ou tout blanc, et que là d’où vous venez, selon la couleur de votre peau, on sait qui vous êtes. Tout cela est faux ! “Hellboy” dit que l’on est qui l’on veut être : c’est un sentiment très humain. Hellboy est tout à fait l’antithèse de ce que vous espérez d’un héros : Il boit de la bière, fume et est quelque peu maladroit. Il est trop impulsif, a mauvais caractère, mais c’est tout de même un héros. Il est un héros justement parce qu’il a des défauts, et c’est un fait que nous énonçons au cours du film lorsque l’agent Myers dit “Nous apprécions les gens pour leur qualités, mais nous les aimons pour leur défauts“. Vous savez, je pense que c’est la raison pour laquelle je suis resté marié avec ma femme pendant vingt ans, je ne lui demande pas d’être parfaite ou d’être une princesse ; elle sait que je suis bourré de défauts et bien loin d’être un prince... Si vous passez votre vie à croire les pubs à la télé, vous êtes foutus !!.

MS : Avez vous décidé de garder tout l’humour de la bande dessinée ou avez-vous changé certaines choses ?.

GDT : J’ai ajouté un tas de choses qui n’étaient pas dans la bande dessinée, par exemple l’amour qu’éprouve Hellboy pour les chats... Vous vous en apercevez lors de l’attaque dans le métro : il se bat, il y a de la casse dans tous les coins mais la seule chose qu’il a en tête c’est la petite boite avec les trois chatons. Cette scène est fabuleuse car elle nous montre vraiment qui il est.
Du fait que les spectateurs peuvent s’identifier à Hellboy les scènes d’humour qui découlent de ses actes sont parfaitement crédibles. L’une des scènes que j’ai créée pour le film - la scène sur le toit - Nous le voyons suivre Selma Blair et Myers dans leur rendez vous, c’est amusant mais pas seulement pour ça, ce c’est pas “tarte à la crème“, on a une créature hyper puissante qui devient jalouse, et l’on voit que ce type super costaud est aussi très fragile et capable de jalousie comme vous et moi. On pourrait dire que la morale du film c’est : “On peut être quelqu’un de bien sans pour autant être parfait”.

MS : Une question technique maintenant : Pourquoi ne filmez-vous pas vos film en format CinémaScope ?.

GDT : Je crois au CinémaScope pour des film épiques d’extérieur. Je vous rappelle que ce format fut inventé par des producteurs et non par des metteurs en scène, la règle d’or, celle que les grecs ont énoncée concernant l’art en tant que bonne balance, est plus dans le registre du 1.85 que du 2.35 qui est le format du CinémaScope. Je pense que c’est un format magnifique si vous filmez un film de gladiateurs ou un western car vous avez, dans ce genre de films, beaucoup d‘informations visuelles à y mettre mais je ne pense pas que ce soit le bon format pour un film gothique avec des colonnes d’églises qui vont de bas en haut, etc.... Par ailleurs, tourner en CinémaScope est parfois un véritable cauchemar surtout à cause de la lumière. Au final, je crois que c’est un choix personnel à faire.

MS : Guillermo, Navarro est votre directeur de la photographie quasi attitré, pouvez-vous nous dire pourquoi ?

GDT : Il y a une communication presque paranormale entre lui et moi ; nous n’avons pas besoin de parler beaucoup pour que chacun sache ce que l’autre veut. Nous avons fait trois films ensemble et sommes amis depuis quinze ans... Accrochez vous bien, en quinze ans nous n’avons jamais eu une seule "engueulade". Nous ne sommes jamais tombés sur un truc sur lequel nous n’étions pas d’accord ! (il réfléchit...) Hum... à part deux storyboards et un autre film qu’il photographiait où il utilisait une lentille de 75 mm.... (il rit..) j’étais juste à côté de la caméra et lui ai dit “Pourquoi ne veux tu pas utiliser une lentille plus courte ?.”, Il a jeté un regard sur moi et m’a répondu “Est ce que tu as une idée du genre de lentille qui est sur cette p**** de camera ?. Je me suis vraiment fâché, suis allé devant la camera et lui ai dit “la lentille commence ici et s’arrête la hein ?”. Il m’a répondu “yep“ (oui ndlr), je savais de quoi je parlais. Ce fut la seule et unique fois où nous avons été à “Couteaux tirés“. Et... c’était aussi la première fois que l’on se rencontrait !!
(il éclate de rire)

MS : Ferez vous une suite à Hellboy ?.

GDT : Ça ce sera uniquement la décision du studio, mais si ça ne tenait qu’à moi : Oh que oui !!.

MS : Quels sont vos prochains projets ?.

GDT : Je vais très prochainement donner à Dreamworks une adaptation d’un livre de Lovecraft mais si ça ne marche pas nous retournerons en Espagne et ferons une suite ou quelque chose dans le genre de “l’échine du diable“. Si "l’échine" se situe pendant la guerre civile espagnole, celui-ci sera un film d’horreur se situant pendant les années fascistes car j’ai besoin maintenant de faire un film beaucoup plus petit.

MS : Pouvez-vous me citer une autre bande dessinée que vous aimeriez adapter ?.

GDT : Il y en a deux, l’une pour la compagnie de James Cameron “Lightstorm” et une autre qui est une bande dessinée japonaise “Domu“. Vous savez, depuis “Blade 2” et “Hellboy” on m’a proposé une tonnes de bandes dessinées à réaliser et je les ai toutes refusées car cela ne m’intéresse pas de penser à des personnages sans réelle dimension, ou tout noir ou tout blanc. Le truc le plus marrant qui m’est arrivé c’est quand Alfonso Cuaron m’a appelé et m’a demandé des conseils car il allait commencer “Harry Potter 3” et n’avait pas une très grande idée de comment débuter.

MS : L’avez vous vu ?.

GDT : Oui je l’ai vu... C’est géant !! Alfonso a, je pense, fait le meilleur des trois.

MS : Pensez vous que chaque réalisateur met sa patte en fonction du pays où il est né et de ses origines ?.

GDT : Non, pas du tout et vous le verrez d’ailleurs avec Harry Potter 3. Beaucoup de gens pensent que suivant le pays d’origine du réalisateur on aura un résultat diffèrent : c‘est faux. Vous savez, dès que vous faites quelque chose qui n’est pas vous cela se voit. C’est exactement pareil pour les films.

MS : La question amusante : Vous confond-on avec Peter Jackson (Réalisateur du Seigneur des Anneaux) ?

GDT : Oh que oui ! très souvent. D’ailleurs lors d’une "party" organisée par New Line (le studio qui a fait "Le Seigneur des Anneaux", ndlr) et à laquelle nous étions tous deux invités, tout le monde nous a confondus. Tout le monde me disait : "Qu’est-ce que votre trilogie est sensationnelle !", et je répondais : “merci beaucoup”.

MS : Guillermo, merci infiniment.

GDT : C’est moi, toujours très heureux lorsque nous nous voyons.

Propos recueillis par Marc Sessego le 22 Mars 2004 aux Sony Studios de Los Angeles.

Sincères remerciements à Guillermo Del Toro

Traduction, Correction et Adaptation d’Andrée Cormier

Voir notre chronique du film "Hellboy" dans la rubrique "Films"




Retour au sommaire