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Réal. & co-scénariste : Eli Roth
Eli Roth, on le connait pour sa série Z, « Cabin Fever », très mauvais démarquage de « Evil Dead », puis avec les deux « Hostel » - le second étant à ce jour son meilleur film, vraiment toujours à ce jour… -, son rôle dans « Inglorious Basterds », et voilà. Rien d’étourdissant pour ce fan-boy de films d’horreur, qui a comme gros défaut de ne pas se prendre pour n’importe qui. Aprè un silence radio de quelques années, le hasard des programmations voit coup sur coup ses deux dernières ouevres sortir, l’une en salles – « Knock knock » -, l’autre en E-cinéma – « Green Inferno », version « moderne » de « Cannibal Holocaust », en Octobre, on y reviendra en son temps. Passons donc à ce « Knock knock », décrit par certains comme un film qui ose aller là où peu ont encore été. Vu le résultat, encore heureux !
Evan Webber (Keanu Reeves, quand même pas le meilleur acteur au monde parfois…) est un architecte, marié à une très belle artiste, et père de deux enfants adorables. Tout va pour le mieux ? Non, car dans le couple, même si tout semble aller bien, sa femme a tendance à le faire marner question plaisirs charnels, et sous son calme olympien, Evan bout à petit feu. Et quand femme et enfants partent pour le week-end, laissant le pauvre Evan seul, ce qui lui permettra de s’avancer dans son travail, deux belles adolescentes frappent le soir même à sa porte. Elles sont trempées par l’orage, et perdues. Evan les fait rentrer, puis peu à peu, les filles se réchauffent, s’installent douillettement, au point de prendre une douche, puis d’entrainer Evan dans une nuit sexuelle débridée. Au petit matin, ce dernier se rend compte de sa lourde faute, et découvre à sa grande surprise les deux diablesses en train de cuisiner ! Voulant alors les chasser, Evan va surtout découvrir leur vrai visage, celui de deux éventuelles psychopathes pour qui il représente leur cible du jour. Le cauchemar peut commencer…
Pourquoi pas ? Lu ainsi, il s’agit d’un « home invasion » - des intrus dans le nid douillet – combiné à un thriller sexuel, avec une variante d’adultère qui tourne mal. Dans ce dernier genre, les modèles restent « Un frisson dans la nuit » et même son remake inavoué, « Liaison fatale ». Mais tout ceci s’avérait au moins mis en place avec talent, une certaine subtilité, combiné à des réactions logiques et sensées des protagonistes-victimes. Là, on tombe dès les premières minutes dans une sorte de morale lourdingue – au lit en pyjama, voulant faire mumuse avec madame, qui l’éconduit parce que les enfants arrivent, etc… A vomir ! -, suivi une fois l’invasion des deux pseudos nymphomanes mise en place avec une surenchère déguisée de permissivité lubrique – une fesse à droite, des râles langoureux à gauche, des seins au milieu… Aussi hot qu’un téléfilm érotique de M6 ! – par une nouvelle forme de morale débile au final bien sage. Et ce pauvre Keanu de nous jouer le lâche par excellence. On y croit jamais, le trait est tellement grossier qu’on meurt d’envie d’allonger des torgnolles aux deux bimbos, d’en retourner une paire à cette endive d’architecte frustré, et de ne finalement rien éprouver de menaçant ou traumatisant à cette série B qui flirte avec le Z, mal écrite, mal réalisée, mal jouée, et qui au final, en voulant dénoncer une hypocrisie moralisatrice, ne fait qu’effleurer le sujet, enfoncer des portes ouvertes, et pire que tout, empêche toute implication dans son histoire tant tout est absolument ridicule, bête, stupide. Ou alors, peut-être que cela ne touche pas celles et ceux qui sont définitivement immoraux et amoraux. Oui, là, ça devient crédible. Plus sérieusement, Eli Roth avait bien réussi son « Hostel 2 » tant sur le plan horrifique que sur le plan d’une certaine satyre sociale ; ici, il signe avec « Knock knock » un thriller sexuel faussement osé, faussement subversif, limite minable, complètement raté en tout.
Stéphane THIELLEMENT
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