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Scénariste : James Graham
Avec : Asa Butterfield, Sally Hawkins, Eddie Marsan, Rafe Spall
Distribué par Synergy Cinema
111 mn - Sortie le 10 Juin 2015 - Note : 9/10
Présenté au Festival du Film Britannique de Dinard en Octobre dernier, « Le monde de Nathan » passa incognito, déjà hors-compétition – et on se demande encore pourquoi, quand on voit ce qui obtint le Grand Prix … - , ensuite par son titre original « X+Y » qui n’attira pas l’œil, enfin par son sujet que beaucoup durent penser inintéressant au possible. Que d’erreurs, « Le monde de Nathan » constituant une excellente petite surprise comme il y en a chaque année dans la sélection d’un festival, certaines demeurant inédites malheureusement, et certaines sortant sur grand écran et qu’il ne faut pas du coup rater car en soi, en tant que tel, il est très facile de passer à côté…
Nathan Ellis est un adolescent autiste et surdoué. Incapable de montrer tout sentiment quel qu’il soit vers sa mère, il fut témoin plus jeune du violent décès de son père, le seul qui arrivait justement à communiquer et échanger avec lui. Depuis cet accident, Nathan a aussi un professeur qui le suit personnellement quant à ses aptitudes intellectuelles, et qui du coup, arrive même à le faire sélectionner aux prestigieuses Olympiades Internationales de Mathématiques. Partant pour une phase d’éliminatoires en Chine, Nathan va se retrouver plongé au cœur d’autres jeunes surdoués comme lui, mais également déficients en d’autres domaines plus humains. Et sa rencontre avec la charmante Zhang Mei va réussir ce que personne n’a réussi à faire jusqu’ici, et donner ainsi à Nathan la plus belle des victoires à laquelle il ne s’attendait pas.
Bien sûr, on pense à plein d’autres films, à « Rain Man », même à « Code Mercury » (oui, ce polar avec Bruce Willis, aux moments forts émouvants avec un gamin autiste). Mais là ou « le monde de Nathan » diffère, c’est qu’il s’attarde plus sur son personnage principal, nous faisant partager sa vision des choses de la vie, ses difficultés à exprimer tout sentiment, tout contact même anodin avec un autre humain, épreuves encore plus dures quand il s’agit de sa propre mère. Tout y passe, mais de façon subtile et intelligente, sans jamais tomber dans l’extrême et le pathos, avec une sensibilité qui touche simplement, procurant une émotion naturelle, et non forcée. Premier film d’un jeune cinéaste, « Le monde de Nathan » doit également beaucoup à Asa Butterfield, qu’on avait vu en Hugo Cabret dans le film du même nom de Scorcese. Ses regards sur les choses qui l’entourent, sur sa gêne avec les autres, sur cette incapacité à partager avec sa mère toute joie ou tout chagrin, donne une partie de la force au film. Et ce jusqu’au bout, jusqu’à ce final plus pertinent et travaillé qu’on ne le pense, avec une réflexion très juste sur ce qu’est d’aimer, d’être aimé, de savoir aimer, et de pouvoir l’expliquer, en passant par la possibilité de donner un sens mathématique à toute forme d’amour, achevant de donner à ce petit film toute sa grande puissance. Coup d’essai, coup de maître quelque part…
Stéphane THIELLEMENT
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