Je vais vous dire, moi, à l’époque ; ce qu’était le socialisme, le socialisme africain : c’était une porte . Une porte donnant sur l’avenir, sur les champs, sur le ciel. Le problème : c’est que quand on a ouvert la porte, il n’y avait rien derrière : un mur. C’est là que nous avons compris que nous vivions dans un décor de cinéma, qui s’appelle le monde.

Au cœur de l’Afrique se trouve le Kariwaï, pays ravagé par la sécheresse, une guerre civile et le « pulmoïde ».
Cette nouvelle maladie emporte ceux qui ne meurent pas de faim où sous les balles des rebelles du FCP. Les Forces Chrétiennes du Panchaka sont dirigées par Eugène Tumazi, alias « Eugène des Miracles ». Ce leader charismatique possède un programme simple basé sur l’application du Décalogue.
Face à toutes ces difficultés quelles doivent être les priorités du président du Kariwaï ? C’est évident : contrer Tumazi qui en veut à son pouvoir. Cependant l’option militaire se révèle problématique. En effet les avions ne décollent plus (suite à des problèmes d’allumage avec les moteurs, il faut donc consulter le fournisseur qui se trouve à Pékin). Heureusement les nouveaux hélicoptères de combat viennent d’arriver (mais l’armée a égaré les rotors).
C’est alors que le chef des services secret élabore un plan impliquant un nouveau cheval de Troie.
Pendant ce temps une équipe d’humanitaire parcourt le pays pour vacciner la population. Ils découvrent des villages désertés par des massacres et l’enrôlement forcé des enfants soldats. En effet le FCP a déclaré la guerre au « vaccin du diable » et également à ceux qui l’acceptent et ceci pour la grande gloire du Christ-roi. Les deux médecins français, le chauffeur local et une journaliste américaine continuent leur progression en territoire hostile, jusqu’à ce que....embuscade !
Les aquarelles de Gaël Remise illustrent avec talent ce récit d’aventure allégorique.
Situé dans un pays fictif frappé par une épidémie nouvelle, il évoque une Afrique contemporaine à la fois pittoresque et réaliste. Ainsi alors que les intérêts chinois montent en puissance, le dictateur local ne peut exercer le pouvoir absolu dont il rêve suite à la corruption ou à l’incompétence de ses subordonnées.
Et au milieu de ce chaos né des faiblesses et de la folie humaine naît une histoire d’amour alors que la mort est omniprésente.
La peinture des personnages très humains révèle toute leur complexité et peut-être une lueur d’espoir.

Damien Dhondt

Scénario : Fabien Tillon, Dessin & Couleurs : Gaël Remise _ Les Heures noires _ Édition : La Boîte à bulles, Collection hors champ _ janvier 2015 _ Inédit, grand format, 168 pages couleurs _ 25 euros