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Scénariste : Morgan Davis Foehl & Michael Mann
Avec : Chris Hemsworth, Tang Wei, Viola Davis, Richie Coster, Holt McCallany, Yorick Van Wageningen
Distribué par Universal Pictures International France
133 mn - Sortie le 18 Mars 2015 - Note : 10/10
Un des évènements cinématographiques de l’année. A plus d’un titre, car déjà, il faut savoir qu’il est un des plus grands flops du box-office US. Pourquoi commencer par le pire ? Simplement pour continuer avec le meilleur. « Hacker » est aussi le nouveau film de Michael Mann. Et c’est une de ses plus belles réussites. Du niveau du top du top des polars qu’il a signés, donc du niveau du « Solitaire », du « Sixième sens », de « Heat », de « Miami Vice » (le seul dont on sortit déçu avant d’en devenir complètement accro tant il fascine de plus en plus à chaque vision... Unique !), où on retrouve donc certains des éléments de chacun de ces films, les mêmes obsessions, les mêmes choix esthétiques, le même univers, du pur Michael Mann quoi !
En quelques jours, de par le monde, d’impressionnants piratages informatiques débouchent sur des catastrophes aux conséquences dramatiques. La Chine et les USA unissent alors leurs forces pour découvrir le terroriste coupable de ces actes en même temps qu’ils essaient de deviner ses motivations. Le capitaine Dawai Chen, spécialiste de la lutte anti-piratage informatique œuvre avec son homologue américain, Carol Barrett, et lui fait comprendre que seul un homme peut les aider dans cette mission, un hacker ultra-chevronné, condamné à une longue peine d’emprisonnement pour ses activités illégales, Nicholas Hathaway. Pour ce dernier, qui ne rêve plus que de retrouver sa liberté, c’est sa dernière chance. S’il trouve et élimine ce criminel hors normes, il ne retournera plus en prison. Associé à ces enquêteurs, à la sœur de Chen et à un marshal chargé de le surveiller, Hathaway va fédérer cette équipe hors normes pour pouvoir gagner cette vie dont il rêve...
Et Hathaway, c’est Chris Hemsworth, acteur connu pour ses prouesses physiques hors-normes - ne serait-ce que « Thor », tout simplement - mais qui révèle aussi de par d’autres films une palette de jeux plus riches qu’on ne le pense - voir à cet effet sa remarquable prestation dans le meilleur film de Ron Howard, « Rush » -, et qui ici endosse la peau d’un héros typique de Michael Mann. Un homme seul contre un système, prisonnier, ne rêvant que de liberté, de fuite d’une vie qui l’enchaine plus qu’autre chose. Tel James Caan dans « Le solitaire », tel William Petersen dans « Manhunter », tel De Niro dans « Heat », tel Colin Farrell dans « Miami Vice ». En une scène où on voit Hathaway sortir de taule, être sur un tarmac et juste avant de monter dans un avion, se tourner vers l’horizon pour mieux le goûter, promesse de cette liberté tant recherchée, juste cette scène atteste, confirme qu’il s’agit bien d’un film de Michael Mann - conjugué en plus à un esthétisme reconnaissable, baignant dans une musique qui rappelle les meilleures de ses polars cités précédemment. Mais là où d’autres cinéastes restent prisonniers de leur prestige d’antan sans chercher à l’intégrer au cinéma et autres sujets contemporains - voir les échecs sans appel de Coppola et De Palma, pour n’en citer que deux - Michael Mann plonge dans le monde d’aujourd’hui, s’en imprègne, et arrive à la maitriser pour pouvoir continuer à y livrer son cinéma. Et là, c’est simplement magnifique. La cyber-technologie, plus précisément dans un univers de violence et d’une nouvelle forme de terrorisme purement crapuleux sans aucune once de religion ou de politique, trouve au travers du cinéaste un creuset inédit pour créer un nouveau polar pour cet esthète inspiré et talentueux qu’est Mann. L’homme est doué pour plonger dans des méandres tortueux, pour y insérer une violence crue et réaliste qui vous scotche au siège - les tirs sont terrifiants, les armes blanches font couler le sang sans espoir d’y survivre -, et pour continuer à y intégrer ses inspirations, ses obsessions, ses fantaisies, toute l’étendue de son talent. Et par les temps qui courent de vulgarisations sans âme de bien des polars et autres films d’action, « Hacker » constitue une sublime bouffée d’air pur pour qui aime un cinéma qui vous emmène plus loin que ce qu’on voit. « Hacker » le confirme et le valide haut la main, c’est du Michael Mann, du très grand Michael Mann.
Stéphane THIELLEMENT
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