Tandis que Faye s’interroge sur la portée de ses pouvoirs, les présages se succèdent, et il est fort à parier que cette année 1933 soit critique non seulement pour l’humanité mais aussi pour les porteurs de pouvoirs magiques. En effet, « l’éclaireur » est arrivé dans le monde des hommes, et il annonce la venue imminente du « Fléau ». Jake Sullivan et les chevaliers du Grimnoir tente une équipée folle, impossible : tenter à bord de « la voyageuse », un dirigeable, de rejoindre « Le fléau » et l’affronter en combinant tous leurs pouvoirs respectifs. Beaucoup de choses sont en cour, comme le chevalier Zachary, qui est devenu un zombie. Ce changement de situation dans sa vie aura des répercutions personnelles dans son propre langage, jusqu’à ses propres pensées. Faye est-elle la clé qui les mènera à une victoire inattendue ? Ou bien faut-il tenter le tout pour le tout et faire alliance avec leur plus ancien ennemi, « L’imperium », afin de vaincre « Le fléau » ?
Autant de questionnements et de remises à niveau qui vont bouleverser notre équipe, dans un monde au bord de la grande catastrophe. Mais n’est pas né celui qui vaincra les chevaliers du Grimnoir.
Troisième et ultime volume de la saga de Larry Correia, ce « Foudre de guerre » ressuscite l’histoire afin d’y faire rejouer des forces de la lumière plus disposées à faire face aux ténèbres ; Cette allégorie historique sur la montée des pouvoirs et les répercutions qu’elles peuvent avoir sur des individus est assez bien mis en scène, si on ne se borne qu’à une lecture de surface. On pense parfois à un ancien auteur comme Dennis Wheatley, pour cette savante échappée dans le monde des pouvoirs secrets et occultes, quitte à frôler la mythologie cosmologique qui rappelle ici Lovecraft. Faye, demeure ici le personnage le plus attachant, parce que sous ce démonstratif on devine « la charge enchanteresse » qu’elle dissimule. Faye, c’est un peu la fée devant faire face à un univers qui peu à peu sombre dans la barbarie d’un dieu sauvage, celui du fascisme. Et ses compagnons, comme Zachary, qui évoque le mythe d’une royauté américaine interdite, sont là pour exprimer diverses mentalités, des universaux promptes à mener cette lutte finale contre le diable ; Métaphore sur la nazisme, mais par le truchement de tribulations très inspirées de lieux communs propres aux comics et à d’autres emprunts, on peut dire que la trilogie de Correia brille par son originalité, ainsi que grâce à une émulsion collective propre à générer un sentiment de ré-enchantement possible via des protagonistes détenant les pouvoirs qui peuvent infléchir sur le destin. Guérir par le conte. L’échappée belle par le recours au subterfuge du héros de carton-pâte. Inutile de dire qu’ici l’auteur s’en tire à merveille. C’est simple, bonne enfant, impertinent, comme un gosse ayant volé un peu partout des diamants pour alimenter sa propre histoire ; Et ainsi faire germer un romanesque qui se tient ; Pas un chef d’œuvre inoubliable, mais une lecture très agréable.
Chroniques du Grimnoir, volume 3, Foudre de guerre, Larry Correia, traduit de l’anglais par Marie Surgers, L’Atalante, 448 pages, 23 Euros.
Emmanuel Collot